La sidérurgie lorraine : une industrie résiliente
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Deux ans après la naissance d’Arcelor en 2001, le reportage fait le bilan des mutations de la sidérurgie lorraine. Il souligne à la fois la désindustrialisation massive, mais aussi les transformations de cette industrie qui reste un poids lourd de l’économie lorraine, même si son avenir est encore incertain
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Date de publication du document :
16 nov. 2022
Date de diffusion :
28 janv. 2003
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Si l’activité sidérurgique est attestée dans la région depuis l’Antiquité, c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle, le siècle de l’industrialisation française, que naît véritablement une industrie lorraine du fer, la sidérurgie, bénéficiant de la présence de vastes forêts fournissant le combustible nécessaire, le charbon de bois, puis du charbon de terre (la houille) extrait des mines, et la matière première, le minerai de fer, ici de la minette. Le bassin lorrain, du nom que l’on donne à cette région devenue cœur industriel de la France entre 1860 et 1914, malgré l’occupation partielle de l’Empire allemand, s’intègre en fait dans l’espace transfrontalier réunissant aussi Belgique, Luxembourg et Allemagne.
L’industrie lorraine du fer a été créée par des petits maîtres de forges. Elle se caractérise donc jusqu’aux années 1960, par une concentration faible même si quelques entreprises importantes existent. Cette structure ne constitue cependant pas un frein à son essor durant un siècle, marqué par le poids croissant du fer dans tous les secteurs de l’activité économique (chemin de fer, construction navale, architecture, électroménager …), et bénéficiant de la création dès 1951 de la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier, qui place le fer et la Lorraine au cœur de la reconstruction du continent et de la construction d’une Europe unie, après un siècle de guerre fratricide dont elle a été un des enjeux économiques. Pour la région, les activités minières et sidérurgiques, le plus souvent intégrées, sont les moteurs de l’économie locale et offrent des emplois en quantité presque infinie : 100 000 personnes travaillent dans la filière sidérurgique au milieu des années 1960 et la Lorraine produit 70 % du fer français, contribuant à faire de la France un champion européen du secteur. La Lorraine est bien le pays du fer.
Pourtant les difficultés s’accumulent très vite après un siècle de grande prospérité. Les années 1960 font éclater au grand jour les faiblesses structurelles et conjoncturelles du bassin lorrain : diminution de la demande des Trente Glorieuses (croissance ralentie et apparition de nouveaux produits plus léger que le fer), concurrence des produits sidérurgiques européens et asiatiques (Japon puis Corée du Sud), concurrence aussi du minerai étranger de meilleure qualité que la minette lorraine et qui bénéficie de la baisse des coûts du transport maritime, nécessité de construire des unités de production utilisant des procédés plus performants mais qui demandent des investissements que les entreprises lorraines n’ont pas souvent les moyens de réaliser. Le fer sorti des usines lorraines n’est pas compétitif.
Les premiers plans de suppression d’emplois datent des années 1960 mais passent relativement inaperçus car les licenciements sont facilement absorbés par le prospérité générale et l’essor des services. L’État et le patronat s’en inquiètent cependant. L’exécutif mené par le Général de Gaulle, partisan du dirigisme économique dans un libéralisme encadré, favorise le regroupement des entreprises pour créer des champions nationaux, Usinor et de Wendel (plus tard Sacilor). Il encourage aussi la relocalisation de l’industrie sidérurgique au fil de l’eau, à Fos-sur-Mer en Méditerranée et à Dunkerque en Manche, pour réduire les coûts de transport. Cet interventionnisme public et la stratégie de concentration verticale (pour contrôler toute la filière) et de modernisation de certaines entreprises ne fait que ralentir le déclin de la filière, qui devient rapide et brutal avec la crise économique qui débute en 1974. La Lorraine sidérurgique entre alors dans un cycle de 20 ans marqué par les fermetures de sites, les licenciements et le démantèlement de ses cathédrales de fer. Pour autant, contrairement aux activités minières, elle ne disparaît pas et se réorganise en profondeur pour rester un emblème de l’économie locale, autour de son champion Usinor, issu de la concentration des entreprises sidérurgiques françaises.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Deux ans après la création d’Arcelor, le journal régional de France 3 Lorraine propose en janvier 2003 un court sujet sur la sidérurgie lorraine. C’est pour le journaliste l’occasion de faire un bilan et d’interroger l’avenir. Doit-on parler d’une désindustrialisation de la Lorraine ?
