De part et d'autre de la frontière
De part et d'autre de la frontière
# Introduction
Au sein d’une Europe unie, les frontières ne séparent plus les États de manière étanche car des liens se tissent entre territoires voisins, dans divers domaines. De nombreux traités et accords interétatiques ont permis la constitution et la reconnaissance de véritables régions transfrontalières. La Grande Région, autrefois appelée Saar-Lor-Lux, en est un bel exemple. Les coopérations transfrontalières se sont multipliées depuis la mise en place de la Commission régionale Saar-Lor-Lux Trèves Palatinat Occidental en 1971, il y a tout juste 50 ans.
D’autres structures ont suivi pour renforcer cette coopération comme le Conseil parlementaire interrégional ou encore Euregio Saar-Lor-Lux+ (coopération entre les communes de la Grande Région), sans oublier le Sommet de la Grande Région depuis 1995. A une échelle locale, ont été créés des groupements européens de coopération territoriale comme celui d’Esch-Belval. Outre ces coopérations institutionnelles, les relations se développent dans les domaines socio-économique, éducatif, culturel et sportif, mais aussi dans les secteurs de la santé et de la sécurité. L’objectif est d’améliorer la vie au quotidien des populations qui vivent près des frontières et les traversent régulièrement que ce soit pour le travail, l’éducation, la culture, le sport, le shopping ou encore les loisirs. De véritables bassins de vie transfrontaliers se sont ainsi développés faisant de ces territoires des modèles d’intégration européenne comme l’illustre la Grande Région et plus particulièrement le bassin de l’Alzette.
# 1. L'Alzette, cours d'eau transfrontalier
De nombreux cours d’eau servent de frontières entre les États ou les traversent, ce qui peut entraîner des problèmes de voisinage en cas de pollution. C’est le cas de l’Alzette, qui prend sa source du côté français et coule vers le Grand-Duché pour se jeter dans la Sûre, affluent de la Moselle. Les communes françaises ont longtemps rejeté leurs eaux usées directement dans cette rivière. Diverses mesures ont été prises notamment pour respecter les Directives européennes relatives au maintien de la qualité des eaux, mais il reste encore à faire et les associations citoyennes se mobilisent de part et d’autre de la frontière. La coopération dans le domaine de l’eau est primordiale pour préserver cette ressource et les directives deviennent de plus en plus strictes et contraignantes pour les collectivités.
# 2. Postes-frontières
La frontière a, dans ses fonctions premières, un rôle de contrôle et de régulation des flux qui la traversent, que ce soient les flux de marchandises surveillés par les douanes ou ceux de personnes par la police aux frontières. Au sein d’une union douanière et plus encore d’une union économique comme l’Union européenne, ce rôle est atténué. Les frontières s’effacent et la circulation des personnes et des marchandises se fait en toute liberté. Le risque est de voir se développer des trafics illégaux, ne serait-ce que celui des cigarettes et de l’alcool en profitant des prix plus bas au Grand-Duché. Avant l’ouverture des frontières internes de l’UE, de nombreux contrôles étaient réalisés aux postes-frontières. Les flux transfrontaliers étaient alors moins nombreux, de l’ordre de 1 000 à 2 000 véhicules quotidiens entre la France et le Grand-Duché.
Comment contrôler aujourd’hui le nombre de passages qui a explosé du fait entre autres de la forte croissance du travail frontalier vers le Luxembourg et de la hausse générale des échanges intracommunautaires qui génère un déplacement important de poids lourds sur les autoroutes de la Grande Région ? La coopération transfrontalière pour le contrôle du transport de marchandises s’est renforcée et a été expérimentée par exemple à l’ancien poste-frontière de Dudelange en présence de douaniers luxembourgeois, allemands et français.
Cette coopération qui vise à harmoniser les pratiques de contrôle, est facilitée par une modernisation des équipements et les diverses mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. S’il existe aujourd’hui des Centres communs de police et de douanes, il serait peut-être utile d’élaborer un Code des douanes européen.
