Les 100 ans de la "S.C.A.R."
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Résumé
Witry-lès-Reims a été le berceau d’une entreprise automobile, la S.C.A.R. dont on fête les cent ans en organisant une exposition au musée de l’automobile de Reims. L’occasion de revenir sur une aventure industrielle méconnue.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
17 juin 2006
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Contexte historique
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L’histoire de l’automobile est émaillée d’innovations, mais surtout de couples mythiques tels Panhard et Levassor, De Dion et Bouton sans parler de Rolls-Royce. C’est le cas du duo, moins connu, formé par Albert-Victor Rayet et Emile Liénart, les fondateurs de la S.C.A.R., deux Parisiens d’origine qui se lancèrent dans l’aventure automobile. A cette époque, seule une trentaine de constructeurs automobiles existait et principalement en région parisienne. La France devançait d’ailleurs les Etats-Unis en termes de production automobile.
Le premier, mécanicien de formation, a travaillé à Nanterre, quant au second, lui aussi mécanicien, se révèle plutôt bon gestionnaire. Après avoir été associés dans une entreprise spécialisée dans la réparation et la vente automobile, ils décident de construire leurs propres voitures non en région parisienne où les terrains sont déjà très chers, mais en Champagne où Liénart avait de la famille.
C’est en 1906 que la Société de Construction des Automobiles Rémoises, une société en commandite au capital de 550 000 francs, s’installe à Witry-lès-Reims, dans une ancienne cidrerie, tandis que le siège social, lui, est basé à Reims. Le site, en effet, offre une position avantageuse entre Paris et les Ardennes dont proviennent la majorité des pièces de fonderie. L’usine est desservie par le chemin de fer, et enfin la présence d’une bourgeoisie viticole fortunée garantit à la fois une clientèle et de potentiels investisseurs. La première S.C.A.R. sortie de l’usine en 1906 est un 18/20 HP, doté d’un moteur 4 cylindres et d’un châssis solide et pratique ce qui assure son succès. Pour le conforter, ce modèle participe à une course automobile, la deuxième édition du Tourist-Trophy, sur l’île de Man en Angleterre. Bien que la voiture ait dû abandonner avant la fin, cette participation a eu néanmoins plusieurs effets positifs : succès auprès de la presse spécialisée et renommée de la S.C.A.R. hors de sa région d’origine.
Entre 1907 et 1914, la production s’accélère et atteint les quinze véhicules par mois tandis que la gamme s’élargit aux véhicules légers à moteur 2 cylindres, aux torpédos et aux camionnettes. Les méthodes de production s’améliorent même si on ne peut encore parler de système tayloro-fordisme. On estime que la S.C.A.R. aurait produit près de 350 véhicules et employé jusqu’à 400 ouvriers, ce qui en fait une entreprise importante de la région rémoise. Les S.C.A.R. continuent de participer à des courses automobiles, une voiture est engagée en 1911 dans la course Saint-Pétersbourg-Sébastopol, et dans le Tour de France automobile en 1912 dont l’impact publicitaire est considérable. C’est d’ailleurs à cette date que, à la suite d’une augmentation du capital, que la société devient une société anonyme, la Société Anonyme des Automobiles SCAR. Son sigle est lui aussi transformé, les lettres ne sont plus entrelacées mais simplement liées.
En 1914, la déclaration de guerre entraîne l’arrêt de la production. Le 3 septembre 1914, les troupes allemandes entrent à Reims et campent rue de l’usine à Witry. La ville est bombardée à plusieurs reprises, tant par les Allemands que par les Français. Ce sont les bombardements de 1915 qui détruisent une grande partie de Witry et la totalité de l’usine. En 1918, l’usine est reconstruite assez rapidement et reconvertie, sous la conduite de Rayet Père et Fils, dans la fabrication de pièces pour la réparation de véhicules, vente et achat d’engins militaires. La construction automobile est définitivement abandonnée car la concurrence de Peugeot et Citroën est trop forte. En 1924, la société est dissoute. Albert Rayet finit sa carrière comme représentant de la marque automobile strasbourgeoise Emile Mathis. Emile Liénart devient directeur commercial à Paris chez le constructeur automobile Brasier.
En 1928, l’usine est rachetée par la société Marelli spécialisée dans la fabrication de moteurs électriques qui l’a occupée jusqu’en 1978. Depuis, elle a connu plusieurs propriétaires.
Éclairage média
Par
Le journal du 19/20 de France 3 Reims choisit de consacrer un reportage aux cent ans d’une marque automobile rémoise, la S.C.A.R., Société de Construction Automobile Rémoise, à l’occasion de l’exposition souvenir organisée par le musée automobile de la ville et de la présentation de trois voitures. On est pleinement dans la mission dévolue aux antennes régionales de France 3. Cet événement est le prétexte qui sert à revenir sur un pan méconnu de l’histoire de la ville célèbre davantage pour ses champagnes et sa basilique que pour son passé industriel. Le journaliste la qualifie de « cité des sacres », - un jeu de mots par rapport au nom de la marque- pour introduire le sujet. Celui-ci, qui se déroule en voix off, se veut didactique et retrace l’historique de la région rémoise.
Ce fleuron industriel aurait pu permettre à la région de devenir « une grosse productrice d’automobiles » et de diversifier son tissu industriel très restreint hier comme aujourd’hui, marqué par la viticulture, le secteur alimentaire et la laine et l’élevage ovin - une activité qui a presque totalement disparu aujourd’hui. Avant 1914, une importante annexe du constructeur Panhard-Levassor y avait été installée de même qu’une fonderie spécialisée dans le gros outillage mais elles n’ont pas survécu à la guerre.
Le reportage se compose de trois petites interviews. La première, celle de Fabien Robart, un passionné d’histoire automobile, revient sur l’histoire de la S.C.A.R. et en donne les grandes dates. La journaliste complète ses propos en s’appuyant sur des photos d’archives montrant l’usine sous différents angles (intérieur, extérieur, ouvriers, machines). Celles-ci nous permettent de voir ce qu’est une petite usine automobile, bien loin de l’image traditionnelle de ces immenses chaînes de montage du quai de Javel ou de Billancourt, et les méthodes de travail utilisées à cette époque-là. On n'est plus ici dans un atelier de fabrication même si on note le rail qui court le long du plafond, la rationalisation du travail et la présence d’un bureau d’études.
Ensuite, nous sont présentés, à l’aide de photographies toujours, les deux fondateurs Albert-Victor Rayet et Emile Liénart, appelé à tort dans le reportage, Etienne. La deuxième interview du responsable du musée de l’automobile de Reims, Didier Carayon, est l’occasion d’évoquer les atouts de cette marque, en particulier sa carrosserie et de découvrir les voitures, leur esthétique, le choix des matériaux comme le cuir, le design du logo dont les lettres très art déco étaient savamment entrelacées. Enfin, la dernière, sans grand intérêt, revient sur la disparition de la société dont les locaux sont occupés aujourd’hui par une auto-école dont le directeur a voulu sauver les locaux de la destruction pour en conserver la mémoire et le patrimoine industriel.
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