Les grandes institutions théâtrales : la création des théâtres nationaux et des centres dramatiques nationaux
Introduction
La France compte un grand nombre d'institutions culturelles, et plus particulièrement théâtrales. Théâtre Nationaux, Centres Dramatiques Nationaux, Scènes Nationales, Maisons de la Culture, chacune a son histoire dans laquelle s'inscrit celle des édifices eux-même, qui remonte parfois à plus de deux siècles. Nous essaierons ici de mieux comprendre comment s'est construit le réseau des Théâtres Nationaux et celui des Centres Dramatiques Nationaux et ce qu'ils représentent dans le paysage théâtral français.
Les Théâtres Nationaux
En 2011, les Théâtres Nationaux sont au nombre de six : la Comédie-Française, le Théâtre de l'Odéon, le Théâtre National de la Colline, le Théâtre National de Strasbourg, le Théâtre National de Chaillot et l'Opéra Comique. La dénomination « Théâtre National » est un statut juridique (qui fait partie des Etablissements Publics à Caractère Industriel et Commercial - EPIC) qui place ces institutions directement sous la tutelle du Ministère de la Culture. Contrairement à ce que pourraient faire croire l'appellation de nombreux théâtres (Théâtre National de Toulouse, Théâtre National Populaire, Théâtre National de Nice, etc.), ce statut n'est attribué qu'aux six théâtres nommés précédemment. Sur ces six théâtres, seul le Théâtre National de Strasbourg est situé hors de Paris. Chaque Théâtre National se voit attribuer un cahier des charges spécifique, de façon à ce que l'ensemble des Théâtres Nationaux reflètent la variété de la création en France et en Europe.
La Comédie-Française et le Théâtre de l'Odéon
La Comédie-Française est la plus ancienne troupe de théâtre de France. Son existence remonte au 21 octobre 1680, lorsque Louis XIV officialise par une lettre de cachet la création d'une troupe unique de vingt-sept comédiens et comédiennes. Cette troupe est créée à partir des deux dernières troupes officielles de Paris, dont celle des comédiens de Molière. On y retrouve quelques acteurs célèbres comme La Grange ou Armande Béjart. Placés directement sous la tutelle du Roi, les comédiens-français s'installent d'abord rue de l'Ancienne Comédie, avant d'obtenir la salle du Faubourg Saint-Germain construite pour eux en 1782, qui est l'actuel Théâtre de l'Odéon. L'histoire de ce bâtiment est chaotique puisqu'il brûle deux fois, en 1799 puis en 1818. Il est reconstruit par l'architecte Pierre Thomas Baraguay. L'histoire de la Comédie-Française et du Théâtre de l'Odéon a été faite de rapprochements et de séparations successives. Il est difficile d'évoquer leurs origines séparément tant les deux institutions se sont construites dans un même mouvement.
Les comédiens-français quittent la salle du Faubourg-Saint-Germain en 1789 pour la rue de Richelieu, où le théâtre est alors baptisé Théâtre de la République, et qui deviendra la Comédie-Française telle qu'on la connaît aujourd'hui. Dans la première moitié du XXe siècle, le Théâtre de l'Odéon est dirigé par plusieurs grands hommes de théâtre dont André Antoine de 1906 à 1914, qui modernise la salle avant de démissionner à cause des difficultés de gestion, et Firmin Gémier de 1921 à 1930, qui a déjà créé le Théâtre National Populaire et cherche à rendre accessible l'art dramatique aux couches sociales moins aisées de la capitale. En 1944, l'Odéon est réquisitionné par les Allemands et ne rouvrira ses portes qu'en 1946.
La Comédie-Française continue de fonctionner pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Elle est dirigée par un Administrateur Général, le plus souvent issu de la troupe. Par ailleurs, la particularité de la Comédie-Française est de créer un répertoire des œuvres dramatiques. Toutes les pièces jouées dans la salle Richelieu entrent au répertoire. Dans l'entre-deux-guerres, des auteurs étrangers sont pour la première fois intégrés à ce répertoire (D'Annunzio, Ibsen, etc.) À la libération, Pierre Dux est nommé Administrateur Général et obtient en 1946 la salle du Théâtre de l'Odéon comme seconde salle. Jusqu'en 1960, plusieurs administrateurs se succèdent à la tête de la Comédie-Française, faisant face à une importante crise de l'institution. C'est Maurice Escande qui apaise un peu le climat à son arrivée en 1960, grâce à une politique d'ouverture de la plus vieille institution théâtrale française : il invite des metteurs en scène extérieurs – alors que les mises en scène se faisaient jusque-là en interne.
