« Le pacifisme est à l’Ouest et les euromissiles sont à l’Est »
13 octobre 1983
01m 42s
Réf. 00062
Notice
Résumé :
Lors de son voyage en Belgique, Mitterrand se livre à une constatation qui exprime son point de vue sur le phénomène pacifiste en Europe : « le pacifisme est à l’Ouest et les euromissiles sont à l’Est. Je pense qu’il s’agit là d’un rapport inégal ».
Type de média :
Date de diffusion :
13 octobre 1983
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Éclairage
Dès son arrivée à l’Élysée, Mitterrand est confronté à la crise des euromissiles.
L’installation des fusées soviétiques SS 20 permet à l’Union soviétique d’acquérir une supériorité militaire sur les forces de l’OTAN, du fait que ces dernières ne possèdent pas d’armes aussi modernes et efficaces pour y faire face. L'Europe est d’emblée à la merci de l’influence de Moscou, qui peut utiliser la menace de l’emploi des armes pour favoriser tout développement à l’Ouest conforme à ses intérêts, le principal étant celui d’éloigner les États-Unis de l'Europe afin de conjurer le risque d’une nouvelle invasion de son front occidental après celle de 1941. Se résigner à cette situation équivaut aux yeux de Mitterrand à vivre sous la dépendance, directe ou indirecte, de Moscou : une condition à rejeter pour un continent qui, au contraire, cherche à s’affranchir de la tutelle des deux Grands pour s’imposer comme un acteur majeur des relations internationales.
Le Président socialiste appuie alors la double décision de l’OTAN de 1979 de se donner comme objectif de rétablir l’équilibre militaire dans le contient, condition indispensable pour préserver son autonomie et son indépendance. Les deux volets s'expriment ainsi : les négociations américano-soviétiques sont les bienvenues pour s’efforcer de limiter la quantité d’armes intermédiaires au niveau le plus bas possible, mais si cet accord ne se fait pas, seul le déploiement des nouvelles armes américaines pourra conduire l’Europe à retrouver sa sécurité.
Ces propos vont résolument à contre-courant des slogans pacifistes, qui s’imposent lors des manifestations anti-nucléaires de l’époque : dans un continent où les armes nucléaires surabondent, les pacifistes estiment que de nouvelles armes ne font qu’accroître le risque de la confrontation entre les deux Grands, d’où la demande adressée aux gouvernements de ne pas consentir au déploiement des Pershing et des missiles de croisière américains afin de favoriser une issue négociée de la crise. Espoir bien illusoire en 1983, car Moscou ne veut pas renoncer à ses SS 20.
Ainsi, pour François Mitterrand, qui souhaite la paix par-dessous tout, le discours pacifiste présente une faille évidente : il ne tient pas compte du fait que des missiles menacent l’Europe, alors que, encore en octobre 1983, aucun missile américain ne menace l’Union Soviétique de la même manière.
L’installation des fusées soviétiques SS 20 permet à l’Union soviétique d’acquérir une supériorité militaire sur les forces de l’OTAN, du fait que ces dernières ne possèdent pas d’armes aussi modernes et efficaces pour y faire face. L'Europe est d’emblée à la merci de l’influence de Moscou, qui peut utiliser la menace de l’emploi des armes pour favoriser tout développement à l’Ouest conforme à ses intérêts, le principal étant celui d’éloigner les États-Unis de l'Europe afin de conjurer le risque d’une nouvelle invasion de son front occidental après celle de 1941. Se résigner à cette situation équivaut aux yeux de Mitterrand à vivre sous la dépendance, directe ou indirecte, de Moscou : une condition à rejeter pour un continent qui, au contraire, cherche à s’affranchir de la tutelle des deux Grands pour s’imposer comme un acteur majeur des relations internationales.
Le Président socialiste appuie alors la double décision de l’OTAN de 1979 de se donner comme objectif de rétablir l’équilibre militaire dans le contient, condition indispensable pour préserver son autonomie et son indépendance. Les deux volets s'expriment ainsi : les négociations américano-soviétiques sont les bienvenues pour s’efforcer de limiter la quantité d’armes intermédiaires au niveau le plus bas possible, mais si cet accord ne se fait pas, seul le déploiement des nouvelles armes américaines pourra conduire l’Europe à retrouver sa sécurité.
Ces propos vont résolument à contre-courant des slogans pacifistes, qui s’imposent lors des manifestations anti-nucléaires de l’époque : dans un continent où les armes nucléaires surabondent, les pacifistes estiment que de nouvelles armes ne font qu’accroître le risque de la confrontation entre les deux Grands, d’où la demande adressée aux gouvernements de ne pas consentir au déploiement des Pershing et des missiles de croisière américains afin de favoriser une issue négociée de la crise. Espoir bien illusoire en 1983, car Moscou ne veut pas renoncer à ses SS 20.
Ainsi, pour François Mitterrand, qui souhaite la paix par-dessous tout, le discours pacifiste présente une faille évidente : il ne tient pas compte du fait que des missiles menacent l’Europe, alors que, encore en octobre 1983, aucun missile américain ne menace l’Union Soviétique de la même manière.
Ilaria Parisi