St -Léger-les-Mélèzes, village de résidences secondaires dans le Champsaur
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Saint-Léger-les-Mélèze est un village rural de 350 habitants, où 80 % des habitations sont des résidences secondaires. La variation de la population - jusqu'à 5000 habitants - en fonction des saisons entraîne un déséquilibre d'activité pour les commerçants et pour les services publiques municipaux. Le département des Hautes Alpes fait partie des territoires présentant le plus de résidences secondaires en zone rurale.
Date de diffusion :
03 sept. 2019
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 2021
La France, première destination touristique mondiale, est aussi le pays comptant sur la planète le plus de résidences secondaires, soit plus de trois millions et demi, dont environ 540 000 localisées en région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur, où elles représentent un logement sur six contre un sur dix à l’échelle nationale. L’attractivité touristique de la région joue à plein, puisque ces biens sont surreprésentés dans les stations balnéaires des Alpes-Maritimes et du Var ainsi qu’au sein des stations de sports d’hiver des Hautes-Alpes. Ce dernier département est d’ailleurs celui de France comptant le plus de résidences secondaires avec une taux très élevé de près de 40 %.
Saint-Léger-les-Mélèzes constitue un cas significatif. Le village est situé à une vingtaine de kilomètres de Gap dans la haute vallée du Champsaur, en lisière du parc naturel national des Écrins ayant fêté en 2013 ses quarante années d’existence. Il n’abrite que quelques centaines d’habitants à l’année, mais connaît en période de sports d’hiver ou lors de la saison estivale une explosion de sa population. Selon les données de l’INSEE, les résidences secondaires et logements occasionnels sont passés de 150 en 1975 à plus de 700 en 2019, soit plus de 80 % des logements de la commune. Outre les maisons ou appartements détenus par des particuliers, Saint-Léger-les-Mélèzes abrite des structures collectives d’hébergement, y compris un centre de vacances pour les scolaires. À une altitude de 1 250 mètres, le village offre à sa clientèle familiale la possibilité de skier au soleil en admirant les paysages du Champsaur le long de vingt-quatre kilomètres de pistes. Loin des grandes stations intégrées, cette station village a misé sur des activités en adéquation avec la nature, telles que le ski de fond, les raquettes ou le ski joëring, permettant de se faire tracter par un cheval. L’activité touristique se poursuit à la belle saison, puisque le territoire communal est le point de départ idéal pour des randonnées pédestres ou équestres à la découverte du patrimoine local ainsi que pour la pratique du VTT ou du parapente, sports de loisirs et d’évasion de plus en plus prisés.
Le dynamisme de Saint-Léger-les-Mélèzes est aussi lié à l’arrivée en week-end de citadins en quête de nature. En région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur l’immense majorité de la population est en effet concentrée au sein des grandes agglomérations du littoral dans des logements parfois fort exigus, en raison du prix élevé du foncier. Cette station village bénéfice d’autant plus de cet apport qu’elle est aisément accessible via l’autoroute A 51, dont un tronçon relie Marseille et Aix-en-Provence à Gap. Depuis le début des années 2000, la réduction du temps de travail hebdomadaire a par ailleurs favorisé la multiplication des courts séjours. Ces week-ends prolongés sont d’autant plus fréquents qu’ils correspondent à une volonté des Français de fractionner leurs périodes de vacances.
Comme indiqué par le maire dans le reportage, cet afflux saisonnier de population constitue certes une charge supplémentaire pour les finances communales, car certains aménagements et recrutements de personnel doivent être dimensionnés pour une ville de 5 000 habitants. Mais ce dynamisme résidentiel et touristique représente aussi une formidable opportunité d’emplois pour les gens du pays ou de revenus complémentaires, par exemple grâce à l’ouverture de chambres d’hôtes. La journaliste constate d’ailleurs l’absence d’animosité des habitants à l’égard des résidents non permanents et même une certaine forme de convivialité, car, contrairement au littoral, les achats immobiliers réalisés par ces derniers ne sont pas préjudiciables aux locaux pour se loger. À travers quelques installations permanentes de jeunes actifs, cette attractivité permet même à la commune de disposer de certains commerces essentiels tout au long de l’année et non uniquement en période d’activité touristique.
