Le trafic fluvial dans la région Grand Est
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La création de la nouvelle grande région offre des perspectives inédites en matière de navigation commerciale : en effet, le territoire est traversé par de nombreuses voies navigables faisant de la région Grand Est la deuxième région fluviale de France.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
18 avr. 2016
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L’étude de ce reportage peut s’inscrire dans le programme de géographie de Seconde et plus précisément dans la question spécifique sur la France : « Mobilités, transports et enjeux d’aménagement ». Elle peut également être envisagée dans le thème conclusif du programme de géographie de terminale, qui aborde la question de l’attractivité du territoire de proximité.
On trouve dans la région Grand Est trois bassins hydrographiques : le bassin Rhin-Meuse inscrit en totalité dans la région, le bassin Seine-Normandie à l’ouest de la région, couvrant 41% de son territoire, et le bassin Rhône-Méditerranée qui concerne une petite surface du sud de la région sur les départements de la Haute-Marne et des Vosges. Ces bassins sont aménagés avec un important réseau de voies navigables à grand gabarit relié aux ports maritimes du Nord.
Le Grand Est est donc une plaque tournante à la croisée de trois corridors fluviaux européens : Rhin/ Alpes, Rhin/Danube et Mer du Nord/ Méditerranée. La navigation fluviale apparaît comme un atout non négligeable dans l’attractivité de la région.
Les ports fluviaux du Grand Est sont en effet reliés à la mer du Nord, épicentre de la navigation commerciale en Europe. Cette façade maritime est appelée le « range nord-européen » ou la « rangée nord-européenne », traduction de l'expression anglaise Northern range. Elle désigne la concentration des principaux ports européens alignés le long du littoral méridional de la mer du Nord, avec des ports comme Rotterdam, Anvers ou Zeebrugge.
La Seine permet quant à elle des liaisons fluviales avec l’Ile-de-France et les ports de Rouen, Le Havre et Paris qui reste le premier port fluvial en France, même si le maillage fluvial reste essentiellement petit gabarit. Les voies navigables de la région sont également interconnectées entre elles par des canaux au gabarit Freycinet, comme le canal de la Marne au Rhin. La région bénéficie par ailleurs d’un bon maillage de ports intérieurs assurant l’intermodalité entre le fluvial et les autres modes de transport. Le réseau navigable intérieur représente 1.635 kilomètres, dont 358 au grand gabarit.
Jusqu’au XVIIIe siècle, la batellerie est essentiellement régionale. A partir du XVIIIe siècle, les différents bassins fluviaux du pays sont unis par des « canaux de jonction », qui permettent le développement de flux commerciaux de plus en plus intenses à travers le territoire. Le XIXe siècle ouvre une nouvelle ère : celle de la « canalisation généralisée » c’est-à-dire la constitution d’un réseau de voies de navigation entièrement artificielles, et normées à l’image du gabarit Freycinet. La navigation intérieure s’adapte en effet aux besoins de transports considérables de l’industrie lourde : au début du XXe siècle, 12 000 bateaux de canal transportent les quantités considérables de charbon et minerais nécessaires à l’industrialisation. Mais seul le quart Nord-Est du pays bénéficie de cette canalisation généralisée ; les cours d’eau des autres régions de France, subissent la concurrence féroce du rail et voient leurs batelleries décliner peu à peu. En 1868, La convention de Mannheim rend la circulation sur le Rhin libre et gratuite. Cet accord international est toujours en vigueur aujourd’hui.
Dans ce reportage, sont présentés successivement les ports de Strasbourg, Metz et Nogent sur Seine. (Le port de Givet est cité seulement). Mais les dénominations de ces ports abritent des entités plus larges : Le Port Autonome de Strasbourg (PAS) regroupe tous les ports du département du Bas-Rhin situé sur le Rhin. Les ports de Mulhouse-Rhin regroupent les ports de l’Île Napoléon, situé sur le canal du Rhône au Rhin, d’Ottmarsheim, situé à la jonction du Rhin et du canal du Rhône au Rhin, et de Huningue, situé sur le Rhin. Les Ports de Moselle sont constitués du port de Thionville-Illange et du port de Metz
Le réseau fluvial de la région est géré par les Voies Navigables de France, qui est responsable de l’entretien des canaux et cours d’eau ouverts à la navigation commerciale. Le Grand Est est couvert par trois directions territoriales organisées par bassin : VNF bassin de la Seine, VNF Nord-Est et VNF Strasbourg. Ainsi, les ports de Strasbourg, de Mulhouse-Rhin et de Moselle se classent respectivement au 2ème, 3ème et 6ème rang des ports fluviaux français. Le nouveau port de Metz est le premier port fluvial céréalier de France, celui de Thionville-Illange est le septième port fluvial français et le premier pour les produits métallurgiques. Le port de Nogent sur Seine est davantage tourné vers l’Ouest et vers le port du Havre.
