Les villes-mines paternalistes
Introduction
Dérivé des coke-towns ou company-towns anglo-saxonnes et proches des mill-towns, ou villes-usines, les villes-mines sont des villes entièrement ou presque nées autour de l'exploitation d'une ressource minière. Elles constituent l'essentiel de la trame urbaine du Bassin minier Nord-Pas-de-Calais. Les compagnies minières reproduisent un modèle d'organisation spatiale systématique et l'imposent à une trame communale héritée de la Révolution et fondée sur une organisation agricole du territoire. Elles façonnent ainsi des villes totalement dépendantes de la mine, les villes-mines, dont le caractère urbain, déjà largement incomplet au temps du fonctionnement de la mine, est fortement remis en cause avec le déclin minier, ce qui force les communes à réagir.
Un modèle spatial systématique
La compagnie exploitante construit autour des fosses, non seulement les infrastructures nécessaires à l'exploitation mais aussi, pour des raisons avant tout pragmatiques (il n'y a pas, à l'époque, de politique de logement social ni de moyens de transports efficaces et rapides tel que l'automobile), les logements, les commerces, les services sociaux, culturels et sportifs nécessaires à la vie quotidienne des mineurs. Cela constitue une nouvelle agglomération très dépendante de la mine, dont le patron, par son intervention dans tous les domaines de la vie du mineur ou de l'ouvrier, joue un peu le rôle d'un père, d'où la qualification de « paternaliste » pour ce système.
Les infrastructures de la mine
Le cœur du système, élément moteur de l'ensemble, est la fosse et son carreau, rassemblant plusieurs bâtiments et constructions, dont l'emblématique chevalement. La représentation de cet élément symbolique évolue au fil du temps d'une nécessaire éradication vers une patrimonialisation aujourd'hui largement acceptée. Il est même parfois comparé aux beffrois, comme une sorte de pendant minier à ces tours caractéristiques de la puissance des villes des Flandres et de l'Artois.
Les chevalements du Bassin minier au Patrimoine mondial ?
Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est candidat au Patrimoine mondial de l'Unesco, 70 sites sont présentés dont les 21 chevalements sauvegardés sur les 600 qui existaient. Virginie Debrabant, du Centre historique minier, explique qu'ils symbolisaient l'Entreprise. Ce sont des associations qui luttent pour préserver ce patrimoine. A Wallers-Arenberg, le carreau de mine a été classé, mais les anciens mineurs ont malgré tout dû se battre, rapporte René Lukasiewicz, président des "Amis de Germinal". A Haisnes Guy Dubois, de l'association "Mémoire du fond" relate que la population a réagi quand le propriétaire a cisaillé les molettes du chevalement en béton de la fosse 6.
Paysages miniers et industriels du Nord - Pas-de-Calais
Ce sujet économique du journal télévisé énumère les résultats des Houillères du Bassin du Nord - Pas-de-Calais, sur des images d'illustrations de paysages industriels et miniers : chevalements, cheminées d'usines, mineurs sur un carreau de mine, centrale thermique, wagons de marchandises, cokeries, terrils, friches...
Autour du carreau sont visibles les infrastructures diverses réalisées pour le traitement (les lavoirs) et l'acheminement de la production (les cavaliers miniers) ou encore pour le stockage des déchets, avec les fameux terrils, marqueurs paysagers principaux du pays minier.
Le 11/19 et ses terrils
Le puits 11/19 de Loos-en-Gohelle a fermé en 1986 et a été classé aux Monuments historiques. Entouré des terrils les plus hauts d'Europe, l'endroit est protégé. Francis Maréchal, président de la Chaîne des terrils explique comment la population locale s'est réappropriée le site. A côté du plus haut terril se trouve le carreau de mine qui a été conservé, il accueille des spectacles.
Moins souvent évoquées car en marge du système minier - bien que sources majeures d'emplois - sont les industries liées à la production charbonnière (cokeries, usines chimiques, usines sidérurgiques, centrales électriques thermiques) qui génèrent des systèmes spatiaux industriels comparables, dans leur organisation, au système spatial minier.