# 3. Institutionnalisation de la coopération transfrontalière
La Grande Région et en particulier le Grand-Duché, ont accueilli de nombreuses rencontres entre chefs d’État dans le cadre de négociations européennes. En 1972, Georges Pompidou, président de la République française y rencontrait Pierre Werner, Premier ministre luxembourgeois. Ce fut l’occasion de rappeler les liens entre ces deux pays et plus particulièrement entre les territoires frontaliers. Dès 1971, fut mise en place la Commission Saar-Lor-Lux-Trèves-Palatinat occidental. La même année a été créé l’Institut Régional Intracommunautaire (IRI) pour encourager la coopération transfrontalière. Cet institut deviendra l’Institut de la Grande Région en 2002.
Il y eut très tôt une forte volonté de développer les coopérations de part et d’autre de la frontière. Un premier conseil communal transfrontalier s’est tenu à Esch-sur-Alzette en 2008, puis, en 2017, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle s’est réuni dans la Maison de la Grande Région.
Située à Esch-sur-Alzette, la Maison de la Grande Région a été inaugurée en 2015. Elle regroupe différentes instances impliquées dans la coopération transfrontalière telles que le Secrétariat du Sommet de la Grande Région, l’Autorité de gestion et le Secrétariat conjoint Interreg VA Grande Région, le secrétariat commun du Comité Economique et Social de la Grande Région, le siège social de l’Institut de la Grande Région, EuRegio Saar-Lor-Lux + ou encore le QuattroPole.
La coopération entre collectivités locales s’échafaude dans le cadre de politiques d’agglomérations transfrontalières (exemple : Esch-sur-Alzette/Villerupt/Audun-le-Tiche) ou de réseaux de villes comme le Quattropole ou Lela+ devenu « Tonicités ». Pour renforcer la coopération transfrontalière sur le territoire d’Alzette-Belval, un Groupement européen de coopération territoriale (GECT) a été créé en 2013.
Toutes ces initiatives soulignent l’important développement des structures qui soudent les territoires. Elles doivent permettre une plus grande intégration territoriale, mais aussi économique et sociale afin d’aboutir à une croissance commune de la Grande Région.
# 4. Des coopérations transfrontalières dans des domaines très variés
# 4.1. La coopération économique
De part et d’autre de la frontière, l’économie locale s’est développée sur l’exploitation du fer et la sidérurgie. Toutefois, les chocs pétroliers des années 70 et la forte concurrence des marchés extérieurs ont conduit à la fermeture progressive des mines et à la réduction drastique de la production d’acier. La coopération intergouvernementale a permis d’expérimenter de nouvelles voies de développement dans un contexte transfrontalier. Bien que la coopération économique puisse paraître parfois difficile à mettre en place car la concurrence est rude entre les collectivités qui font tout pour accueillir les entreprises sur leur propre territoire, de nombreuses initiatives ont été prises dans la Grande Région. Dès 1985, le Pôle européen de développement (PED), parc international d’activité, créé entre Aubange (Belgique), Longwy (France) et Pétange (Luxembourg) devait permettre de redynamiser ces territoires confrontés à une reconversion difficile.
Des aides de l’Union européenne soutiendront financièrement divers projets comme celui d’EUREFI au début des années 1990, premier fonds transfrontalier pour la création et le développement des petites et moyennes entreprises et qui aide encore aujourd’hui une trentaine d’entreprises. Sept chambres de commerce et d’industrie de la Grande Région ont signé une charte de coopération au début des années 1990, tout comme ont été mis en place un Conseil interrégional des Chambres de Métiers (1989) et un Comité économique et social (1997).
# 4.2. Une coopération de plus en plus poussée dans le domaine de l’éducation et de la formation
Des coopérations entre des établissements d’enseignement du secondaire au supérieur se développent dans la Grande Région. L’objectif est de renforcer l’offre en formations et en emplois et de maintenir, voire d’attirer des populations jeunes dans ces territoires. La coopération entre les lycées techniques d’Esch-sur-Alzette et de Villerupt à la fin des années 1980 en est une parfaite illustration. Outre les échanges pédagogiques transfrontaliers, elle a également débouché sur la création une mini-entreprise dans le cadre du projet éducatif PETRA.
