Conférence de presse du 5 septembre 1961
Notice
Lors d'une conférence de presse tenue à l'Elysée le 5 septembre 1961, le général de Gaulle évoque plusieurs questions d'actualité : la crise de Berlin, la situation en Algérie, la question de la base de Bizerte, la modernisation de l'agriculture française, la perspective de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun.
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Éclairage
Le 5 septembre 1961, le général de Gaulle tient sa cinquième conférence de presse depuis qu'il est à la tête de la Cinquième République. C'est un exercice dont il a l'habitude : sorte de bilan prévisionnel effectué deux fois l'an, destiné à exposer les positions officielles de la France sur les grandes questions de l'heure, il s'agit aussi de s'adresser au peuple directement, sans intermédiaire, pour lui expliquer ce qui a été fait, et ce qui doit être encore accompli. Les journalistes l'interrogent tout d'abord sur Berlin, où les Soviétiques ont bâti, en août 1961, un mur ayant pour objet l'arrêt du flot des réfugiés qui rejoignent les secteurs occidentaux, dans le but d'échapper à la dictature communiste. Le général de Gaulle réitère fermement sa condamnation de l'URSS, dont la politique s'oppose aux accords de Postdam de 1945, et, dit-il, menace la paix du monde. Le président poursuit sa conférence sur la question du drame algérien. Depuis le référendum de février sur l'autodétermination et l'ouverture des négociations en mai, les événements dramatiques se succèdent : l'Organisation Armée Secrète (OAS), créée durant l'été, multiplie les attentats à l'explosif en métropole ; au printemps, la tentative de coup d'État de quatre généraux (Challe, Jouhaud, Zeller rejoints par Salan) avait contraint le Général à intervenir sur les ondes télévisées pour exiger le retour à l'ordre ; en octobre, à Paris, la manifestation des Musulmans de la région parisienne - organisée à l'appel du F.L.N. - était violemment réprimée. C'est dans ce contexte extrêmement tendu que de Gaulle réaffirme la volonté de "désengagement" de la France. En effet, la dernière phase des négociations - rompues le 13 juin 1961 sur la question du Sahara - reprendra quelques mois après cette conférence, le 11 février 1962, engageant alors le pays - plus de sept ans après le début de la guerre - à tourner définitivement la page de la colonisation. Il revient également sur la question de Bizerte, en Tunisie, où un accord signé en juin 1958 autorisait la marine française à y établir une base militaire. Mais, en juillet 1961, le gouvernement tunisien de Bourguiba - qui négociait depuis le début de l'année pour une évacuation des troupes françaises - lançait une attaque contre cette garnison, à laquelle la France ripostait, acte condamné quasi unanimement par les instances internationales. Un arrangement sera finalement trouvé en 1962, et la base évacuée l'année suivante. Enfin, le général de Gaulle - interrogé sur la question du Marché commun, et plus particulièrement sur celle de l'agriculture - indique dans quel sens la politique française doit s'orienter quant à l'union économique de l'Europe. En décembre 1961 en effet, s'ouvrira le premier "marathon agricole" qui verra la mise en place d'un accord sur une Politique agricole commune (PAC) en janvier 1962. Mais, cette étape sera vite suivie par des obstacles, notamment à cause du refus du général de Gaulle de voir entrer la Grande-Bretagne dans le Marché commun.