Le charbon, une énergie d'avenir
Réalisé dans le cadre de la rubrique "Les réalisations" des Actualités Françaises, ce document fait le panégyrique du charbon dont "le domaine grandit chaque jour". Le commentaire affirme que 50 siècles d'extraction sauraient à peine épuiser les ressources. Il faut donc poursuivre la modernisation de l'exploitation.
Paysage minier autour de Douai
Au son de la chorale des mineurs de Douai, nous découvrons le paysage minier autour de Douai : un coron, la fosse Gayant et la cokerie à Waziers. A proximité, la cité jardin Notre-Dame, l'église de la Clochette, les installations de l'usine chimique de La Grande Paroisse. Après un détour au terril du 8 d'Oignies à Evin-Malmaison, on retourne à Waziers rue Bernicourt, à la fosse Gayant et enfin la fosse Notre-Dame.
Enfin, les conséquences à moyen et long terme de l'exploitation, comme les affaissements miniers à l'origine de nombreux étangs ou détériorant les cités, peuvent être rattachées à ce système spatial de la mine.
Les Houillères : conséquences de l'exploitation minière
Les Charbonnages de France assureront la surveillance et les conséquences de deux siècles et demi d'exploitation, Jack Verlaine, directeur des HBNPC l'assure. Les conséquences sont diverses : affaissements de terrain, surveillance du grisou, des eaux dans les galeries abandonnées. Dans certaines zones comme à Sin-le-Noble, le sol s'est affaissé et le sens des cours d'eau s'est inversé. Jean Faille explique que le relevage des eaux devra être assuré éternellement. Jean-Pierre Kucheida affirme que c'est celui qui a exploité qui doit en avoir la responsabilité, comme en Lorraine et conclu : "si les Charbonnages disparaissaient, c'est l'État qui serait responsable".
Les cités minières
Le logement est l'élément indirect principal du système minier. Toutes entourées de jardins parsemés d'appendices souvent décriés (pigeonniers, poulaillers, remises diverses), les cités minières/ouvrières, dont les plus anciennes remontent aux années 1830, appartiennent à quatre générations différentes :
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les corons, longues bandes de petits logements au confort spartiate le plus souvent construits au XIXe siècle ;
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les cités pavillonnaires, groupées 2 à 2 ou 4 à 4 et fréquentes à la fin du XIXe au début du XXe siècle ;
Une maison de mineur à Denain
Reportage à Denain dans une maison de mineur qui a été rénovée à la cité Chabaud-Latour. Albert Mayeux nous fait faire la visite de cette maison qui avait été construite par la Compagnie des mines d'Anzin. Il explique comment le logement était alors agencé. La maison possède désormais des toilettes et une salle de bains. Il n'y a plus de corvée d'eau. Albert Mayeux est le "maire", une tradition dans cette cité. A l'occasion, il accueille des groupes de touristes et explique comment la vie s'organisait dans le coron.
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les cités-jardins, plus grosses et plus confortables, avec salles de bains et WC intérieurs, datées des années 1900 à l'entre-deux-guerres ;
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les cités modernes de l'après Seconde Guerre mondiale, s'apparentant à des lotissements pavillonnaires contemporains et construites après la nationalisation des compagnies.
Corons et cités minières
Mademoiselle Langlot-Lemaître qui présente sa région dans l'émission "A la découverte du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais", explique comment les corons ont été implantés autour des mines. On y découvre les diverses constructions de l'habitat minier : les corons autour du 7 de Liévin à Avion, ceux des mines de Lens, les maisons individuelles des mines de Bruay avec leurs jardins et les maisons dans une cité à Noeux-les-Mines.
Les compagnies ont d'ailleurs, au sein de ces quatre générations, pu faire varier les modèles en personnalisant les détails architecturaux et la décoration extérieure. L'habitat traduit aussi la hiérarchie interne de l'entreprise, car certaines cités sont réservées aux porions (contremaîtres), aux ingénieurs, aux cadres... alors que quelques châteaux patronaux sont construits pour les familles dirigeantes.
