Le projet Euroméditerranée
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A Marseille, le projet Euromediterranée s'inscrit dans un triangle gare St Charles - Joliette - Arenc. Le programme, ambitieux, prévoit le réaménagement urbain de la gare maritime, de la gare TGV, la création de bureaux et d'une université internationale ainsi que des logements. L'État, la Région et le Département financent les travaux qui sont étalés sur 10 ans.
Date de diffusion :
04 mai 1994
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Contexte historique
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L'opération Euroméditerranée, inscrite au centre de Marseille dans un triangle Joliette - Saint-Charles - Belle-de-Mai, symbolise la volonté de redynamiser l'économie marseillaise et la ville après des décennies de difficultés et de dévitalisation économique et sociale. Le reportage permet de visualiser les espaces concernés par le projet. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le système industrialo-portuaire qui, depuis la fin du XIXe siècle, avait fait la fortune du port et de la ville a commencé à s'effondrer. Vingt-cinq ans après, il n'en reste pratiquement rien. La disparition progressive des industries traditionnelles de Marseille (savonneries, huileries, réparation navale), les difficultés du port face à une concurrence européenne puis mondiale s'accompagnent d'une crise sociale dont le chômage et la précarisation croissante de couches de la population sont les signes les plus évidents. Au cours des années 1960 et 1970, le déclin économique de Marseille s'affirme alors que sa périphérie (Aix, Aubagne, Etang de Berre, Fos) est en pleine expansion. Ce décrochage a été longtemps masqué - y compris pour les responsables politiques locaux - par le dynamisme démographique (renforcé par l'installation des rapatriés d'Afrique du Nord en 1962), et l'activité immobilière qui s'ensuivait, au moins jusqu'à la fin des années 1970. Au milieu des années 1980, la rénovation du centre est redevenu une préoccupation, avec notamment l'arrivée du TGV en 1982, et les possibilités d'aménagement des friches portuaires (à l'image des waterfronts des grandes villes portuaires dans le monde) et des secteurs qui les bordent (Joliette, Docks, etc). En 1988, sous la municipalité Vigouroux, la Chambre de Commerce et d'Industrie puis l'AGAM (Agence d'Urbanisme de l'Agglomération Marseillaise) lancent l'idée d'un nouveau quartier d'affaires à La Joliette, baptisé Euroméditerranée. Son nom traduit le double ancrage recherché, européen et méditerranéen. L'idée est assez proche de celle des "centres directionnels" qui s'étaient multipliés dans les métropoles européennes et françaises (La Défense à Paris, La Part-Dieu à Lyon, quartiers cités dans le reportage) mais qui n'avait permis qu'un demi-succès (pour ne pas dire échec) au Centre-Bourse.
Pendant plusieurs années, le projet va s'enliser ("serpent de mer" dit le reportage), faute d'accord entre les parties, qui sont multiples : Ville, Port Autonome, Chambre de Commerce qui représente les milieux d'affaires, Région et Département sollicités pour le financement. Ce n'est qu'en 1992 que le projet prend véritablement corps après la signature d'un protocole d'accord entre la Ville et tous les partenaires concernés. Ce qui permet ensuite l'intervention de l'État et l'installation d'une mission de préfiguration. En 1995, Euroméditerranée devient Opération d'Intérêt National, l'État en est le maître d'ouvrage théorique et le principal financeur (à hauteur de 50 %) à travers un établissement public d'aménagement (EPAEM) présidé par Renaud Muselier, premier adjoint de Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille. Depuis 1997, Euroméditerranée est intégré dans le zonage "objectif 2" de l'Union Européenne (aide aux régions industrielles en crise), ce qui fait de l'Europe un partenaire et un financeur supplémentaire. Cette opération est particulièrement complexe à cause des coordinations nécessaires entre différents organismes publics aux logiques multiples souvent contradictoires. Elle s'appuie également sur un partenariat public-privé pour le financement des opérations.
Sur le plan spatial, Euroméditerranée constitue un puzzle discontinu, qui agglomère dans un périmètre opérationnel unique de 313 ha des projets assez éloignés dans leurs contenus et leur localisation. Du Fort Saint-Jean à la Friche de la Belle-de-Mai, en passant par la Joliette, Arenc et la gare Saint-Charles, le projet vise à réorganiser les accès au centre-ville et la circulation du secteur, à créer autour de la gare un pôle d'échanges multimodal, à rendre plus lisible et accessible l'interface ville-port, à améliorer les espaces publics, à construire ou réhabiliter des logements (11 500 logements neufs ou réhabilités prévus), à créer des services, des commerces et de nouvelles activités, parmi lesquelles s'affichent fortement des projets culturels (Belle-de-Mai et Fort Saint-Jean, Archives Départementales) et des secteurs high-tech (téléphonie, informatique etc..). Grand projet urbain qui s'inscrit dans des quartiers fortement précarisés, Euroméditerranée vise à retrouver une mixité sociale en privilégiant les fonctions d'habitat et d'animation urbaine. Sur le plan économique, des résultats tangibles peuvent être mis au crédit de l'opération, avec la construction du siège social du principal armateur français CMA-CGM, l'installation de nombreuses entreprises des secteurs de pointe et donc un solde positif d'emplois créés ou transférés. Sur le plan urbain, l'aménagement de la place de la Joliette, des Docks, de la gare Saint-Charles, la construction de nouveaux programmes de logements, de grands équipements (Archives Départementales Gaston Defferre), le réaménagement en cours des accès à la gare maritime et des circulations le long du port ont transformé le quartier de fond en comble. Prévu pour durer dix ans, le chantier n'est pas terminé à ce jour.
Thérapie de choc pour l'économie marseillaise, Euroméditerranée vise également à améliorer l'image de Marseille et à faire de la ville une véritable métropole à l'échelle régionale et méditerranéenne.
Transcription
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