Maurice Escande, nouvel administrateur de la Comédie-Française
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Maurice Escande présente ses grands projets pour la Comédie-Française dont il vient d'être nommé administrateur. Il a obtenu de ramener le délai de service obligatoire des sociétaires du Français de 20 ans à 15 ans. Il présente sa programmation et parle également des auteurs et des tournées à l'étranger.
L'année précédente, le Théâtre de l'Odéon a été retiré à la Comédie-Française et sa direction a été confiée à Jean-Louis Barrault. Il est renommé Théâtre de France. Jean-Louis Barrault doit faire face à plusieurs crises durant son mandat. La première concerne la programmation des Paravents de Jean Genêt, mis en scène par Roger Blin, en avril 1966. Dans le contexte de la guerre d'Algérie, la pièce fait scandale et des incidents éclatent dans la salle à chacune des représentations. Jean-Louis Barrault assume sa programmation et ne retire pas la pièce de l'affiche. Le scandale remonte jusqu'à l'Assemblée Nationale où quelques députés demandent la censure des Paravents . André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles défend alors le droit de Barrault à programmer une telle pièce.
Jean-Louis Barrault à propos des Paravents de Genet
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Jean-Louis Barrault répond aux questions de Michel Droit concernant la mise en scène des Paravents de Jean Genet au Théâtre de l'Odéon, dont il est le directeur. Il défend le choix de cette pièce, qu'il qualifie de satirique, tout en récusant les accusations d'outrage à l'armée française.
La deuxième crise a lieu en mai 68, lorsque plusieurs groupes d'étudiants veulent s'installer dans le théâtre. Jean-Louis Barrault refuse, alors qu'André Malraux lui demande d'accepter. Il finit par laisser les étudiants entrer, et l'occupation ne se passe pas bien. Ce désaccord entre Malraux et Barrault a sans doute été à l'origine du non-renouvellement de son mandat deux ans plus tard, en 1971.
Après le départ de Barrault, l'Odéon est promu Théâtre National, en même temps qu'il est de nouveau rattaché à la Comédie-Française. Pierre Dux en est l'Administrateur Général pour la seconde fois.
Le Théâtre National de l'Odéon est adjoint à la Comédie-Française
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En 1971, la salle du Théâtre National de l'Odéon est adjointe à la Comédie-Française, alors sous l'administration de Pierre Dux. Pour l'inauguration de la salle, Jean-Paul Roussillon met en scène Amorphe d'Ottenburg de Jean-Claude Grumberg, tandis que dans la salle Richelieu, Jean Anouilh fait son entrée au répertoire avec Becket ou l'honneur de Dieu.
L'adjonction de cette salle doit permettre à la Comédie-Française de diversifier ses créations et notamment de présenter plus de pièces contemporaines, sans être obligée de les inclure dans le répertoire (puisqu'elle ne sont pas jouées dans la salle Richelieu). En 1983, la direction de l'Odéon est donnée à Giorgio Strehler, metteur en scène italien, pour six mois, débutant ainsi le travail de relation européenne qui va devenir la mission du Théâtre de l'Odéon. Il faut attendre 1990 pour que le Théâtre de l'Odéon deviennent définitivement indépendant de la Comédie-Française et soit renommé Odéon-Théâtre de l'Europe, avec pour mission d'accueillir le théâtre européen. Le premier directeur artistique est Lluis Pasqual, suivi de Georges Lavaudant en 1996.
Georges Lavaudant à propos d'Histoires de France
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Georges Lavaudant, metteur en scène et directeur du Théâtre de l'Odéon, répond à Frédéric Mitterrand à propos de sa dernière création : Histoires de France. Il raconte notamment comment il a procédé pour écrire la pièce, son travail de recherche historique puis de subjectivation.