Le circuit Germinal à Denain
Une association de sauvegarde du patrimoine minier s'est créée à Denain et elle propose un circuit dans la ville. Il passe par la cité Chabaud-Latour, le coron à Gaillette, la fosse Terrier et la fosse Mathilde, la centrale de la fosse Napoléon, la gare des mines, le coron Jean Bart, où vécut Jules Mousseron, qui a inspiré Zola pour Germinal. Le circuit se termine au terril Renard.
Les équipements collectifs et les commerces
Pour faire vivre toute ce petit monde, des services (écoles, crèches, églises, dispensaires, stades, piscines, bibliothèques, etc.) et des commerces (coopératives) sont construits, complétant le système spatial de la mine ou de l'usine.
Le patrimoine insolite du Bassin minier
La direction des affaires culturelles monte un dossier pour inscrire au patrimoine, des monuments remarquables du Bassin minier. On suit deux recenseurs de la DRAC dans leur enquête : une maison qui est un ancien puits transformé en habitation, l'église de Waziers construite en 1924 en forme de galerie de mine dans un style art déco, l'église de La Sentinelle, "La Goute de lait" où on distribuait le lait pour les mères et les nourrissons. Sur le fronton du monument aux morts de la guerre 1914-1918 un mineur est représenté. Rares sont ceux en France qui sont consacrés à la fois aux Poilus et à un métier.
Le patrimoine des Houillères
Inventaire en images "à la Prévert" du patrimoine des Houillères : des bois, des friches industrielles, des terrils et des carreaux de mines avec leurs chevalements. Ce sont aussi des corons et des cités minières, des voies ferrées, des ponts, des stades et des terrains de sport, des écoles, des pharmacies, des salles des fêtes, des églises et des calvaires. De retour sur le plateau Jack Verlaine directeur des HBNPC indique que les Houillères ont cédé ce patrimoine.
Enfin, l'arrivée brutale et massive de ces populations attire toutes sortes de commerces, dont les cafés sont les plus emblématiques ; ils se regroupent souvent le long d'une rue plus centrale, parfois dans l'ancien village, parfois au cœur même des cités, formant un embryon de centre-ville largement concurrencé par la polarisation exercée par la mine ou l'usine elles-mêmes.
Évolutions de la ville de Bruay-en-Artois
La mine a changé la physionomie de la ville de Bruay-en-Artois et de ces alentours. Un décor rural côtoie un décor de terrils et de chevalements. Un responsable des Houillères, explique que la ville de Bruay est passée de 800 habitants en 1852 à 29 000 en 1920 mais actuellement la commune a du mal à conserver sa population.
De la ville-mine à la ville : un défi difficile à relever
Le vieux fond rural
Ces systèmes spatiaux miniers se sont surimposés à un vieux fond rural et agricole qui transparaît encore largement dans les paysages. Ainsi, les champs, prés, vieux villages et leur église originelle, restent visibles à travers les bouleversements produits par l'exploitation minière et l'industrie. Ce vieux fond rural est parfois regardé avec nostalgie, mais ne joue plus qu'un rôle très secondaire dans l'organisation spatiale largement dominée par l'extraction et la transformation du charbon.
Mines en pays rural
La région autour de Lens présente une diversité de paysages agricoles, champs et prairies qui étaient ceux, ancestraux, avant que les mines ne s'y installent. Le château d'Olhain se cache dans un écrin de verdure : au pied des terrils du 7 de Liévin ou de Pinchonvalles s'étalent les champs de betterave et de blé autour du 4/5 de Méricourt. Le commentaire insiste sur le fait que les habitants sont des ruraux qui le sont resté en mentalité malgré l'installation des mines.
