1969-1977 : Le Festival en phase avec son époque
Modernisation
"Cannes n'est ni rouge ni blanc, ni bourgeois ni prolétaire. Sa seule ambition est de rester ce qu'il est, c'est-à-dire le plus important des rendez-vous annuels du monde du cinéma.". Ces paroles sont de Robert Favre le Bret, Président du Festival de Cannes. Les Etats généraux du cinéma, réclamés par François Truffaut lors de l'édition avortée de 1968, n'auront pas lieu, mais "le plus important des rendez-vous de cinéma" ressent le besoin de changement. Pour accompagner les films qui ont pris des formes nouvelles, le Festival doit se moderniser. Le mode de sélection est revu, il se libère des pressions diplomatiques et accueille de nouveaux formats, y compris le 16 mm. En 1969 naît la Quinzaine des Réalisateurs, seconde section parallèle, qui se veut un panorama mondial des films d'auteurs qui ne tiennent pas compte "des budgets ou des formats de tournage, de la censure ou des dosages politiques et commerciaux".
Cannes à l'avant-garde
La même année, le film Easy Rider, porte-parole de la culture hippie, se voit refuser son visa de sortie par Washington. Son réalisateur Denis Hopper remporte pourtant le "Prix de la première oeuvre", remis par un jury présidé par Luchino Visconti. En 1970, le Grand Prix international est décerné à M.A.S.H ., film de Robert Altman dénonçant la guerre de Corée. Le Festival relaie sur ses écrans l'évolution des mœurs et l'opposition à la guerre du Vietnam. En 1975, c'est un cinéaste algérien qui est récompensé. Mohammed Lakhdar Hamina reçoit la Palme d'Or pour Chronique des années de braise, par un jury présidé par Jeanne Moreau. La politique est toujours présente à Cannes, mais les pressions ont fait place à la contestation.
Icônes et monstres sacrés
Les célébrités qui ont fait la réputation du Festival restent fidèles au rendez-vous : déjà au firmament, comme Charlie Chaplin, qui crée une émeute à son arrivée en 1971, Groucho Marx, vêtu de jeans et coiffé d'un béret basque, John Lennon et Yoko Ono qui présentent chacun leur court-métrage... ou encore méconnues, tel Arnold Schwarzenegger qui se déplace à Cannes en tant que Monsieur Univers 1977. Les éditions sont rythmées par de nouveaux scandales relayés par la presse : en 1973, des CRS empêchent la projection d' Histoires d'A, qui décrit le déroulement d'un avortement ; en 1977 le président du jury Roberto Rossellini décerne une palme très controversée à Padre Padrone, des frères Taviani, mais ne donne ni Prix spécial du jury, ni Prix de la mise en scène. C'était la dernière fois : Robert Favre le Bret oblige désormais à décerner tous les prix principaux.
Jacques Demy, membre du Jury, revient sur le Palmarès 1977
Retour sur la polémique autour du palmarès 1977. L'ancien juré Jacques Demy s'explique sur l'attribution du prix à "Padre Padrone" des Frères Taviani, sur la posture du président du jury Roberto Rossellini et sur le désaccord avec le Président du Festival Robert Favre le Bret.
Le festival soutient les artistes
Autre coup d'éclat du Président du Festival : en 1969, Robert Favre le Bret projette le film d'Andrei Tarkovski, Andrei Roublev . Il en avait vu une version inachevée en URSS trois ans plus tôt, mais les autorités soviétiques empêchaient l'auteur de terminer son film. Les festivaliers sont enthousiasmés par l'œuvre. Les conditions de travail de Tarkovski seront améliorées par cet écho favorable. Ses films suivants, Solaris et Stalker, trouveront aussi le succès à Cannes. A l'avenir, la reconnaissance rencontrée à ce rendez-vous international permettra à d'autres auteurs de lutter contre la censure ou les difficultés financières. En s'ouvrant progressivement aux "films d'auteur", le Festival a fait connaître au plus grand nombre une "cinéphilie savante et indépendante", selon l'expression de Jean-Louis Fabiani[1], contribuant par là même à la construction de cette cinéphilie, en lui donnant une légitimité. [1]: Aux Marches du Palais, Le Festival de Cannes sous le regard des Sciences sociales, sous la direction d'Emmanuel Ethis, La Documentation française, 2001.
Polémique autour des "Mille et une nuits" de Pasolini
Conférence de presse de Pasolini après la projection des "Mille et une nuits", où il explique qu'il s'est laissé porter par le récit. Les critiques donnent ensuite leur avis sur le film, sur la sélection et commentent les réactions du public du Festival de Cannes.
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Le Festival à la croisée des chemins
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