La libération de Metz, Belfort et Strasbourg
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Résumé
Le document est une présentation de la libération de Metz par les armées américaines : capitulation des troupes allemandes puis remise de la ville aux Français. Il présente ensuite des images de la reconquête de Belfort avec notamment le défilé des tirailleurs, et il montre enfin la libération de Strasbourg par Leclerc et les cérémonies et défilés auxquels elle a donné lieu.
Langue :
Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
30 nov. 1944
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- 00131
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Contexte historique
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Le film d’information, diffusé le 30 novembre 1944, relie en un seul ensemble des événements de la fin novembre 1944, à savoir les libérations de Metz (22 novembre), Belfort (20-25 novembre) et Strasbourg (23 novembre) : il s’agit - hormis les poches de résistances allemandes sur le territoire français - de la fin de la Libération du pays, par un territoire éminemment symbolique puisqu’au cœur des rivalités franco-allemandes. L’attention portée au « lion de Belfort », dans ce contexte, n’est pas anodine, s’agissant de la seule place alsacienne demeurée française en 1871 du fait de sa résistance. De fait, ce mouvement s’inscrit dans le contexte de la progression des troupes américaines en France à partir des débarquements de Normandie et de Provence (6 juin et 15 août 1944), et marque ici la réunion de ces deux poussées en direction de l’Allemagne. Le documentaire insiste surtout sur le rôle des troupes françaises, et notamment des armées de Leclerc et de De Lattre de Tassigny, dont le rôle sur le théâtre d’opération africain est rappelé – de même que la présence de combattants venus « de toutes les régions de France et de l’empire ».
Si la chronologie est largement compressée (la prise de Belfort n’est pas encore pleinement achevée quand commence l’attaque sur Strasbourg), il s’agit de montrer la manière dont les troupes de Leclerc et De Lattre de Tassigny procèdent à la libération de ces villes, en évoquant aussi la remise en place des pouvoirs civils (ainsi la remise de Metz par le général Walker au général Dody se fait en présence du préfet) aussi bien que religieux (l’évêque de Metz, lui aussi, peut regagner sa ville). Dans le même temps, les images de l’« orgueilleuse » garnison allemande menée prisonnière comme un « troupeau » à travers les rues de la ville peut servir d’exutoire aux passions liées à la guerre – et de manière plus acceptable sans doute que la répression contre les collaborateurs.
L’essentiel, cependant, est de louer le courage des soldats qui affrontent l’ennemi dans des conditions difficiles : la majorité des images montre la progression des troupes face à un environnement hostile (cours d’eau à traverser), des patrouilles de nettoyage des villes, ou encore les cérémonies et défilés militaires visant à célébrer la victoire. Dans ce contexte, le rôle des différentes composantes de l’armée française est rappelé : les blindés, assurément, mais aussi les « tirailleurs » coloniaux dont le défilé dans Belfort est longuement montré, et qui sont présentés comme les premiers à être entrés dans la ville.
La fin du reportage, évoquant le défilé à travers une Strasbourg dont les faubourgs « débouchent sur le Rhin » sous-entend que la poursuite des combats doit dorénavant se faire en direction de l’Allemagne.
Éclairage média
Par
Ce film est tourné par France Libre Actualité, qui prend, entre le 5 septembre et le 31 décembre 1944 le relais du vichyste France-Actualité et produit en situation de monopole de fait des journaux d’information. Il s’agit d’une émanation du Comité Français de Libération du Cinéma, d’obédience plutôt communiste, qui s’est d’abord illustrée par la réalisation du Journal de la Résistance consacré à la libération de Paris, filmée en direct. Avant d’être remplacé en 1945 par les Actualités Françaises, qui marquent le retour d’un monopole étatique sur la production de l’information filmée, France-Libre-Actualité réalise des journaux hebdomadaires à destination du marché français.
Ce film témoigne de certaines préoccupations des autorités françaises. En premier lieu, il célèbre de manière éclatante les victoires accumulées, en égrenant les villes libérées : Metz, Belfort, Strasbourg, et en donnant l’impression d’une poussée continue liant ces trois prises – Belfort est ainsi présentée comme la « porte de l’Alsace ». Pour autant, cela néglige la longue résistance d’une partie des troupes allemandes : les derniers forts autour de Metz résistent encore en décembre, par exemple, et Strasbourg n’est définitivement sécurisée qu’en 1945. De même, la libération de Strasbourg est loin de marquer la fin des combats en Alsace. Il s’agit donc nettement de livrer un discours victorieux apte à mobiliser les Français.
Dans ce cadre, le traitement du rôle des Etats-Uniens n’est pas innocent : si leur rôle est évoqué pour la prise de Metz - mais ils remettent bien vite les clés de la ville aux Français -, ils ne sont plus présents ensuite, ni pour Belfort (sauf pour une éphémère rencontre entre Eisenhower et De Lattre de Tassigny), ni pour Strasbourg, ce qui permet de donner la part belle aux troupes françaises – dans toute leur hétérogénéité : le commentateur insiste à Strasbourg sur les origines variées des soldats, venus de toutes les régions de France et de l’empire. De même, de longs instants sont consacrés à la revue de troupes par Leclerc sur la place Kléber. La Libération de Strasbourg, présentée implicitement comme la dernière pierre de la libération du pays, est une œuvre collective nationale, dont les prémices remontent à l’engagement de la France Libre, puisque le serment de Koufra de Leclerc de 1941 de ne déposer les armes qu’une fois Strasbourg reprise est opportunément rappelé. C’est ainsi que « la plus personnelle des provinces sait être la plus française », et que parallèlement, ce sont tous les Français qui ont l’œil aimanté par la flèche de la cathédrale et qui se réjouissent du défilé triomphal du drapeau tricolore. On retrouve donc la préfiguration, ici, du discours gaulliste sur la libération du pays par ses propres forces.
L’absence de toute mention à la résistance pourrait alors paraître surprenante, mais est sans doute liée à la nature des images : contrairement au Journal de la Résistance, il s’agit ici d’images filmées au sein des armées : de fait, on ne voit essentiellement que des opérations loin des combats (traversées de rivières,…) ou des patrouilles en ville dont le montage visuel et sonore est destiné à donner une impression de danger (ainsi à 2 min 30-2 min 45). Le traitement de la libération de Strasbourg permet ainsi le passage d’une ambiance angoissante sur fond de son de canonnades et de rafales de tirs, au défilé au son du clairon célébrant la victoire, dans une sorte de résumé de la guerre elle-même. Pour autant, la population civile n’est pas absente de ce film : son unanimité à célébrer la libération est montrée est rappelée, tant à Metz qui « française de cœur » le redevient « de corps » qu’à Strasbourg où les drapeaux et cocardes finissent par fleurir.
Transcription
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