Paysages miniers autour de Noyelles
Après la découverte en vue aérienne du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Mlle Langlot-Lemaître présente les paysages autour de Noyelles-sous-Lens. Elle explique les origines du nom "Noyelles" qui vient certainement des marécages qui existaient dans cette région. Elle se souvient du temps où le puits du 21/22 à Harnes, étaient sur le même plan que Noyelles. On constate aujourd'hui que le village s'est affaissé en raison de l'activité minière et des terrains marécageux.
Le maillage communal bouleversé
Le système spatial de la mine s'est aussi imposé, mais avec plus de tensions et de difficultés, à la maille communale née de la Révolution en 1789, mais plongeant ses racines dans les paroisses et finages remontant au Moyen-âge. Les communes du secteur étaient traditionnellement organisées autour de petits villages qui portaient l'église et la mairie et dont les habitants exploitaient les terroirs alentours (prés dans les fonds de vallées plus humides, champs en openfield sur les bas-plateaux). Les ensembles fosse/cités ont été implantés sans tenir compte du découpage communal ancien, seulement de celui des concessions des compagnies minières. Ce découpage recoupe les limites communales, compliquant encore la situation lorsqu'une commune est face à plusieurs compagnies.
Ces communes essentiellement peuplées de mineurs et d'ouvriers atteignent un nombre d'habitants parfois considérable. Ainsi, si Bruay-en-Artois, Lens ou Liévin dépassent largement, à leur apogée, les 30 000 habitants, quantité de communes plus petites, autrefois très peu peuplées, atteignent ou dépassent largement la limite de 2000 habitants, admise en France comme seuil pour qualifier une commune d'urbaine. Se sont ainsi constituées des communes urbaines qu'on peut qualifier de villes-mines, car leur caractère urbain se confond avec leur caractère minier. Cela est évident dans le domaine économique (la majorité de la population est employée par la mine), social (en raison du paternalisme), mais aussi dans le domaine du paysage, puisque le tissu urbain est largement dominé par les cités ouvrières.
Le vieux pouvoir municipal est donc largement concurrencé par celui des compagnies qui imposent leur organisation spatiale tournée vers la production. Ainsi, ce n'est plus le vieux village qui polarise son territoire communal, mais bien la fosse ou l'usine principale qui fournit le travail aux habitants. La ville-mine n'est donc pas une ville à part entière, car il lui manque le vieux fond urbain, générateur de rayonnement historique, culturel et commercial pour s'affirmer face aux villes-mines voisines.
La fin du colloque sur le réaménagement des sites miniers
A l'occasion du colloque européen sur le réaménagement des sites miniers, ce reportage s'attarde sur le cas de Bruay-en-Artois qui possède de nombreux vestiges de l'exploitation minière. L'appropriation de l'ancien carreau de la fosse 1 permet aujourd'hui, comme l'explique Marcel Wacheux, député maire, de refaire un centre ville dynamique. Interrogé à la fin du colloque, Umberto Battist, député du Nord, estime que la région a pris du retard comparé aux voisins européen.
Seules Béthune, Valenciennes, Douai et, dans une moindre mesure, Lens, possédaient ce caractère urbain avant l'arrivée de la mine et réussissent donc à polariser (difficilement et partiellement tant la concurrence est grande) le bassin minier.
Lens, cité minière
La ville de Lens est le centre d'une agglomération de 300 000 habitants au cœur du bassin minier. Son passé est ancien et la population qui est venue pour travailler aux mines a décuplé le nombre de ses habitants. On en découvre différents quartiers, le canal en cours de comblement ainsi que l'entrée des bâtiments des Grands Bureaux généraux des mines de Lens.
Face aux toutes puissantes compagnies, les pouvoirs municipaux ont cherché à s'affirmer, surtout au cours de la première moitié du XXe siècle, en réalisant eux-mêmes des équipements sociaux (stade-parc et piscine de Bruay-en-Artois construits en 1936 par exemple) ou encore en s'affirmant symboliquement par la construction d'hôtels de ville majestueux et imposants surmontés, dans le plus pur style régionaliste, d'un beffroi, comme ceux des communes de Bruay-en-Artois, de Calonne-Ricouart ou de Marles-les-Mines.