Tous ces ports constituent des plateformes portuaires multimodales : ils combinent au transport fluvial les transports routiers et ferroviaires en mettant en place des installations multimodales de transbordement de conteneurs, pour laquelle la demande croît fortement. La voie d’eau est en effet compétitive pour les échanges internationaux. En effet, la plupart des échanges fluviaux de la région s’effectue à l’international (environ 85%),et plus particulièrement avec les ports de la Mer du Nord ou de la Baltique. D’autre part, en termes de volume, les exportations représentent quasiment le double des importations. 21% du tonnage total des flux internationaux dans la région empruntent la voie fluviale. (74% la route et 5% le train). Ces flux internationaux sont caractérisés par une proportion forte de produits énergétiques (60% des importations), de produits agroalimentaires et sylvicoles (61% des exportations) et des matériaux d’extraction et de construction (35% des exportations) Près de 21 millions de tonnes de marchandise ont ainsi transité par les ports de la région en 2019.
Éclairage média
Par
Le reportage s’inscrit dans une nouvelle rubrique du journal intitulée ACAL, l’acronyme d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, appellation provisoire de la nouvelle région en ce mois d’avril 2016. En effet, dans le cadre de la réforme territoriale adoptée en 2015, la France est passée de 22 à 13 régions. Le nom définitif, « Grand Est » a fait l’objet d’un décret en conseil d’Etat le 28 septembre 2016, après des sondages auprès de la population et d’un vote au conseil régional. Cette rubrique proposée par France 3, a pour vocation de mieux faire connaître aux téléspectateurs les enjeux de cette nouvelle grande région.
Le reportage se veut très optimiste sur le potentiel du transport fluvial dans la région, considérant que la grande région va dynamiser l’activité et permettre une forte coopération. Ce propos mérite d’être nuancé.
En effet, si le mode de transport fluvial est bien représenté dans les flux internationaux (à l’échelle européenne), il est sous-utilisé dans le cadre des trafics inter-régionaux (2% des flux de la région vers les autres régions françaises). La région Grand Est est par ailleurs aujourd’hui perçue comme un « cul de sac » fluvial, en l’absence de liaison fluviale directe grand gabarit Est-Ouest vers le sud mais aussi en raison du manque de connexions des bassins hydrographiques du Grand Est vers le Rhône. De plus, à l’image du réseau capillaire ferroviaire, le réseau fluvial « petit gabarit » souffre d’un manque d’attractivité et connaît des trafics relativement faibles.
Le sujet du tourisme fluvial n’est pas abordé dans le reportage mais pourrait être évoqué. La location de péniches sans permis et l’organisation de croisières constituent une niche touristique qui tire profit des différents canaux dont dispose la région, à l’exemple du canal de la Marne au Rhin. En pleine croissance, il pourrait être favorisé par le développement d’une offre touristique complémentaire, sur l’eau (pêche, sports nautiques) et sur terre (véloroute, patrimoine, équipements sportifs). Par ailleurs, depuis 2018, la péniche itinérante de la région Grand Est parcourt les canaux et propose aux habitants et touristes de passage une programmation d’événements divers (concerts, théâtre, théâtre de rue, conférences, cinéma…).
Le reportage insiste sur la complémentarité de ces ports plutôt que sur leur concurrence : une coopération semble être envisagée dans le cadre de la grande région. Cette stratégie de développement ne s’appuie cependant pas seulement sur les collectivités territoriales mais aussi sur les nouveaux opérateurs portuaires privés. Par exemple, après trois ans de concertation, trois opérateurs viennent d’être désignés pour gérer la navigation fluviale au long de la Moselle au cours des trente prochaines années. La chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle, ArcelorMittal et CFNR Transport, filiale du groupe allemand Rhénus, exploiteront conjointement neuf ports publics et deux ports privés du nord au sud de la rivière. Le but est de relancer une activité en déclin, avec la baisse de tonnage de la sidérurgie et la concurrence à laquelle se livrent les bassins de Metz, de Thionville et de Nancy. La tendance est donc à la création de nouvelles sociétés d’économie mixte à opérateur unique, même si une gestion interconnectée entre les différentes plateformes est toujours envisagée, pour éviter des concurrences contre-productives. Cette coopération est aujourd’hui encore à réellement mettre en oeuvre par la région, qui mène également une réflexion sur une coopération portuaire transfrontalière à la fois sur le Rhin et sur la Moselle.
