Crise du Coronavirus : fermeture des remontées mécaniques de la station Isola 2000

Le 15 décembre 2020, le second confinement national de la population française a pris fin et a été remplacé par un couvre-feu. Il avait débuté le 30 octobre pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, les remontées mécaniques des stations de ski sont restées fermées durant toute la période des fêtes de fin d’année. Les professionnels de la montagne attendent donc avec anxiété la décision gouvernementale concernant les vacances scolaires de février, qui constituent le cœur de la saison de ski et apportent de 40 à 50% du chiffre d’affaires selon les stations. L’annonce, le 20 janvier, par le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, de la non réouverture des remontées mécaniques constitue une nouvelle déception pour la soixantaine de stations de ski de Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont celle d’Isola 2000 dans les Alpes-Maritimes à la frontière franco-italienne. De minimes exceptions sont consenties en faveur des sportifs de haut niveau et des mineurs licenciés d’un club affilié à la fédération française de ski, qui pourront utiliser les remontées mécaniques. Le Premier ministre Jean Castex avait préparé les esprits en déclarant le 18 janvier : il n’est pas question de privilégier les enjeux économiques aux enjeux sanitaires. Les exploitants des stations ont du mal à accepter cette décision, car ils pensent avoir élaboré un protocole sanitaire suffisamment strict pour que les gestes barrières soient appliqués et la distanciation physique respectée. Ils constatent également que, dans d’autres pays comme la Suisse ou l’Autriche, les remontées mécaniques fonctionnent normalement. Les inquiétudes sont d’autant plus fortes que la trésorerie des stations a déjà été fragilisée par l’arrêt forcé de la saison précédente, à la mi-mars 2020 en raison du déclenchement de la pandémie de coronavirus. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le tourisme représente 14% du PIB, soit la région où, Corse exceptée, il a proportionnellement le poids économique le plus important. Les Alpes du Sud constituent la seconde destination française pour le tourisme de montagne. Les sports d’hiver sont donc une source d’emploi et de revenu importante pour de nombreux habitants des villes et villages de l’arrière-pays, qu’ils soient conducteurs de dameuses, pisteurs, employés aux caisses et aux remontées mécaniques ou bien entendu moniteurs de ski, sans oublier les salariés de tous les lieux d’hébergement et commerces des stations. Or seulement 10% des saisonniers travaillant habituellement à Isola 2000 ont pu être embauchés pour cette saison 2020/2021, marquée par les conséquences de la crise sanitaire. L’État a certes annoncé un soutien renforcé aux acteurs de la montagne, comprenant une indemnisation pour les exploitants publics ou privés de remontées mécaniques. Un mécanisme de chômage partiel a également été mis en place pour les travailleurs, mais tous n’ont pu pleinement en bénéficier, car la part de l’emploi non salarié est traditionnellement élevée (1 emploi sur 4 voire 1 emploi sur 3) dans les zones de montagne, à l’instar des moniteurs de ski, qui ont souvent un statut d’indépendant. Les commerçants (hôteliers, restaurateurs, épiciers, ou loueurs de matériel de ski) souffrent également intensément de ce manque d’activité, et d’aucuns se plaignent d’être mal informés sur les aides disponibles ou de ne pas encore les avoir touchées.

Pour éviter une saison hivernale totalement blanche, la station d’Isola 2000, qui bénéficie d’un bon enneigement et d’un soleil rayonnant, tente de proposer un panel d’activités ne nécessitant pas l’usage des remontées mécaniques, comme par exemple le ski de randonnée, les promenades à pied, en raquettes ou en étant tracté par des chiens de traineaux avec vue imprenable sur le massif du Mercantour. Cette volonté de trouver des alternatives au « tout ski alpin » dans les grandes stations de sports d’hiver est antérieure à cette crise, mais cette dernière est assurément de nature à accélérer le mouvement vers une diversification encore plus poussée des activités proposées. La mairie d’Isola lance parallèlement un vibrant appel à la clientèle locale et régionale pour qu’elle vienne profiter, pour sa santé et son bien-être, d’un séjour nature au grand air, et fasse ainsi acte de solidarité envers les professionnels de la montagne. Située à moins d’une centaine de kilomètres de Nice, Isola 2000 constitue en effet la station de ski la plus proche de la Côte d’Azur, où se concentre la majeure partie de la population des Alpes-Maritimes. La clientèle étrangère, est elle presque totalement absente. Face à ce manque d’activité Isola 2000, comme les autres stations des Alpes-Maritimes, ferme son domaine skiable de manière anticipée avant la fin du mois de mars.

Bibliographie 

Yves Ballu, L’épopée du ski, Paris, Arthaud, 1981.

Gilles Chappaz, Guillaume Desmurs, Une histoire du ski, Paris, Glénat, 2019.

Guillaume Desmurs, Une histoire des stations de sports d’hiver, Paris, Glénat, 2022.

Bernard Maccario, Yvan Gastaut, Sports & Alpes-Maritimes. D’hier à aujourd’hui, Saint-Laurent-du-Var, Éditions Mémoires Millénaires, 2020.