La fuite des footballeurs lorrains du Pays Haut vers les pays voisins
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Résumé
Chaque année, le Pays Haut voit ses meilleurs footballeurs partir dans les clubs belges et luxembourgeois qui ont des moyens bien supérieurs. Éclaircissements avec Laurent Caramelle, Rodolphe Valentini et Mohammed Sallani respectivement entraîneur, dirigeant et joueur du CSO Villerupt, Gilbert Lefèvre et Michel Keff, respectivement vice-président et président du district de football du Pays Haut.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
07 oct. 2004
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Contexte historique
ParJournaliste, Docteur en Histoire
Si le nombre de travailleurs lorrains passant la frontière n’a cessé d’augmenter depuis le début des années 1990, les footballeurs amateurs de la région sont élégamment attirés par les sirènes du Grand-Duché et de la Belgique. Un phénomène particulièrement marquant dans le Pays Haut.
Nombreux sont les clubs de ce territoire situé le long de la frontière belgo-luxembourgeoise à perdre, chaque année, leurs meilleurs joueurs. Un exode vers le Luxembourg qui, en 2004, inquiète autant les dirigeants des équipes concernées que les représentants du District du Pays Haut.
A l’image du président du CSO Villerupt, Laurent Caramelle, qui pointe alors du doigt un problème insoluble qui nuit forcément au rendement sportif de son équipe (division d’honneur régionale). Puisque privées de leurs plus talentueux éléments, il devient forcément plus difficile pour de telles formations amateures de se maintenir au plus haut de l’échelon régional. Et, par conséquent, c’est le niveau global du football du secteur qui en pâtit.
Pourquoi un tel attrait pour les pelouses grand-ducales et, dans une moindre mesure, belges ? Tout simplement parce que l’herbe y est plus verte ou plutôt parce que les terrains y sont plus fertiles. Pour l’immense majorité des candidats à cet exil sportif – pas moins de 37 lors de la saison 2004-2005 –, l’attrait financier figure en tête de liste. En effet, au contraire de la plupart des clubs luxembourgeois, peu de formations du Pays Haut peuvent payer leurs joueurs. Par principe autant que par manque de moyens. Et encore plus rares sont les clubs du secteur qui leur trouvent un travail.
D’autant que la crise sidérurgique qui, depuis les années 1970, a progressivement mis fin à la prospérité des industries métallurgique et sidérurgique, le Pays Haut n’offre que peu de perspectives à ses habitants en matière d’emploi, notamment chez les plus jeunes. Résultat, des centaines de footballeurs vont chercher du travail de l’autre côté de la frontière, ne faisant que suivre, finalement, l’exemple de leurs nombreux compatriotes qui, chaque jour, vont travailler au Luxembourg.
Un phénomène qui n’est donc pas nouveau mais qui persiste dans le temps. Parce que les primes distribuées par les clubs du Grand-Duché sont alléchantes – des sommes allant jusqu’à 500 € par match sont évoquées dans le reportage – et que certains présidents, via les sponsors notamment, peuvent garantir des emplois à leurs joueurs parallèlement à la pratique du football.
Une expérience professionnelle voire un véritable emploi que ces footballeurs amateurs peuvent espérer garder même après avoir quitté le club ou raccroché les crampons. D’autres plaisirs, moins matériels, escortent également la carrière d’un joueur de l’autre côté de la frontière. Les plus palpitants tiennent à l’effervescence qui règne dans les tribunes ou à la possibilité de jouer une Coupe d’Europe...
De l’argent, du travail, des fans, de potentielles alléchantes affiches : le Luxembourg souffle donc depuis de nombreuses années un vent de concurrence déloyale sur le marché des transferts en Lorraine et particulièrement dans le Pays Haut.
Malgré les appels à l’uniformisation des règlements entre la France, la Belgique et le Luxembourg afin de limiter cet exode et en dépit de l’instauration de la règle de la première licence au Grand-Duché (chaque équipe doit aligner au moins sept joueurs de nationalité luxembourgeoise ou ayant signé leur première licence au Luxembourg), rien n’a vraiment évolué...
Et s’il réserve chaque année son lot de mauvaises surprises (promesses d’embauches non tenues, temps de jeu réduit...) provoquant le retour au bercail des plus déçus, la vague de grands départs se répète inexorablement chaque été...
