La reconversion du site sidérurgique franco-luxembourgeois de Belval
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Esch-Belval : un projet de requalification urbaine d'une ampleur inédite. Côté luxembourgeois, le chantier a été initié en 1996. Université, patrimoine, logements, activités économiques : visite guidée avec Robert Kocian, directeur marketing et développement d'Agora. Côté français, 8 300 logements sont en construction depuis 2012 : les explications de Jean-Christophe Courtin, directeur général de l'EPA Alzette Belval.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
11 déc. 2018
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Contexte historique
ParDocteur en Socio-anthropologie, Université du Luxembourg
Ce reportage diffusé en 2018 présente une comparaison des reconversions respectives de deux friches industrielles voisines : Belval à Esch-sur-Alzette au Luxembourg et Micheville située sur les communes françaises d’Audun-le-Tiche, de Villerupt et de Russange.
La zone frontalière située entre le sud-ouest du Luxembourg et la Lorraine a été le lieu d’une intense production sidérurgique tout au long du XXe siècle. Ainsi, entre 1909 et 1997, l’usine de Belval fut une usine parmi les plus modernes et les plus productives de son époque. Des millions de tonnes de fonte et d’acier y ont été extraits de la minette (minerai de fer lorrain à faible teneur) au moyen de hauts-fourneaux sans cesse perfectionnés.
La friche du site sidérurgique de Belval, fermé en 1997, s’étend sur près de 120 hectares. Le site sidérurgique de Micheville, stoppé en 1985, présente quant à lui entre 45 et 50 hectares de superficie.
Dès 2000 une impulsion est donnée par les autorités luxembourgeoises afin de reconvertir le site de Belval et d’en faire un quartier symbole de renouveau. La mutation territoriale donne alors vie à un quartier nouveau, dédié à la science, à la culture et aux nouvelles technologies.
Le partenariat public-privé que constitue la société Agora témoigne des engagements de l’État luxembourgeois et d’Arcelor Mittal propriétaire des usines et du terrain de Belval. Un budget de 1,169 milliards d’euro sera alors voté.
Ainsi côté luxembourgeois, en 2018, une quinzaine de milliers de personnes travaillent ou vivent à Esch-Belval. Quartier vivant et dynamique, Esch-Belval devient même, dans une certaine mesure, un lieu touristique. En effet, deux haut-fourneaux d’environ 80 mètres de haut conservés en tant que patrimoine industriel du pays trônent au cœur du site. Un campus universitaire, des établissements bancaires, un centre commercial, une grande salle de concerts et de nombreuses habitations complètent cette reconversion urbaine de la friche industrielle. De nombreux autres chantiers les accompagnent. Un accès autoroutier performant et une gare ferroviaire moderne sont opérationnels depuis 2010 déjà.
Toutefois, la reconversion urbaine tarde côté français. Il faudra attendre 2015 pour que les premiers chantiers sur le site de Micheville et de ses environs se concrétisent et offrent des résultats tangibles.
En 2018, un budget de 360 millions d’euros est adopté par la France pour la reconversion de la friche industrielle de Micheville. Parmi les 8 300 logements annoncés dans le reportage par le directeur général de l'EPA Alzette Belval, 3 850 correspondent au versant français, donc au site de Micheville. Les 4 450 autres logements seront localisés sur différentes communes françaises limitrophes (Audun-le-Tiche, Russange, Rédange mais aussi Thil et Ottange). L’objectif est faire passer la population de cette portion du territoire français de 30 000 à 50 000 habitants.
Toutefois, comparativement à l’enthousiasme sans ombre des promoteurs de Belval, côté luxembourgeois, le directeur de l'EPA Alzette Belval, côté français, ose évoquer directement dans ce reportage la question de la complexité de la réhabilitation des sols en termes de dépollution. Près d’un siècle d’exploitation industrielle lourde (fumées toxiques, écoulements d’huiles et de produits chimiques notamment comportant des métaux lourds) pose une question environnementale indéniable liée à la remise en état des sols en vue d’y installer des logements.