Les projets dans le domaine fluvial sont en tout les cas multiples pour la région Grand Est : outre la mise à grand gabarit du Canal Bray-Nogent sur Seine, prévue en 2023, la région veut poursuivre la modernisation du réseau, renforcer l'accessibilité des ports, développer l’offre multimodale, autant d’améliorations envisagées dans le cadre du programme européen RTE-T2 (Réseau transnational européen de transport), qui vise à une harmonisation de la politique européenne de transport à l’horizon 2030.
L’activité fluviale, si elle n’est pas encore optimale dans la région Grand Est, a un réel potentiel qui pourrait conduire notamment à un report modal pour faire face à la saturation routière, et permettre de répondre à la nécessité pour les territoires de s’orienter vers une logistique plus vertueuse et responsable, et de concilier l’attractivité économique et la préoccupation environnementale.
Transcription
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Thierry Gelhaye
Et comme chaque lundi, nous vous proposons justement un éclairage pour mieux connaître notre nouvelle Grande Région.Cette nouvelle dimension territoriale, qui ouvre de nouvelles perspectives.Exemple, ce soir avec le réseau fluvial, le Grand Est est aujourd’hui la deuxième région fluviale de France, Gregory Fraize et Jérôme Gosset.
Gregory Fraize
Des centaines de conteneurs empilés, transportés par des portiques géants, chargés à bord des navires, avec aussi des céréales, du pétrole, des matériaux, ce sont plus de 8 millions de tonnes de marchandises qui passent chaque année par le port de Strasbourg.Certes, cela représente à peine 15 jours d’activités du port de Rotterdam, mais à l’échelle du pays, c’est beaucoup.Nous sommes ici dans le deuxième port intérieur français après Paris.Et si cette plateforme presque centenaire est si importante, c’est grâce à un fleuve.
Jean-Louis Jérôme
La force de ce port, c’est le Rhin, qui est l’autoroute fluviale européenne, avec près de 300 millions de tonnes qui transitent sur le Rhin, la flotte de bateaux la plus importante en Europe et la possibilité de rejoindre les ports maritimes de Rotterdam ou d’Anvers et à partir de là, de partir sur le monde entier.
Gregory Fraize
L’accès à la Mer du Nord et à ses routes commerciales maritimes, un point commun à tous les ports du Grand Est.Celui de Metz a vu le jour à la fin des années 60, pour satisfaire les besoins de la filière sidérurgique.Lorsqu’elle a commencé à décliner, les coopératives agricoles ont profité de l’infrastructure et y ont installé des silos.4 millions de tonnes de céréales transitent ici, dans ce qui est aujourd’hui le premier port céréalier de France.
Jacques Kopff
Nous sommes dans une région où il y a énormément de terres agricoles, énormément de production de blé, mais aussi parce que la Moselle se jette dans le Rhin.Et puis, toutes les filières de transformation, que ce soit alimentation du bétail ou alimentation humaine, sont situées dans le Nord de l’Europe, en Allemagne, en Belgique et en Hollande.
Gregory Fraize
En Champagne-Ardenne, il y a le port de Givet sur la Meuse et un accès direct vers le Nord.Mais, il y a aussi Nogent sur Seine orienté plutôt vers l’Ouest, vers Paris et le port maritime du Havre.Seulement 150 000 tonnes de marchandises traitées annuellement, mais cela pourrait changer.Actuellement, le rétrécissement de la Seine ne permet pas le passage des gros navires.Mais sa mise à grand gabarit entre Nogent et Bray, sur 17 kilomètres, un projet vieux de 30 ans, pourrait, s’il voit enfin le jour, doper l’activité du port de l’Aube et le faire rentrer dans la cour des grands.
Christophe Brunet
Nous attendons, parce qu’en fait, notre zone de chalandise va s’agrandir d’autant, c’est-à-dire que des produits qui partent aujourd’hui par camion vers Rouen ou vers la région parisienne, cette marchandise, on peut espérer un report modal, c’est à dire de la route vers le fluvial et nous pourrons aller chercher des produits dans les terres beaucoup plus loin pour les ramener au fleuve.
Gregory Fraize
Avec la naissance de la Grande Région, ces ports, plus complémentaires que concurrents, comptent bien renforcer leur coopération pour se faire connaître, gagner des parts de marché, développer l’emploi et aussi intensifier aux yeux des entreprises du monde entier l’attractivité de tout le Grand Est.
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