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Hélène Messang
Mais, où s’en vont donc les footballeurs lorrains ?Depuis plusieurs années, les sportifs du Pays Haut sont attirés par le chant des sirènes de nos pays voisins.Les clubs de foot ont des moyens bien supérieurs à ceux de notre région.Un dossier signé Emmanuel Bouard et Eric Molodtzoff.
(Musique)
Eric Molodtzoff
Villerupt, décrassage du lundi soir.L’équipe première évolue en DHR, division d’honneur régionale, pratiquement au meilleur niveau lorrain.Et depuis des années, comme la plupart des autres bons clubs du Pays Haut, ses meilleurs joueurs s’en vont.
Laurent Caramelle
Chaque année, les clubs luxembourgeois et belges viennent assister à nos rencontres de fin de championnat et viennent nous prendre nos meilleurs éléments.Donc, il est clair que ça nuit aux compositions d’équipe d’année en année et qu’on a du mal à garder un effectif assez constant de chaque année.
Rodolphe Valentini
Un club peut perdre des joueurs très, très importants, un gardien de but, un avant-centre, même trois ou quatre joueurs en cours de saison.Il peut se trouver totalement dépouillé et ça peut conditionner tout à fait le reste de sa saison.
Eric Molodtzoff
Les raisons de l’exode sont très simples.Les clubs du Pays Haut sont pauvres, leurs voisins étrangers très riches.
(Bruit)
Mohammed Sallani
Il y a beaucoup de joueurs, surtout à Mont-Saint-Martin.Dans le Pays Haut, c’est le club qui ont perdu plus de joueurs à cause du Luxembourg et puis il joue à un bas niveau.C’est pour ça que le Pays Haut, le niveau, il baisse, parce qu’ils vont tous pour les sous en Belgique comme ça.
(Musique)
Eric Molodtzoff
Les joueurs amateurs lorrains ne touchent rien ou presque dans leur club, en comparaison du Luxembourg.Derrière la frontière, on leur offre un travail et des primes pouvant aller jusqu’à 500 euros par match.Résultat, cette saison, 37 joueurs ont quitté le Pays Haut.D’année en année, le football du district s’appauvrit, mais comment lutter.
Rodolphe Valentini
On n’a pas beaucoup de moyens, si ce n’est les sentiments et puis essayer de faire en sorte que les joueurs se trouvent dans les meilleures conditions possibles au sein du club, c’est-à-dire leur offrir disons des entraînements valables, des éducateurs valables, des conditions de travail valables.C’est tout ce que l’on peut faire.De l’argent, on peut très peu faire.Quelquefois, on peut résoudre des problèmes de travail, mais c’est vrai que ça devient très, très difficile.
Eric Molodtzoff
Le district du Pays Haut est également pénalisé par un règlement qui lui est défavorable.Ses clubs ne peuvent faire venir des joueurs qu’entre juin et août.En Belgique, c’est du 1er janvier au 31 décembre.Conséquence, le club de Gorcy a perdu neuf joueurs cette année.
Gilbert Lefevre
À un moment, notre président, qui est le président des [inaudible], avait éventuellement évoqué la possibilité de contrat avec les joueurs.Des contrats, mais un contrat, s’il est pas lié à un pécunier quelconque, on n’arrive pas à tenir…un contrat, on ne le tient pas.Donc, ces gens-là, ils sont totalement libres.
Michel Keff
Le problème que nous, nous rencontrons ici, dans l’Est de la France, c’est un problème que l’on retrouve également au niveau de Rhône-Alpes avec la Suisse et l’Italie, qu’on retrouve éventuellement au niveau des Pyrénées, Pyrénées-Orientales et Occidentales par rapport à l’Espagne.Donc, je dirais que tout ça est quand même assez loin par rapport aux instances, disons internationales, voire européennes.Mais, on a quand même l’espoir qu’un jour, une personne ou quelqu’un prenne bien ces conditions, disons, en main, de manière à essayer de bien faire progresser.Sachant que si on travaille seul dans notre coin, on n’arrivera pas à faire bouger les choses.
Eric Molodtzoff
Le message est clair, ce sont les instances européennes du football qui pourront enrayer la désertification du Pays Haut.Un même règlement en matière de transfert entre France, Belgique et Luxembourg limiterait l’exode, sans s’attaquer aux racines du mal.La mise à la casse de la sidérurgie et la destruction de plusieurs dizaines de milliers d’emplois ont plongé le Pays Haut dans la crise.Les centaines de footballeurs lorrains qui vont chercher du travail derrière la frontière ne font que suivre leurs 80 000 compatriotes qui travaillent tous les jours au Luxembourg.
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