En effet, la nature, en reprenant ses droits, reverdit des lieux industriels abandonnés dont les bâtiments ont été démolis. Cependant, d’une part, les fondations demeurent en terre, et cela peut poser des problèmes en vue de rebâtir par-dessus, d’autre part, le degré de pollution des sols des friches industrielles et les moyens d’y remédier restent une relative inconnue. Des efforts conséquents de dépollution sont entrepris mais certaines craintes demeurent . Cela peut en partie expliquer certaines réticences et les délais pour pouvoir réinvestir des lieux comme Micheville et Esch-Belval.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Aurélie Renard
C’est un nom qui résonne encore dans la mémoire industrielle de notre région :Belval, ancienne usine sidérurgique située au bord de l’Alzette, sur la frontière entre la France et le Luxembourg.Belval n’est plus une usine aujourd’hui mais son avenir se veut radieux, tout de même.C’est là qu’est mis en oeuvre l’un des projets de requalification urbaine les plus ambitieux du monde, entre deux pays.Alors, pour les détails, les explications, nous partons ici, à Esch-sur-Alzette, vous le voyez, c’est tout à la frontière, et c’est avec François Louis et Olivier Bouillon.
(Bruit)
François Louis
Côté luxembourgeois, Belval.Côté français, Micheville.Au milieu coule l’Alzette.Au coeur des deux anciens sites sidérurgiques, deux programmes de requalification urbaine parmi les plus importants du monde, le projet grand-ducal a démarré en 1996, il a déjà coûté plus d’1 milliard d’euros.
(Bruit)
Robert Kocian
Les hauts-fourneaux, c’est la version patrimoniale qu’on a voulu garder comme témoignage de l’histoire de ce site, avec bien entendu, comment dire, une interprétation urbaine autour et l’implantation de bâtiments qui représentent la nouvelle économie et puis, qui représentent le XXIe siècle.Donc, vous avez la bibliothèque en arrière-fond, qui est la bibliothèque universitaire.Vous avez ce bâtiment rouge qui est symbolique parce qu’il est arrivé ici en 2006 et qui concentre l’activité financière et puis, dans l’arrière-fond, qu’on voit derrière ce bâtiment, vous avez l’université qui représente, avec un nom symbolique aussi, la maison du savoir.Alors, maintenant, on traverse le boulevard, on se retrouve dans une autre dimension, la dimension présente.Donc, vous voyez toutes ces constructions qui partent d’un parti pris là aussi assumé au départ, c’est de faire de la mixité.
François Louis
Mixité entre logements et activités économiques, car Belval a été conçue et développée par Agora, une société détenue à 50 % par l’ancien propriétaire des terrains, ArcelorMittal, et à 50 % par l’État luxembourgeois.
Robert Kocian
On a estimé entre étudiants, chercheurs et personnels administratifs, y compris enseignants, aujourd’hui, plutôt 5 000 personnes qui travaillent sur la terrasse des hauts-fourneaux dans ces domaines de la recherche, de l’enseignement et de l’administration, de la recherche et de l’enseignement.
François Louis
De l’autre côté de la frontière, à Micheville, a débuté en 2012 un projet similaire.Un opérateur public d’aménagement est chargé de faire sortir de terre près de 9 000 logements.
Jean-Christophe Courtin
L’ambition qui était fixée, par l’État, la région, les deux départements, c’est de créer 8 300 logements.Donc, si on parle en nombre d’habitants, c’est plus facile peut-être, c’est 20 000 habitants supplémentaires sur un territoire qui en compte 30 000 aujourd’hui.Donc on est dans une logique de doublement de population, ce qui est quand même totalement inédit aujourd’hui dans un pays comme la France, car avoir de telles augmentations de population, c’est quand même extrêmement rare.La première fois où je l’ai découvert, ça ressemblait à un espèce de petit parc urbain extrêmement sympathique, avec des arbres et de la végétation, mais on est sur un ancien site sidérurgique.Donc, il faut s’imaginer qu’on est sur du remblai avec des terrains qui ont subi cette activité économique et tous les bâtiments qui ont été démantelés quand l’usine a fermé en 1985, eh bien, nous avons encore toutes les fondations dans les sols.
François Louis
Le projet comprend également la requalification de logements ouvriers, d’abord à titre expérimental, elle sera étendue si le succès commercial est au rendez-vous.
Jean-Christophe Courtin
Pendant 30 ans, c’était aussi le symbole de la fin d’une époque.Et maintenant, c’est le renouveau d’une nouvelle.Donc ce qui est vraiment intéressant, c’est faire la renaissance du site de Micheville, ça veut dire qu’on rentre dans une nouvelle ère qui est l’ère du tertiaire, qui est l’ère du numérique.On développe aussi la smart city sur ce territoire-là.Donc, on essaie vraiment d’être le démonstrateur de la ville de demain, la ville où il fait bon vivre même dans des secteurs qui parfois peuvent paraître un petit peu difficiles.
François Louis
Alzette-Belval accueillera également une salle de spectacle et de cinéma, ainsi qu’un centre commercial.Coût estimé à ce jour de l’ensemble du projet, 360 millions d’euros.
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