D’autres projets se poursuivent dans le domaine de l’éducation comme celui de créer un lycée franco-luxembourgeois bilingue offrant des formations dans le domaine de la santé, projet particulièrement soutenu aujourd’hui dans un contexte de crise sanitaire. L’enseignement des langues des pays voisins est encouragé dès le plus jeune âge. Dans l’enseignement supérieur, plusieurs formations transfrontalières se mettent en place et récemment a été créée l’Université de la Grande Région (UniGR).
# 4.3. Coopération sanitaire
Dans un contexte de pandémie mondiale, la coopération sanitaire suscite beaucoup d’intérêt. Des coopérations transfrontalières existent, et mériteraient d’être davantage développées. Plusieurs accords ont été signés entre les pays de la Grande Région. Celui entre la France et le Grand-Duché n’est entré en vigueur qu’en 2019. Une convention avait déjà été signée en 2006 entre l’association hospitalière du bassin de Longwy et le centre national de radiothérapie du Luxembourg pour permettre aux patients français atteints de cancers respiratoires d’être soignés à l’hôpital d’Esch-sur-Alzette, la zone étant particulièrement touchée par cette pathologie en raison de son passé industriel et d’un tabagisme élevé. Les problèmes rencontrés restent nombreux pour améliorer l’accès aux soins de part et d’autre des frontières et simplifier les mécanismes de prise en charge.
Les accords interétatiques de 2019 portent également sur la mobilité des personnels. La France souffre d’un exode des personnels soignants vers le Grand-Duché lié à l’attractivité des salaires, mais également à la crise des hôpitaux en France amplifiée par la crise de la Covid-19 (manque d’équipements, mauvaise condition de travail, etc.). Cette attractivité luxembourgeoise ampute le côté français en personnel soignant et remet en question l’offre et la qualité des soins.
# 4.4. Coopération dans le domaine de la sécurité
Autre domaine primordial qui nécessite une réelle solidarité de part et d’autre des frontières, celui de la sécurité et de la protection civile en cas de catastrophes naturelles ou technologiques, mais aussi pour lutter contre « l’utilisation » de la frontière par le banditisme. Des accords ont été signés dès les années 60 entre la France et le Grand-Duché et ont été revus dans les années 1980, après la construction de la centrale nucléaire de Cattenom côté français. Un premier exercice de gestion de crise a été réalisé en 2007 à Esch-sur-Alzette sur le site de Belval simulant un incendie à la Rockhal dans le but d’améliorer la coopération transfrontalière entre les différentes équipes et de rassurer les populations.
La coopération est également importante entre les forces de police de part et d’autre de la frontière face à la recrudescence du banditisme transfrontalier encouragé par l’ouverture des frontières. Les accords de de Schengen prévoyaient une coopération policière et douanière entre les États-membres et ont permis la mise en place de centres communs de police et de douane, dont celui de la Grande Région en 2003, installé au Grand-Duché. La coopération policière s’est encore renforcée ces dernières années afin de lutter contre la criminalité transfrontalière, mais également contre le terrorisme, et la migration illégale comme prévu par le Traité de Prüm en 2005.
# 4.5. Des coopérations transfrontalières pour encourager les activités de loisirs : culture, sport et tourisme
D’autres coopérations ont été mises en place pour renforcer aussi l’attractivité de la Grande Région dans les domaines de la culture, du sport et du tourisme. De nombreuses activités sont proposées mais restent encore trop méconnues du public. Des problèmes bureaucratiques peuvent apparaître liés aux différences de systèmes administratifs entre les États ou à la complexité des structures institutionnelles transfrontalières, mais cela n’empêche pas les avancées concrètes sur le terrain. La redynamisation de l’ancien bassin ferrifère transfrontalier passe par la culture et de nouveaux équipements ont été réalisés comme des salles de spectacle (L’Arche sur le Pôle culturel de Micheville à Villerupt), de concert (la Rockhal à Esch-sur-Alzette) et de cinéma (Utopolis/Kinepolis à Longwy et Esch-sur-Alzette), etc.
