L’emploi des frontaliers dans la région Grand Est
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Ce reportage, basé sur un rapport de l’INSEE, concerne l’emploi des frontaliers dans la région Grand Est, favorisé par l’omniprésence de quatre frontières. Ainsi, ceux que l’on appelle les "navetteurs" travaillent dans l'industrie en Allemagne et Suisse, et dans les services, les finances et les assurances en Belgique et Luxembourg.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
04 avr. 2016
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Contexte historique
ParProfesseure certifiée d’histoire-géographie au collège Paul Langevin à Hagondange
Le mot « frontière » a plusieurs sens. Étymologiquement il vient du latin « frons » ou « frontis » et s’entend au sens militaire à savoir un front, une zone de rencontre entre deux armées. On peut aussi le rapprocher de « limes », qui lui a donné son sens de limite. La notion de frontière est donc complexe. Elle peut s’entendre comme une barrière qui sépare, protège et/ou empêche de passer. La frontière peut aussi être vue comme une limite de gouvernance (cf. « Les mots de la géographie » de R. Brunet, R. Ferras et H. Théry).
Mais une frontière n’est plus aujourd’hui une simple barrière. A partir de ce terme, on peut en former d’autres, comme le mot « transfrontalier ». Ici, l’idée est de passer au travers dans un souci de l’optimiser. L’espace transfrontalier se situe généralement entre 5 et 10 km de part et d’autre de la frontière. Pour la DATAR, cette norme est poussée jusqu’à 15-20 km en ce qui concerne le Luxembourg et la Belgique. La frontière devient donc une interface, c’est-à-dire une zone de contact générant des échanges. L’intensité de ces échanges contribue à créer un nouveau territoire de part et d’autre de la frontière et favorise des logiques transnationales, d’où le terme de transfrontalier.
En 2015, la France métropolitaine totalisait 363 000 frontaliers officiels (1,4 % des actifs ayant un emploi). C’est la région Grand-Est qui est la région métropolitaine la plus concernée par le travail frontalier avec plus de 160 000 navetteurs. Elle est la seule à disposer de 800 km de frontières communes avec quatre pays différents, du nord au sud : la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la Suisse. Les frontaliers français se répartissent de la manière suivante : environ 5 % se dirigent vers la Belgique, 44 % vers le Luxembourg, 29 % vers l’Allemagne, et les 22 % restants vers la Suisse.
Ces échanges sont rendus possible par la mise en application de « l'Acte unique européen » le 1er janvier 1993. En effet, dans la suite des accords de Schengen signés en 1985, les chefs d’État et de gouvernement des Douze (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Irlande, Royaume-Uni, Grèce, Espagne et Portugal) adoptent en 1986 « l'Acte unique européen ». Il donne à la Communauté économique européenne l'objectif d'achever le marché commun, rebaptisé « marché unique », avant le 1er janvier 1993. En d'autres termes, il s’agit d’assurer « la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux » dans un « espace sans frontières intérieures » (cf. article 7 du traité CEE). Ce marché unique (anciennement « marché commun ») doit permettre un développement économique de tous les pays membres. Il est renforcé dans le cadre de l’espace Schengen qui regroupait 26 États en 2018.
Les marchés du travail et les besoins de main-d'œuvre des territoires voisins étant très différents, la répartition et l’intensité des flux de frontaliers ne sont pas homogènes le long de la frontière. La répartition par secteur d’activité des navetteurs diffère sensiblement. Leur emploi est d’abord dans l’industrie. En Allemagne, il s’agit surtout de la fabrication de matériels de transport, dans l’une des grandes entreprises implantées non loin de la frontière, comme Peugeot à Saarbruecken ou Michelin à Karlsruhe. En Belgique, le travail se fait surtout dans la fabrication de denrées alimentaires, par exemple dans l’entreprise Ferrero à Arlon. Pour le Luxembourg, l’emploi dans ce secteur relève de la métallurgie et la fabrication de produits métalliques.
Si l’industrie est le premier domaine de travail des frontaliers, avec toujours une majorité d’ouvriers, la tendance est à la baisse et petit à petit, le commerce et les services, notamment aux entreprises, se développe, et ce, surtout au Luxembourg, puisque ce pays rassemble à lui seul 57 % des navetteurs dans ce secteur. Cette concentration géographique des emplois est encore plus marquée dans les activités financières et d’assurance : 84 % des 11 000 frontaliers de ce secteur exercent en effet au Grand-Duché.