Bibliographie
- Atlas régional de l’habitat, DREAL PACA, 2018.
- Résidences secondaires en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rapport d’étude réalisé par le CEREMA Méditerranée pour le compte de la DREAL PACA, Janvier 2020.
- Monique Poulot et François Legouy, « Les espaces ruraux en France », La documentation photographique, n° 8131, Octobre 2019.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Journaliste
La tranquillité, la nature, nous sommes ici à Saint-Léger-les-Mélèze, dans le Champsaur.Un cadre de vie très agréable dont les locaux ne sont pas les seuls à profiter.Ici, 80 pourcent des logements sont des résidences secondaires.Alors, est-ce un poids ou une chance pour les habitants ?On va les rencontrer.
(Bruit)
Journaliste
C’est l’heure où les habitants se retrouvent une fois par semaine.C’est la pétanque entre gens du pays.Qu’est-ce que vous en pensez-vous qu’il y ait autant de résidents secondaires à Saint-Léger-les-Mélèze ?Qu’est-ce que ça change pour vous, habitant ?
Inconnu 1
Pas grand-chose.
Journaliste
Est-ce que ça apporte de la vie au village ?
Inconnu 1
Ah ben, la vie en saison, oui.La vie en saison.
(Bruit)
Journaliste
La pétanque, c’est un moyen de se retrouver ici ?
Inconnue
De se retrouver, de faire des connaissances, de connaître des voisins qu’on ne connaît pas forcément et d’échanger.C’est super chouette quoi.
Journaliste
Vous, vous n’habitez pas ici ?
Inconnue
Non, c’est une maison secondaire qu’on a.Nous, on vient du Sud, de Marseille.
Inconnu 2
On vient presque tous les week-ends, quand on peut, on vient presque tous les week-ends.
(Bruit)
Journaliste
Les Hautes-Alpes, c’est le premier département de France pour les résidences secondaires.C’est dû notamment à la présence de nombreuses stations de ski.C’est le cas de ce village en hiver.Alors, comme dans beaucoup de villages ruraux, le maire de Saint-Léger-les-Mélèze travaille, il est cheminot.Aujourd’hui, c’est sa journée de repos, il la passe forcément en mairie.
(Bruit)
Journaliste
Bonjour Monsieur le Maire.
Maire
Bonjour.
Journaliste
Cette variation de population en fonction des saisons, qu’est-ce que ça implique pour vous au niveau des services publics classiques d’une commune ?
Maire
Ça implique surtout une infrastructure qui est adaptée pour une ville de 5 000 habitants, au niveau des réseaux d’eau potable, de l’assainissement, voilà, du pluvial, la voirie, et un service technique et administratif un peu plus étoffé que les communes de même [inaudible].
(Bruit)
Journaliste
Quand on comptabilise les résidences secondaires, la population locale est multipliée par trois.Et c’est sans compter les touristes qui sont très nombreux ici, été comme hiver.Alors la difficulté pour le village, c’est de gérer ce déséquilibre d’activité économique.Il n’y a qu’un seul commerce qui est ouvert quasiment toute l’année, c’est cette épicerie.Elle a justement été reprise par un Marseillais.On va le rencontrer.Bonjour.
Alexandre
Bonjour.
Journaliste
Alors vous, vous êtes venu vous installer sur votre lieu de vacances, c’est ça Alexandre ?
Alexandre
C’est ça.On vient ici depuis qu’on est petit et puis, on s’est installé ici il y a trois ans, on venait tous les weekends et puis, au final, on a fini par s’installer et rester.
Journaliste
Est-ce que c’est compliqué ici d’avoir un commerce qui et ouvert quasiment toute l’année ?
Alexandre
On s’organise pour qu’on ait tout ce qu’il faut au bon moment.Là ici, on a de l’épicerie, on a un point chaud donc pain, viennoiserie, on a développé le traiteur, on fait un peu de tous les plats d’ici aussi.
(Musique)
Journaliste
C’est la fin de l’été ici à Saint-Léger, le village va se vider peu à peu, les habitants vont retrouver leur quiétude de la mi-saison.Les résidents secondaires reviendront dans quelques mois pour profiter des premières neiges.
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