Des festivals transfrontaliers existent dans différents domaines artistiques (théâtre, musique, littérature, cinéma, etc.). Parmi les manifestations soutenues par l’Union européenne, le Grand-Duché accueille pour la troisième fois la capitale européenne de la culture, mais au bénéfice d’un territoire transfrontalier. Après Luxembourg-ville en 1995 et en 2007 (« Luxembourg et Grande Région »), ce sera en 2022 au tour d’Esch-sur-Alzette avec les dix communes ProSud (syndicat de communes luxembourgeois) et les huit communes de la communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette côté français, d’avoir ce titre et de participer au rayonnement culturel de la Grande Région à l’échelle européenne.
Le sport n’est pas en reste avec l’organisation de rencontres sportives et de compétitions à dimension transfrontalière dans diverses disciplines, que ce soit le football, le cyclisme, le golf ou encore le tournoi des trois frontières de water-polo à Longwy (1970). Les courses cyclistes jouent à saute frontière et Luxembourg-ville sera deux fois ville départ du Tour de France (1989 et 2002), tout comme Esch-sur-Alzette sera deux fois ville d’arrivée (1968 et 2006). L’organisation de tournois et rencontres internationales contribue à renforcer la notoriété de ces villes.
Le Circuit des Mines créé en 1956, course cycliste qui fait connaître le bassin ferrifère et auquel participent des coureurs internationaux dont des frontaliers, est relancé en 2016 après quatre années d’interruption, mais plus que sur seule une journée et sans étapes. Dommage que cette course cycliste ne soit pas transfrontalière à l’instar de la 33e édition du Trofeo Saarland qui s’est déroulée entre la France et l’Allemagne du 30 septembre au 3 octobre 2021.
Dans le domaine du tourisme, les initiatives transfrontalières ne manquent pas non plus, que ce soit à l’échelle de la Grande Région ou à proximité des frontières. Les territoires du pays des Trois frontières disposent de nombreux atouts, malgré leur image d’espaces industrialisés en déclin. Les offices de tourisme d’Aubange (Belgique), de Pétange (Luxembourg) et de Longwy (France) mettent en valeur le patrimoine industriel, mais aussi militaire pour ne pas oublier les places fortifiées comme Longwy, qui près des frontières défendaient les États, ainsi que le patrimoine naturel. Le chemin de grande randonnée transfrontalier « Tour du Pays des Trois Frontières » (GR570) ou encore le « chemin des mineurs » à Esch-sur-Alzette qui longe en partie la frontière, sont des sentiers de découverte de ces richesses paysagères.
# 5. Vivre de part et d’autre de la frontière
# 5.1. Travailler de l’autre côté de la frontière
Les frontières luxembourgeoises connaissent des flux croissants de travailleurs transfrontaliers attirés par les salaires particulièrement attractifs qu’offre le Grand-Duché. Ces flux ont considérablement augmenté depuis les années 1990 et représentent aujourd’hui plus de 200 000 travailleurs transfrontaliers au sein de la Grande Région, dont la moitié part de Lorraine pour se rendre au Grand-Duché. Les syndicats comme l’OGBL défendent les droits sociaux dont bénéficient les travailleurs transfrontaliers (chômage, prestations familiales, égalité fiscale, etc.). Le développement du travail transfrontalier est un élément fort du processus d’intégration économique et sociale de l’Union européenne. Il crée toutefois d’importants déséquilibres sur le marché de l’emploi : des secteurs entiers sont déficitaires du côté français, les Lorrains étant attirés par le Luxembourg que ce soit dans la restauration, le commerce, les banques, la santé, l’industrie, ou encore le sport avec par exemple la fuite des footballeurs lorrains du Pays Haut vers le Grand-Duché et la Belgique, véritable « footdrain ». Il paraît difficile de stopper cette hémorragie qui risque encore de s’accentuer dans les années à venir et de compromettre le développement économique des territoires voisins du Grand-Duché qui ne connaissent plus qu’une économie résidentielle.