Éclairage média
ParProfesseure certifiée d’histoire-géographie au collège Paul Langevin à Hagondange
Pour mémoire, ACAL est l’ancien acronyme utilisé pour désigner la région Grand-Est, avant que ce nom ne soit choisi, et se rapporte aux noms des anciennes régions : « Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine ». Dans le reportage, on parle de « Grande Région » par opposition à l’ancien système et ses « petites régions ».
Petit à petit, ses espaces transfrontaliers sont institutionnalisés. On peut citer l’exemple de la Grande Région (à ne pas confondre avec l’intitulé du reportage, ici, il s’agit d’une dénomination officielle), un Groupement Européen de Coopération Territoriale ou GECT, regroupant des divisions territoriales allemandes, belges, et françaises et centré sur le Luxembourg. Il s'agit du premier GECT mis en place par l’Union Européenne afin de devenir l'autorité de gestion unique pour un programme européen. Elle est plus précisément située en Europe rhénane, entre le Rhin, la Moselle, la Sarre et la Meuse. La Grande Région a pour but d'améliorer la coopération politique, économique et les partenariats entre les différents acteurs.
Comme on peut le voir dans le reportage qui suit le jeune homme travaillant en Belgique, ou dans les réponses des deux automobilistes interrogées au volant de leur voiture, les frontières entre le Grand-Est et ses quatre voisins, dans le cadre de la Grande Région sont de plus en plus perméables. L’autoroute A31, sur laquelle la jeune femme circule, entre le Luxembourg et Toul, en est un exemple. Son débit est l’un des plus importants du réseau autoroutier français avec le passage de 100 000 véhicules par jour à la Croix de Hauconcourt. C’est à cet embranchement que transitent quotidiennement une partie des navetteurs en provenance ou à destination du Luxembourg, de la Belgique, ou de l'Allemagne.
Plusieurs raisons sont invoquées par l’INSEE, ainsi que par les personnes interrogées dans le reportage, pour expliquer l’attractivité de ce travail « de l’autre côté de la frontière ». Parmi les arguments les plus récurrents, on retrouve des salaires plus élevés, des taux de chômage plus faibles, une plus forte croissance de l’emploi. D’après le site www.lesfrontaliers.lu, la différence entre les salaires minimums bruts mensuels des différents pays est effectivement plus ou moins importante. Pour un employé qualifié, il est de 1498 € en Allemagne, 1498,47 en France, 1562,59 en Belgique et 2048,25 au Luxembourg. Attention, on parle bien ici de salaires bruts. L’écart est creusé, notamment avec le Grand-Duché avec une différence d’environ 500€. Il se creuse encore plus quand on applique les charges salariales, c’est-à-dire l'ensemble des cotisations et contributions dues par le salarié aux divers organismes sociaux, pour en arriver au salaire net d’impôts. En France il s’élève à 25 %, en Allemagne 20 %, en Belgique 13 % et au Luxembourg 12 %. Une autre donnée à ne pas négliger est ce que l’on appelle le « package salarial », en Suisse ou au Luxembourg. Les entreprises proposent leasing de voiture, carte essence, chèques repas, plan de pension, assurance santé… Mais aussi une possibilité d’évolution plus rapide au sein de l’entreprise ou en dehors.
Le travail frontalier a des effets positifs sur les territoires français. Il a atténué les effets négatifs des restructurations en Lorraine, en permettant aux habitants de trouver un emploi de l’autre côté de la frontière, tout en augmentant le niveau moyen des revenus par habitant. Il a aussi permis l’émergence de nouvelles activités économiques, avec le développement de commerces, de services aux particuliers ou d’activités de loisirs et culture.
Mais le travail frontalier a aussi des effets négatifs. Le plus flagrant est l’encombrement des grands axes, comme l’A31, ce qui entraîne un besoin de développement des infrastructures. On constate aussi une sorte de fuite de la main-d'œuvre qualifiée, notamment en raison de la différence de rémunération. Une forte augmentation de la demande dans les espaces transfrontaliers contribue à une augmentation des prix des logements mais aussi du coût de la construction de logements sociaux dans ces espaces.
Transcription
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