Paysages du pays minier à Marles-les-Mines
Cet extrait du "Magazine du mineur" est issu d'une série d'émissions diffusées en 1970-1971, consacrées à la mise en valeur des atouts économiques, culturels et touristiques des communes minières, et à préparer ainsi les populations au choc de la fin de l'exploitation minière. Ici, autour de la fosse du "2 bis-2 ter d'Auchel", se sont développés sur les communes d'Auchel, de Marles-les-Mines et de Calonnes-Ricouart, des équipements miniers et des habitats, corons et cités minières. Avec l'arrêt de la production la nature va reprendre ses droits et l'on va découvrir la richesse des paysages et du patrimoine.
La reconversion urbaine
Cette réaction municipale est finalement annonciatrice des années d'après-guerre et des actions réalisées avec le déclin et finalement l'arrêt de l'exploitation charbonnière. Le travail des communes doit donc pallier le retrait progressif des Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais (HBNPC) de la gestion urbaine et rendre le territoire attractif pour de nouveaux habitants ou de nouveaux investisseurs. Cela s'effectue de plusieurs façons :
- par la restructuration de l'habitat qui est entreprise dès la fin des années 1960 par les HBNPC elles-mêmes, puis poursuivies par les collectivités locales et l'État. Il s'agit d'améliorer l'habitat essentiellement constitué de cités minières, dont les plus anciennes (corons) sont particulièrement petites, vétustes et sans confort. La réhabilitation (c'est-à-dire l'amélioration de cité) est préféré à la rénovation (c'est-à-dire la destruction et la construction de neuf), même s'il existe des destructions pour dé-densifier les quartiers de corons les plus serrés ;
Les réhabilitations des habitations des communes minières
Les Houillères et les communes minières ont décidé de rénover 3 000 logements par an. Avec la disparition de la population minière, ce parc locatif sera disponible pour l'ensemble de la population. On va ajouter aux constructions un appendice constitué de WC, d'une salle de bains et d'un cellier. Jean de Labrouhe, responsable immobilier des Houillères explique la difficulté de réalisation des travaux en présence des occupants. Une habitante parle avec réserve du côté positif de l'opération. Henri Darras, maire de Liévin, tire le bilan des différentes expériences de rénovation.
Restructuration d'un coron à Auchel
Un premier essai de restructuration urbaine à partir d'un coron a été entrepris à Auchel. Fernand Degrugillier, son maire fait la description de sa ville sur des images des cités minières ainsi que des travaux de réhabilitation des corons. Il évoque la fin de l'activité minière et les tentatives de réindustrialisation. C'est suite à la décision du ministre de l'équipement d'entreprendre des opérations de réhabilitation dans le Bassin que la cité Rimbert a été choisie pour effectuer un test. La partie technique a été confiée à deux architectes dont Monsieur Evard qui présente le projet sur une maquette.
- par la diversification économique d'abord effectuée, en période de croissance durant les Trente Glorieuses, vers l'industrie et les Zones Industrielles, puis vers le commerce, voire la culture ;
La fin de la mine, la fin d'une société
"L'Album de famille des français" consacré à la mine en 1973 se termine sur la perspective des fermetures. Le paysage va se modifier sur l'emplacement des vieilles fosses et des chevalements, déjà des usines nouvelles surgissent. Interview d'un mineur qui n'a pas encore trouvé la reconversion qui pourrait lui convenir ainsi qu'à sa famille implantée là depuis des générations. Quant aux enfants que l'on voit jouer dans un coron de Billy- Montigny, ils ne seront pas mineurs.
