Le système bancaire régional face au choc de la crise financière de 2008
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Résumé
La crise financière est à présent mondiale et certains clients sont inquiets. Les conseillers de la Banque Populaire et de la Caisse d’Épargne accueillent, informent et rassurent. Finalement, les ouvertures de compte semblent dépasser les retraits de clients paniquant face à une éventuelle crise de liquidité. Et la loi protégeant les avoirs par un mécanisme de garantie peut rassurer la clientèle.
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Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
09 oct. 2008
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Contexte historique
ParProfesseure certifiée de sciences économiques et sociales au lycée Michel de Montaigne de Mulhouse
Publication : 01 sept. 2021
Le 15 septembre 2008, la prestigieuse banque d’investissement Lehman Brothers fait faillite. Cette banque, à l’instar de nombreux établissements bancaires américains, avait massivement investi dans les crédits hypothécaires à risque, les « subprimes ». Certains l’ont considérée être victime de son optimisme face aux risques avérés de ces actifs financiers, qualifiés par la suite de toxiques. D’autres, au contraire, ont estimé qu’elle avait simplement adopté un comportement d’aléa moral, à savoir une prise de risque démesurée car se sachant protégée sur un marché en situation d’asymétrie d’informations. Quoi qu’il en soit, Lehman Brothers, banque que les autorités américaines ne sauveront pas, contribua en déposant le bilan à précipiter l’ensemble de l’économie mondiale dans une crise financière et économique d’envergure, la pire depuis celle de 1929.
Comme toute crise financière, cette crise débute par un effondrement d’actifs après une longue phase d’euphorie (un actif est un élément du patrimoine d’un individu ou d’une organisation). Si, en 1929, ce sont les actifs financiers qui s’effondrent lors du fameux « jeudi noir », en 2008 ce sont les actifs immobiliers qui dévissent. La bulle immobilière aux États-Unis se constitue progressivement au cours de la décennie 2000, sous l’impulsion notamment d’une loi fédérale de 2003 favorisant l’accès aux crédits immobiliers hypothécaires à tous les ménages américains, y compris les moins solvables, et contribuant ainsi à faire exploser la demande. L’hypothèque du bien immobilier, constituant une garantie pour le prêteur, confère à ces crédits un caractère peu risqué.
Les taux d’intérêt sont alors faibles, en raison d’une politique monétaire expansionniste menée par la Réserve fédérale des États-Unis (la FED, c'est-à-dire la banque centrale américaine) et d’une forte déréglementation du secteur bancaire. Dans ce contexte, les investisseurs, à la recherche d’actifs rémunérateurs, innovent en créant des produits financiers à partir de la transformation de créances immobilières en actifs financiers échangeables sur les places financières. C’est le mécanisme de titrisation. Très bien notés par les agences de notation, ces produits s’échangent sur un marché financier globalisé sur lequel se retrouvent d’importants investisseurs, tels que des grandes banques d’investissement comme Lehman Brothers, UBS, BNP-Paribas par exemple.
En 2007, dans une économie dopée par un accès aux crédits facilité, c’est la surchauffe. L’inflation s'accélère et conduit la FED à augmenter les taux d’intérêts directeurs afin de ralentir le mécanisme de création monétaire par le crédit. Cette hausse des taux se répercute sur le marché interbancaire, marché sur lequel les banques commerciales se refinancent, et par conséquent sur les taux d’intérêt appliqués aux clients des différentes banques. Les crédits immobiliers « subprimes » à taux variables n’échappent pas à cette mécanique et deviennent extrêmement coûteux. De nombreux ménages, incapables de rembourser, voient leurs logements saisis. Très vite, l’excès de demande de logements laisse place à un excès d’offre. La bulle immobilière éclate ; les prix s’effondrent entraînant dans leur chute les titres associés aux crédits « subprimes » et générant ainsi des pertes colossales pour les investisseurs détenant ces actifs.
La méfiance entre les banques s’installe. La menace d’une crise de liquidité et de solvabilité plane sur l’économie, puisque cette méfiance se généralise à toutes les sphères économiques. Les banques ne veulent plus prêter ni aux ménages ni aux entreprises, provoquant ainsi la diminution de la consommation, de l’investissement puis, in fine, du PIB. Comme dans les années 1930 avec la politique du New Deal de Roosevelt, les États et les banques centrales devront intervenir pour sortir de cette spirale de la récession de 2009 (chute sur deux trimestres consécutifs du PIB) en rachetant entre autres les dettes des banques d’investissement, puis en menant des politiques de relance.
