Esch-Belval : interview du ministre luxembourgeois Claude Wiseler
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Interview de Claude Wiseler, ministre luxembourgeois du Développement durable et des Infrastructures, sur le projet d'Esch-Belval à la frontière avec la France. Bien que l'initiative soit à 100 % luxembourgeoise, il insiste sur l'importance de la coopération entre les deux pays. Une coopération à plusieurs niveaux : gouvernemental, local, mais aussi des entreprises en particulier des transports.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
09 déc. 2009
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Contexte historique
ParDocteur en Socio-anthropologie, Université du Luxembourg
Le quartier Esch-Belval, en pleine construction en 2009, a vocation à devenir un lieu de vie, de travail, d’étude et de consommation important dans le sud du Luxembourg.
Claude Wiseler, ministre luxembourgeois du Développement durable et des Infrastructures est interviewé dans le reportage au sujet du chantier de Belval. Il indique que ce projet de reconversion luxembourgeois s’accompagne d’une volonté française d’établir une synergie notamment au moyen de l’édification d’une route frontalière commune financée à hauteur de 6 millions d’euros par la France et de 250 millions d’euros par le Grand-Duché (en raison de la construction d’un tunnel et d’une connexion au réseau autoroutier côté luxembourgeois).
Ce nouveau quartier répond à plusieurs besoins politiques et économiques. Très bien située, la friche industrielle de 120 hectares offre un potentiel de développement urbain fort intéressant. De plus, à l’époque, l’Université du Luxembourg était encore à un stade embryonnaire (elle avait été créée en 2003 soit seulement six ans auparavant) et avait besoin de terrains pour pouvoir se concentrer géographiquement sur un campus de taille suffisante. En 2009, l’Université était en effet morcelée sur différentes parcelles de la ville de Luxembourg. Or, compte-tenu des prix de vente des terrains sur le territoire de la capitale luxembourgeoise, s’imposait une relocalisation, dans une zone constructible meilleur marché, de l’institution d’enseignement supérieur en plein développement.
Par ailleurs, le quartier Esch-Belval a pour ambition d’être bien plus qu’un campus universitaire. Il accueillera des établissements bancaires, un centre commercial ainsi que des habitations.
En ce qui concerne le logement, la réaffectation en lieu de vie d’un site ayant hébergé une activité d’industrie lourde hautement polluante pendant près d’un siècle pose cependant question. La dépollution des sols contaminés de Belval constituent en effet un défi. Les interrogations perdureront au-delà même du succès de cette ambitieuse transformation de territoriale.
Pari d’avenir engagé en 2006 se concrétisant à partir de 2010, puis au moment de l’emménagement de l’Université du Luxembourg en septembre 2015, la mutation de la friche de Belval au Luxembourg, achèvera de convaincre les élus locaux et les autorités françaises que les friches industrielles présentent un potentiel d’attraction économique.
Au même moment, la friche de l’usine de Micheville qui jouxte directement Belval, présente, par rapport au projet luxembourgeois un important retard de revalorisation urbaine et économique.
Si le reportage indique qu’en 2009, près de 80 000 travailleurs frontaliers lorrains traversaient quotidiennement la frontière, ce flux était appelé à augmenter sous l’impulsion du développement de Belval et ce d’autant plus qu’au moment du reportage, le bassin d’emploi potentiel que pourrait constituer Micheville tardait à se développer.
En 2009, les Lorrains se retrouvent donc principalement en position de spectateurs : le seul acte concret réalisé étant la jonction des routes françaises avec le réseau routier luxembourgeois entre Micheville et Belval. Cette large route rectiligne était de toute façon nécessaire afin de remédier à la saturation aux heures de pointe des petites routes transfrontalières existantes. Jusque-là, un trafic routier transfrontalier intense transitait par le centre-ville d’Esch-sur-Alzette à partir de l’axe routier venant de Villerupt et Audun-le-Tiche en vue d’atteindre le réseau autoroutier luxembourgeois.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Eric Molodtzoff
Et donc, Monsieur le ministre, évidemment un projet d’une telle ampleur juste à la frontière a des répercussions chez le voisin, donc en France, côté lorrain.Comment se passe la coopération avec le voisin français ?
Claude Wiseler
Tout d’abord, je voudrais dire que je suis très content que ce soit un projet en fait qui soit commun entre nos deux pays et qu’on soit en avance.
Eric Molodtzoff
Il ne l’était pas au départ, c’est un projet 100 % luxembourgeois.
Claude Wiseler
Heureusement qu’on continue maintenant également de l’autre côté de la frontière parce que je conçois véritablement ce projet comme un projet commun et donc, le répondant que nous avons maintenant est important pour moi.Mais il faut bien sûr l’organiser, ça doit se faire sur plusieurs niveaux.Il y a un niveau gouvernemental avec une commission intergouvernementale qui doit être mise en place dans les semaines, dans les mois à venir.Donc ça, c’est un élément important mais de l’autre côté, bien évidemment également, donc une coopération au niveau communal ainsi qu’au niveau régional avec une mise en place d’un GECTdonc, d’un instrument de coopération transfrontalière qui nous permettra de résoudre sur le terrain les problèmes qui se posent quasiment au quotidien.Je crois que les deux niveaux sont importants et moi, je crois que s’y ajoute encore un autre niveau qui est celui en fait du travail en commun d’un certain nombre d’entreprises respectivement d’organismes,par exemple celui du transport mis en place entre les différentes compagnies de trains, de lignes communes.Nous allons ouvrir lundi prochain une nouvelle ligne entre Thionville et Longwy qui passe justement par Belval.Mise en place de routes communes.Donc tout ça, c’est un travail de longue haleine mais un travail où il faut énormément de coordination.
Eric Molodtzoff
Une route qui s’est quand même fait attendre là, en tout cas ce projet de route de liaison, fameuse liaison.
Hélène Messang
Enfin du concret.
Claude Wiseler
Une route qui s’est fait attendre, une si vous regardez derrière nous, qui est en train vraiment de se construire, qui est du côté luxembourgeois,un des gros investissements je crois qu’ici nous avançons bien et nous investissons beaucoup là-dedans.
Eric Molodtzoff
Six millions d’euros je crois sur cette route ?
Claude Wiseler
Six millions d’euros du côté français, mais 250 millions d’euros du côté luxembourgeois pour passer le tunnel au-dessous du Belvalpour aller rejoindre le système autoroutier luxembourgeois et pour permettre ainsi de dégager la ville d’Esch et d’ajouter un nouvel axe en fait sur le transfrontalier.
Hélène Messang
On aura compris en tout cas que la France regarde Belval.Nous en parlerons d’ailleurs dans un instant avec le Préfet de la région lorraine qui est notre invité.Mais le sujet n’est pas seulement politique, il est aussi économique et humain.Chaque jour, 80 000 Lorrains partent travailler au Luxembourg.Esch-Belval, c’est peut-être une opportunité supplémentaire pour trouver un travail mais qu’on ne s’y trompe pas, le Luxembourg pour un Lorrain, ce n’est pas forcément toujours l’Eldorado.
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