Le Maroc et l'indépendance de la Mauritanie
Notice
Non diffusé, ce reportage des Actualités françaises défend la souveraineté marocaine sur la Mauritanie.
Éclairage
La Mauritanie est peu représentée dans le journal des Actualités françaises, au contraire de la Tunisie, du Maroc et surtout de l'Algérie. Ce curieux reportage réalisé en 1960 semble avoir été produit par la société des Actualités françaises mais n'a jamais été diffusé en salle. La raison tient probablement à la thèse défendue par le journaliste, qui prend explicitement le parti du Maroc dans l'affaire mauritanienne.
Membre de la Communauté française, la Mauritanie accède à la pleine indépendance en 1960. Le Maroc, toutefois, dénonce dans le nouvel État une création artificielle, héritée directement de la colonisation française. Il prétend exercer sa souveraineté sur le territoire, se fondant sur la thèse d'un « Grand Maroc », défendue depuis 1955 par Allal El-Fassi. Une carte présente au spectateur ce Maroc historique, s'étendant « de Tanger jusqu'à Saint-Louis du Sénégal », dont seule la partie nord aurait été « libérée ». Mohammed V a repris ces revendications territoriales à son compte en 1958. Quelques chefs mauritaniens gagnent Rabat, parmi lesquels l'émir du Trarza, Fal Ould Oumeir, nommé ministre d'État en novembre 1960. Le journaliste ne manque pas de mettre en avant la présence de Mauritaniens dans les plus hautes instances de l'État marocain. Il oppose ces derniers au « pseudo gouvernement » de Moktar Ould Daddah qu'il décrit comme entièrement soumis à la France.
De fait, le reportage semble s'inscrire dans la campagne de presse initiée par le royaume pour défendre ses prétentions sur la Mauritanie. La perspective de l'indépendance mauritanienne donne lieu à une véritable offensive diplomatique tout au long de l'année 1960. Des missions « d'amitié et de bonne volonté » sont dépêchées aux quatre coins du monde pour défendre la thèse marocaine. Le livre blanc du 4 novembre 1960 expose les fondements historiques et juridiques de ces revendications. Le gouvernement chérifien n'hésite pas à porter la question mauritanienne devant l'Organisation des nations unies, sans guère de succès : la République islamique de Mauritanie est admise à l'ONU en octobre 1961.