Le reportage est très didactique. Il est construit de façon chronologique, couvrant la période des années 1960 à 2001. Il mobilise une infographie claire qui donne quelques grands repères chiffrés et spatiaux signifiants. Les images qui illustrent le reportage sont iconiques avec un travelling montrant une cité ouvrière et des hauts-fourneaux, et le travail des hommes du fer
(expression du sociologue Serge Bonnet) sur le plancher de coulée, avec leurs combinaisons ignifugées dans un espace de feu, de chaleur et de fumée. Ces représentations, presque intemporelles, ont tendance à gommer toutes les transformations économiques, technologiques et sociales de l’activité. Elles permettent cependant d’amorcer un travail de découverte de l’activité sidérurgique et de son emprise spatiale.
Ce travail peut se poursuivre par une analyse historique de son évolution, en prenant appui sur les chiffres et les éléments de commentaire. Après avoir présenté le déclin de la sidérurgie, le journaliste précise en effet quelques étapes essentielles des années 1970, en pointant en particulier le rôle de l’État, pour aboutir à la création récente d’Arcelor en 2001 et aux questions en suspens au moment du reportage en janvier 2003.
Les chiffres témoignent de la désindustrialisation avec un effondrement de la part de la production lorraine et des effectifs entre 1964 et 2001. L’État français a pourtant essayé de freiner ce recul dès les années 1970, avec une intervention massive dans ce secteur stratégique. Cette intervention a commencé dès le gouvernement Barre qui a de fait nationalisé les deux groupes Usinor (surtout implanté dans le Nord) et Sacilor (surtout implanté en Lorraine), faisant supporter par le contribuable le poids des dettes tout en lançant une restructuration du secteur marquée par des fermetures de sites, des regroupements autour des deux groupes et des licenciements. Si les conséquences sociales sont en partie atténuées par une politique d’accompagnement (prime de départ, retraite anticipée …), ce sont tout de même près de 30 000 emplois qui sont perdus entre 1974 et 1980.
L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 entraîne la nationalisation effective d’Usinor et de Sacilor, avec la volonté de relancer l’activité et sauvegarder les emplois. Mais dès 1984, le gouvernement Fabius lance le Plan acier qui entérine la même politique faite de suppressions d’emplois et d’une concentration sur quelques sites modernisés autour de la vallée de la Fensch. En 1986, les deux entreprises fusionnent sous la direction de Francis Mer et en 1995, le groupe Usinor est privatisé. La sidérurgie lorraine est alors une activité très concentrée, compétitive, spécialisée dans des productions à forte valeur ajoutée nécessitant un personnel peu nombreux mais qualifié. C’est modernisation coûteuse sur le plan social (rupture des liens entreprise-ouvriers, licenciements massifs) permet cependant de faire de la sidérurgie une activité motrice de l’économie lorraine, comme le souligne le journaliste.
En 2001, la fusion d’Usinor avec ses concurrents espagnol et luxembourgeois donne naissance à Arcelor, alors leader mondial de l’acier. L’objectif est d’avoir les moyens de rester un leader technologique, ce qui passe encore par des fermetures de sites, celui de Florange étant alors le plus menacé en 2003.
Le reportage montre finalement les mutations industrielles vécues à partir de 1975, sous l’effet de la libéralisation de l’économie mondiale. Autant qu’une désindustrialisation, on peut avancer que la Lorraine a connu une réindustrialisation, marquée par des transformations économiques, sociales et spatiales profondes de son activité sidérurgique.
Transcription
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