Rétrospective sur Mai 68 en Alsace
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Résumé
Pour le trentième anniversaire des événements de Mai 68, trois personnes de partis politiques différents se remémorent ces grèves et commentent des images d’archives alsaciennes.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
02 mai 1998
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Contexte historique
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« Il est interdit d’interdire » ; « Sous les pavés, la plage » ou encore « La chienlit, c’est lui », nombreuses sont les phrases que l’on retient des événements de mai 1968. Cette période historique de manifestations d’origine étudiante (rejointes par la suite par les ouvriers) est marquante pour beaucoup et ouvre une période d’opposition et de grèves générales en France. Elles auront de nombreuses retombées : des avancées sociales, comme l’augmentation des droits pour les femmes, l’évolution du statut du délégué syndical ou la revalorisation du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti).
Strasbourg, ville étudiante, vient soutenir rapidement les grèves initiées à Nanterre et de nombreuses universités sont occupées. Les usines environnantes (du bassin strasbourgeois, mulhousien ou dans la vallée vosgienne) viendront rapidement gonfler les rangs.
Ces événements sont considérés comme le reflet d’un mal-être politique lié à la guerre au Vietnam et à la présence militaire américaine dans le conflit, un interventionnisme mal accepté notamment par les étudiants. On considère également que la cause trouve ses sources dans les conditions d’études très précaires, notamment à Nanterre, mais aussi dans la rigidité du pouvoir alors en place en France : le général de Gaulle est président depuis 10 ans, les opposants au régime estiment que peu de place est laissée aux libertés individuelles. L’absence de mixité dans les écoles est aussi vue comme le reflet d’une ancienne époque désormais révolue. Les conditions de travail sont remises en cause dans de nombreux secteurs, en particulier dans les usines, dans lesquelles les syndicats sont particulièrement actifs et appellent à la grève générale.
Dans cet extrait, les situationnistes sont mis en avant, mouvement qui souhaitait en finir avec le principe de la société des classes et la société de consommation diffusée par le modèle américain. Ils prônent un système d’autogestion et une société égalitaire. Un manifeste important « pré mai 68 » avait été rédigé en 1966 à Strasbourg, et avait été diffusé au sein des universités strasbourgeoises. Cet extrait est donc à traiter avec cette idée que Strasbourg était déjà une ville précurseur , où on avait des revendications, dans la lignée des grandes grèves de 1968.
Il ne s’agit pas du seul mouvement social qui va venir ponctuer le XXe siècle en France, mais celui de 1968 est marquant, notamment par la médiatisation des leaders mais aussi par la participation massive de l’ensemble de la population. L’ensemble des secteurs prennent part à ces grèves, de nombreuses usines sont paralysées tout comme les universités alsaciennes.
En Alsace, ces événements ne sont pas uniquement à Strasbourg puisque les plus grandes grèves touchent le secteur privé et public : dans le Haut-Rhin, dans le bassin potassique de Mulhouse et autour de la ville. Les mineurs de potasse vont être les premiers à s’engager dans la lutte et les derniers à en sortir.
La paralysie de la France est totale. Le mouvement français va inspirer d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie, le Japon ou encore le Brésil durant cette même période, et va avoir des retombées positives pour les ouvriers, avec les accords de Grenelle (hausse du SMIG, réduction du temps de travail et augmentation des salaires) mais ils ne satisferont cependant pas tout le monde. Il faudra attendre octobre 1968 pour voir une évolution positive pour les étudiants. Le président de Gaulle dissout l’assemblée nationale et forme un nouveau parti, l’UDR (Union Pour la Défense de la République) qui sera vu comme vainqueur au sortir de ces événements... Même si Charles de Gaulle démissionnera finalement un an plus tard.
Éclairage média
Par
En 1998, à l’occasion du trentième anniversaire des manifestations étudiantes de mai 1968, le journal télévisé diffuse une rétrospective de ces événements marquants.
S’enchaînent différentes images d’archives en noir et blanc, de manière chronologique, probablement filmées par différentes personnes puisque les angles et la manière de filmer ne sont pas identiques. On reconnaît dans ces extraits certains lieux importants de Strasbourg comme le Palais Universitaire ou encore la rue du 22 novembre. Les images s’ouvrent avec des vues du Palais Universitaire occupé, la Aula est le lieu dans lequel se déroule la réunion.
Le journaliste dans l’extrait, dénombre environ 5 000 étudiants en son sein le 6 mai, jour où se tient la première Assemblée Générale. Les étudiants vont alors voter la grève en soutien à Nanterre. Les historiens locaux s’accordent à dire que la région strasbourgeoise ne fut jamais réellement une région révolutionnaire, bien que les étudiants aient été au rendez-vous afin de soutenir les mouvements et en aient déjà posé les prémisses avec le mouvement situationniste. Le bâtiment arbore le drapeau rouge, symbole du mouvement ouvrier lors des luttes sociales.
La Aula, lieu important pour les grèves, est le lieu décisionnaire le 11 mai 1968 où plus de 6 000 étudiants et 150 professeurs sont réunis et déclarent l’autonomie de l’université de Strasbourg. Le ministre, Alain Peyrefitte, accédera à leur requête trois jours plus tard.
D’autres vues où les manifestations s'enchaînent sont présentées, comme le centre ville de Strasbourg (avec la rue du 22 novembre, où l’on reconnaît l’église Saint-Pierre-le-Jeune). La place Kléber est mise en avant aussi dans la rétrospective, puisqu’elle fut le lieu d’affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Les opposants récupèrent des pavés de la place ainsi que du futur parking souterrain pour la lutte et des barricades sont installées suite à l’arrestation de Daniel Cohn-Bendit à Forbach (Moselle).