Éclairage média
ParProfesseure certifiée de sciences économiques et sociales au lycée Michel de Montaigne de Mulhouse
L’automne 2008 est marqué par le début de la crise financière dite des « subprimes » en provenance des États-Unis. Ce reportage, tourné un peu moins d’un mois après la faillite de la grande banque d’investissement Lehman Brothers, débute sur un ton inquiétant. Faut-il céder à la panique ? Les clients français vont-ils former de longues files d’attente devant leurs agences bancaires régionales pour retirer le montant de leurs dépôts de crainte d’une faillite bancaire ? Les interviews des directeurs d’une agence de la Banque Populaire puis de la Caisse d’Épargne, menées par les journalistes, sont destinées à rassurer les téléspectateurs. Le réseau bancaire régional et national en France n’est pas constitué de banques d’investissement. De plus, depuis 1999, la loi protège les dépôts des clients. Les dépôts à hauteur de 70 000 €, puis 100 000 € à partir de 2010 sont garantis par le Fonds de garantie des dépôts et de résolution. Les téléspectateurs peuvent être rassurés.
Lancer le reportage sur ce ton inquiet fait écho aux comportements possibles et décelables dans toute crise financière. L’euphorie laisse place à la panique. Les comportements mimétiques des agents économiques conduisant au gonflement de bulles spéculatives engendrent pour les mêmes raisons des prophéties autoréalisatrices, c’est-à-dire des comportements liés à l’anticipation des événements : par exemple l’effondrement de la valeur d’un actif financier conduit les agents économiques à changer de comportements, dans ce cas vendre massivement lesdits actifs, de telle façon que l'événement survient réellement. Mais en définitive, rien de tout cela ne transparaît dans les interviews réalisées dans ce reportage. D’une part, ni la Banque Populaire ni la Caisse d’Épargne ne sont des banques d’investissement ; d’autre part, les dépôts des clients sont protégés par la loi.
La Caisse d’Épargne, créée sur un projet philanthropique en 1818, propose avec le livret A un placement à vue, garanti et rémunéré, à toute personne, quel que soit son âge, son sexe ou sa fortune. Elle ambitionne de résoudre la question du paupérisme grâce à une bonne gestion de l’argent. Au fil de son histoire, son statut va évoluer pour devenir en 1999 une banque coopérative appartenant à l’économie sociale et solidaire. La Banque Populaire quant à elle, fondée en 1878 par des entrepreneurs pour des entrepreneurs, devient également une banque coopérative dès 1917. Les Banques Populaires sont détenues à 100% par leurs sociétaires, un modèle de gouvernance solide et pérenne. Ces deux réseaux bancaires, ancrés au cœur des territoires, vont entamer un rapprochement en 2006 et fusionner le 31 juillet 2009. Partageant déjà le modèle coopératif, ce regroupement au sein du Groupe BPCE prolonge un engagement au service du développement régional et local. Il s'agit donc d'un groupe bancaire bien loin des grands groupes bancaires américains tels que Goldman Sachs ou JP Morgan.
Séparer les banques de dépôts (banques commerciales proposant des services bancaires classiques : tenue de comptes, crédits, produits d'épargne, assurances-vie) des banques d’investissement (banques ne recevant pas de dépôts des particuliers mais ayant comme clients essentiellement des entreprises et des investisseurs qui cherchent à se financer ou à placer leurs liquidités) trouve son origine dans la crise des années 1930 aux États-Unis avec l’adoption d’une loi en 1933, le Glass-Steagall Act. Ceci permet d’éviter une contamination de l’activité de crédit de l’économie réelle par la volatilité des marchés financiers.
En définitive, contrairement à la conclusion optimiste du reportage, l’onde de choc de cette crise financière sur l’économie réelle mondialisée sera bien réelle et engendrera une grande récession en 2009. Récession, menace déflationniste, crise des dettes souveraines, autant de déséquilibres macroéconomiques qu’enrayeront les États et les Banques centrales par des politiques budgétaires et monétaires de relance et différents dispositifs de régulation des systèmes financiers.
Transcription
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