- par la construction d'un habitat moderne et neuf, particulièrement lors des Trente Glorieuses où la demande est encore très forte : cités modernes par les HBNPC, ou grands ensembles dans le cadre des procédures de Zones à Urbaniser en Priorité, comme à Lens, ou de Zones d'Aménagement Concerté, comme à Liévin ou à Bruay-en-Artois ;
Visite des communes minières dans la région et le Bassin minier
Un groupe interministériel a visité des communes minières dans la région et le Bassin minier. A Bruay, c'est la restructuration des centres urbains qui a été abordée. A Haillicourt, les questions de réfection complète de la voirie ont été étudiées avec une prise en charge de l'État. Plusieurs opérations de constructions neuves accompagnent les réhabilitations. Henri Darras, maire de Liévin, se félicite de cette visite, mais espère que la rénovation ira plus vite que les 25 ans annoncés.
- par la création de centre-ville dans des communes qui en était dépourvues, car tout était sacrifié à la mine ou à l'usine. Ainsi, l'élargissement de places, la construction de monuments, la piétonisation de quelques rues, etc. sont entreprises pour polariser un espace urbain autrefois éclaté.
Les futures réalisations communales de Liévin après la fermeture des mines
Interview d'Henri Darras, député-maire de Liévin sur sa ville et la survie du Bassin minier. Après les fermetures des mines, la ville est en train de se remodeler : un centre commercial prévu sur les terrains des Houillères, des voies de communications, de nouveaux quartiers, etc. Henri Darras insiste sur la nécessité d'avoir à nouveau des emplois industriels.
Ces différentes actions sont destinées à renforcer (voire à créer) le caractère urbain de ces anciennes villes-mines pour qu'elles deviennent ainsi des villes à part entière. Si le résultat est plutôt positif dans les communes les plus peuplées et qui avaient déjà un caractère urbain avant l'aventure houillère (Béthune, Douai, Lens ou Valenciennes), il est plus discutable ailleurs et beaucoup de communes moins peuplées évoluent en fait vers une périurbanisation dominée par les villes précitées, voire par l'agglomération lilloise.
Préserver le patrimoine
Le dernier élément de la réaction municipale de ces anciennes villes-mines face au déclin est, après la phase de deuil commune à toutes les villes-usines ou villes-mines qui connaissent cette évolution, la découverte de leur patrimoine minier et industriel. Cette question patrimoniale est en effet essentielle pour ces villes nées de la mine ou de l'industrie, car ces activités aujourd'hui disparues ou en déclin font partie de l'identité même de leurs habitants. Ces anciennes villes-mines ne peuvent donc évoluer en niant leur passé minier et/ou industriel. Cette prise de conscience patrimoniale est amorcée par un colloque tenu à Lille en 1979 sur ce sujet, rassemblant de nombreux spécialistes français ou étrangers.
Le patrimoine industriel du Nord-Pas-de-Calais
Reportage à Lille sur le colloque au sujet du patrimoine industriel du Nord - Pas-de-Calais en particulier celui des Houillères dans le Bassin minier. Des spécialistes étrangers ont présenté les résultats de leurs études. Kenneth Hudson, spécialiste anglais d'archéologie industrielle, explique que le patrimoine industriel est aussi une part importante de l'industrie touristique. Dans la deuxième journée, spécialistes et élus, dont Pierre Mauroy et Noël Josèphe président de l'Office Culturel Régional et l'Éducation Permanente (ORCEP), qui est interviewé à ce propos, s'interrogeront sur les orientations à donner dans la politique régionale. Enfin, une exposition à la mairie de Lille a été réalisée par l'Écomusée du Creusot.
Elle est ensuite mise en œuvre timidement et localement au cours des années 1980, avant d'être élargie spatialement et chronologiquement pour devenir une des thématiques majeures durant les dernières décennies (1990 et 2000) et aboutir le 30 juin 2012 à l'inscription du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Bibliographie
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- Daviet S. (2005), Industrie, culture, territoire, Paris, L'Harmattan, 208 p.
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- Edelblutte S. (2010), "La reconversion des anciennes villes-usines européennes ou la question de la survie urbaine", Géographies – Bulletin de l'Association de Géographes Français, n°3, p. 353-367.
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