Les ouvriers viendront rejoindre le mouvement rapidement et des vues d’usines à l’arrêt s'ensuivent, comme celles de la CTS à Bischheim. Le bassin d’activité à Mulhouse est le premier à tout paralyser et la voix off mentionne que les usines vosgiennes ont également rejoint le mouvement. Lorsque le pays est à l’arrêt, dès le 13 mai, on dénombre des manifestations importantes à Strasbourg (15 000 personnes), Colmar et Mulhouse (3 000 personnes).
Plusieurs personnalités locales viennent commenter ces images de mai 1968 comme Jean-Claude Meyer (membre des anciennes jeunesses communistes), Aimé Muré (représentant de la CGT) et Robert Grossmann (ancien président de l’Union des jeunes pour le Progrès). Les interviewés se remémorent ces événements de différentes manières,complémentaires, en fonction de leurs souvenirs propres. Le premier interviewé, Jean-Claude Meyer, a des souvenirs très positifs de ces années. Pour lui c’était le bonheur, l’aboutissement de prérogatives et d’idéaux qui avaient vu le jour trois années auparavant ; il fait référence à ce manifeste des situationnistes même s’il ne le dit pas directement. Il compare ces événements à des manifestations qui ont eu lieu aux Etats-Unis ou encore en Pologne. Aimé Muré, qui incarne le monde ouvrier, se remémore la manière dont les choses se sont organisées. Il insiste sur le côté démocratique des prises de décisions, qu’il s’agisse de rentrer en grève ou de reprendre le travail. Pour lui c’était une période nouvelle. Robert Grossmann enfin, vient contrebalancer ces impressions (il était gaulliste durant ces années) et trouve qu’au contraire, ce n’était pas une période valorisante pour la France, pour lui le sentiment prédominant est la honte. Toute manifestation débouchait sur la violence, impression qui n’est pas approuvée par les autres intervenants.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Jean-François Lixon
Dans l’émission Opinion publique, cet après-midi, Françoise Erb et ses invités sont revenus sur les événements de mai 1968 à Strasbourg.A l’occasion du 30ème anniversaire de ce qu’on appelait tout simplement « Les Événements », je vous propose de retourner trois décennies en arrière et de revivre, pour certains, de découvrir, pour d’autres, ce que furent ces journées de mai en Alsace.Remedios Sanchez-Pascual.
(Bruit)
Jean-Claude Meyer
Mai 1968, pour moi, d’abord, c’est le bonheur.Les choses dont on avait rêvé pendant les 2-3 années précédentes lorsqu’on était étudiants ou lycéens, se déroulaient devant nous.C’est-à-dire des mouvements de masse aussi importants que ce qui se passait aux États-Unis, en Pologne ou ailleurs.
Remedios Sanchez-Pascual
En Alsace, c’est le 6 mai 1968 que tout commence.Plus de 5 000 étudiants occupent le palais universitaire à Strasbourg.Première AG, la grève est votée, en solidarité avec ceux de Nanterre.La marmite est sous pression, agitée par les thèses des situationnistes qui rejettent la société de consommation, et le drapeau rouge flotte sur la fac de lettres.Le lendemain, ils sont plus d’un millier à défiler dans la capitale alsacienne.La grève s’étend à Colmar et à Mulhouse.Le tout nouveau conseil étudiant exige les pleins pouvoirs et l’autonomie de l’université.
(Musique)
Remedios Sanchez-Pascual
Le 9 mai, les syndicats ouvriers apportent leur soutien aux grévistes.Le 13, le pays entier est paralysé, 10 millions de Français en grève, 15 000 manifestants à Strasbourg, 3 000 à Mulhouse, étudiants et ouvriers mêlés.Des ouvriers alsaciens qui ont rejoint tardivement le mouvement national, à l’exception de la région mulhousienne.Le 19 mai, le bassin potassique est totalement figé.Comme dans le Bas-Rhin, la CTS, les ateliers SNCF de Bischheim, [inaudible] polymère, ou encore les usines des vallées vosgiennes.L’ambiance est joyeuse, un air de liberté souffle sur le pays.
(Musique)
Aimé Muré
C’était quelque chose de nouveau.C’était l’honneur, c’était les travailleurs qui décidaient démocratiquement ce qu’ils allaient faire, ce qu’ils voulaient, ce qu’ils ont obtenu et aussi qui ont décidé tout à fait démocratiquement dans quelles conditions ils reprendraient le travail.
Remedios Sanchez-Pascual
Le 24 mai, Daniel Cohn-Bendit est refoulé à la frontière à Forbach.Le soir même, les pavés de la place Kleber et le parking en construction fournissent des armes aux étudiants.3 heures de combat.
(Bruit)
Remedios Sanchez-Pascual
Le 28 mai, démission d’Alain Peyrefitte, le ministre de l’Éducation nationale.Le 30, de Gaulle, après son escapade à Baden, reprend les commandes.
Charles de Gaulle
Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas !
Remedios Sanchez-Pascual
Il dissout l’Assemblée nationale.Le joli mois de mai est terminé.
Robert Grossmann
Ce qui me reste comme sentiment essentiel, c’est la honte, d’avoir vu ce pays se livrer à des cortèges, à des fantasmes organisés, qui débouchaient tous sur la violence.C’était le désordre et la honte.
Remedios Sanchez-Pascual
Le 1er juin 1968, les gaullistes reprennent la rue et le pouvoir.
(Musique)
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