# 5.2. Faire ses achats de part et d’autre de la frontière
Les achats représentent une autre raison de traverser la frontière en étant attiré par les prix très compétitifs côté luxembourgeois sur les alcools, les cigarettes, l’essence, etc. mais aussi par des produits différents. Ce qui entraîne une spécialisation des commerces le long de la frontière (stations essence, débit de boissons, de tabac et autres produits quotidiens). S’il fallait autrefois avoir plusieurs porte-monnaie pour faire ses achats dans la Grande Région, la mise en circulation de l’euro le 1er janvier 2002, a facilité les achats : plus besoin de calculer les taux de change pour comparer les prix.
Les jours fériés étant différents de part et d’autre de la frontière, notamment celui des fêtes nationales, une « Journée française » est organisée à Esch-sur-Alzette le 14 juillet avec une grande braderie qui attire une importante clientèle française, ainsi que diverses manifestations à Luxembourg-ville afin de promouvoir la culture française.
# 5.3. Se loger face à la flambée des prix
Se loger est devenu un luxe au Grand-Duché, mais également dans les territoires qui le bordent. Du côté français, la pression sur le foncier et l’immobilier ont fait prendre des mesures de régulation par l’État avec la mise en place d’une opération d’intérêt national et d’un établissement public d’aménagement sur le territoire de la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette, afin de maîtriser la spéculation foncière et de gérer le développement de ces territoires. La flambée de l’immobilier repousse certaines catégories sociales dans les zones moins attractives et entraîne une ségrégation socio-spatiale importante à l’heure où les politiques urbaines prônent la mixité sociale !
Les anciennes cités minières ont fait l’objet de programmes de rénovation de l’habitat. Certaines ont été mises en vente par les groupes sidérurgiques auxquels elles appartenaient comme Arcelor qui en 2005 a cédé 900 logements ouvriers à la Deutsche Bank. Se posait la question du devenir des occupants (ayants droit du régime minier) et du quota de logements sociaux que doivent respecter certaines communes comme Villerupt et Audun-le-Tiche ayant plus de 3 500 habitants. Le besoin en logements n’est pas près de disparaître mais l’offre se raréfie dans ces communes qui deviennent des « villes-dortoirs ».
# 5.4. Se déplacer : pour une mobilité durable et intelligente
L’impact du travail transfrontalier sur la mobilité est considérable et a suscité de nombreuses études, projets d’infrastructures et schémas de déplacement afin de fluidifier les trafics routiers et autoroutiers, de développer des modes de transports collectifs et de limiter les impacts environnementaux. Des mesures ont été appliquées pour encourager l’utilisation des transports en commun (gratuité des transports en commun au Grand-Duché depuis le 1er mars 2020). Parfois le trafic à la frontière peut être perturbé par des manifestations diverses comme ce fut le cas en 2000 par les chauffeurs routiers qui demandaient une harmonisation des temps de travail et de repos au niveau européen, à l’occasion de la réunion des ministres des transports à Luxembourg.
Mais le trafic transfrontalier est généralement ralenti du fait de l’importance des flux, des goulets d’étranglement qui se forment ou lors d’accidents qui surviennent beaucoup trop fréquemment sur des axes surchargés.
Le schéma stratégique de mobilité transfrontalière (SMOT) entre la France et le Grand-Duché a été présenté à Esch-sur-Alzette aux autorités françaises et luxembourgeoises en 2009.
D’autres schémas ont suivi comme la Stratégie globale pour une mobilité durable « MoDu » (en 2012 revue en 2018) ou encore le projet de modélisation des déplacements dans la Grande Région (Modèle multimodal et scénarios de mobilité transfrontaliers - MMUST). La question de la mobilité apparaît également dans le Schéma de développement territorial de la Grande Région (SDT-GR). Ces schémas sont en constante évolution. Ils doivent s’adapter aux flux croissants liés au travail transfrontalier (135 000 Lorrains vers le Luxembourg prévus en 2030) et à l’importance des échanges intracommunautaires. Ils doivent également respecter les orientations de l’Union européenne présentées dans la Stratégie de mobilité durable et intelligente dans le cadre du « Pacte Vert européen » qui vise à faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici 2050.
A une échelle très locale, il est peut-être souligné que, suite aux aménagements réalisés très près de la frontière, comme certains axes routiers, des modifications du tracé de la frontière ont du être réalisés menant notamment à des échanges de territoires entre pays voisins. Ce fut le cas à plusieurs reprises entre la France et le Grand-Duché que ce soit entre Volmerange-les-Mines et Dudelange (1990) ou entre Russange et Sanem (2007)
# 5.5. S’informer dans l’espace transfrontalier
La diffusion d’informations transfrontalières est également primordiale pour les populations vivant à proximité de la frontière, en particulier en période de pandémie afin de connaître ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Internet est bien sûr incontournable pour se tenir informer, et aujourd’hui des chaînes du monde entier peuvent être suivies chez soi. Toutefois, les médias sont bien souvent régionaux ou nationaux et leur aire de diffusion peut être territorialement limitée. Les ondes passent plus facilement les frontières de sorte qu’à Differdange naquit en 2016, L’Essentiel Radio . Située à proximité de la frontière, cette station fut lancée par le quotidien francophone du même nom, distribué depuis 2007 au Grand-Duché et dans la Grande Région. Première radio à diffuser en français au Grand-Duché, elle présente des émissions de divertissement et d’informations, notamment sur le trafic routier, sujet qui intéresse particulièrement les frontaliers. Les médias peuvent contribuer à renforcer une identité locale ou régionale, par les thématiques abordées et les langues utilisées. Dans un contexte transfrontalier plurilingue, l’identité de la Grande Région pourrait en être renforcée.
# Conclusion
De part et d’autre de la frontière et au fil de l’Alzette, un bassin de vie s’est constitué de facto au cours des siècles entre des territoires qui ont partagé une même histoire, une même géographie et une même économie liée à l’exploitation du fer et à la sidérurgie. Les populations, au gré de l’évolution des contextes géopolitique, économique et social, passaient la frontière et s’installaient d’un côté ou de l’autre. Aujourd’hui, les flux transfrontaliers n’ont jamais été aussi importants du fait de l’attractivité du Grand-Duché qui offre des emplois avec des salaires bien supérieurs à ses voisins. Les communes frontalières situées dans l’ancien bassin ferrifère, ont vu leur population s’accroître après une phase de déclin liée à la fermeture des mines. De nouvelles possibilités de développement s’offrent à elles. La coopération transfrontalière a permis de créer des institutions à l’échelle de la Grande Région, mais aussi localement avec des Groupements européens de coopération territoriale tels que celui d’Esch-Belval. Les coopérations concernent tous les domaines, du développement économique et social, à l’éducation, la culture, la santé ou encore la sécurité. L’objectif est d’améliorer les conditions de vie des habitants frontaliers. Toutefois, les différences de systèmes fiscaux et sociaux vident les territoires voisins du Grand-Duché de leur main-d’œuvre dans de nombreux secteurs (finance, santé, restauration, etc.). Une économie résidentielle qui n’apporte pas suffisamment de ressources pour faire face aux dépenses en services et équipements nécessaires au bien-être des populations se développe dans les communes . Ces zones aidées du fait de leurs spécificités dans le cadre de politiques régionales, nationales et européennes doivent innover par la mise en place de politiques réellement transfrontalières solidaires pour éviter que ne se creusent les déséquilibres, et pouvoir renforcer ainsi la cohésion des territoires telle que voulue par l’Union européenne et les Etats.
# Sélection bibliographique
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