En 2002 démarrent d'importants travaux de rénovation du Théâtre de l'Odéon. La salle est temporairement déplacée dans les ateliers de construction Porte de Clichy, les Ateliers Berthier. Les travaux durent jusqu'en 2006, mais dès 2003, l'Odéon obtient que les Ateliers Berthier deviennent une seconde salle permanente. Georges Lavaudant inaugure le théâtre rénové, avant de céder sa place à Olivier Py en décembre 2006.
Réouverture du Théâtre National de l'Odéon
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Le Théâtre de l'Odéon rouvre ses portes après quatre ans de fermeture pour travaux. Il a été entièrement démonté et remonté, de manière à moderniser la scène et à améliorer le confort des spectateurs. Vieux de plus de 220 ans, le théâtre a également été remis aux normes. C'est Hamlet de Shakespeare, mis en scène par Georges Lavaudant, dont on voit quelques extraits, qui inaugure la réouverture.
De son côté, la Comédie-Française fait appel à des metteurs en scène extérieurs à la direction de l'établissement. C'est le cas de Jean-Pierre Vincent (de 1983 à 1986), d'Antoine Vitez (de 1988 à 1990), qui ne reste que deux ans avant de décéder, ou de Jacques Lassalle (de 1990 à 1993).
Antoine Vitez est nommé Administrateur Général de la Comédie-Française
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Antoine Vitez est nommé Administrateur Général de la Comédie-Française suite au décès de Jean Le Poulain en 1988. Lors d'une interview, il évoque sa surprise face à cette nomination et les raisons qui l'ont mené à accepter le poste.
Jean-Pierre Vincent est nommé Administrateur Général de la Comédie-Française
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Jean-Pierre Vincent est nommé Administrateur Général de la Comédie-Française en 1983. Il annonce son programme et ses ambitions : être plus présent sur tout le territoire français, réintroduire la création dans la salle Richelieu et développer de nouveaux chemins artistiques.
Jacques Lassalle est nommé administrateur de la Comédie-Française
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Jacques Lassalle est nommé Administrateur Général de la Comédie-Française par Jack Lang, alors Ministre de la Culture. Il remplace Antoine Vitez, dont le décès a interrompu le mandat en 1990. Catherine Samie, doyenne, accueille le nouvel Administrateur. Il revient ensuite sur son parcours et sur l'avenir de la Comédie-Française.
En 1993, la Comédie-Française se voit enfin attribuer la seconde salle qu'elle réclame depuis longtemps : il s'agit du Théâtre du Vieux-Colombier, créé par Jacques Copeau et abandonné depuis plusieurs années. Elle est rénovée et offre une capacité de 300 places, pour des spectacles réclamant plus d'intimité que ceux joués dans la salle Richelieu.
Le Théâtre du Vieux-Colombier devient la deuxième salle de la Comédie-Française
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Le Théâtre du Vieux-Colombier, à l'abandon depuis quelques années, a été rénové pour devenir la deuxième salle de la Comédie-Française. Après une courte rétrospective, Jacques Lassalle, administrateur de la Comédie-Française présente ses projets pour cette nouvelle salle. Le reportage finit sur un extrait de Elle est là de Nathalie Sarraute.
En 1996, une troisième salle vient compléter Richelieu et le Vieux-Colombier, le Studio-Théâtre, situé dans le Carrousel du Louvre. C'est la plus petite salle de la Comédie-Française (136 places). De 2001 à 2006, Marcel Bozonnet est Administrateur Général. En 2006, c'est Muriel Mayette qui lui succède, déjà sociétaire depuis 1988 et première femme à accéder à ce poste.
Murielle Mayette est nommée Administrateur Général de la Comédie-Française
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Après un portrait qui présente Murielle Mayette dans les locaux de la Comédie-Française, elle est interviewée sur le plateau du journal télévisé de France 3. Elle parle de son projet pour le Français, de sa volonté de remettre les comédiens au centre et de son désir de mieux faire connaître le théâtre.
La Comédie-Française reste aujourd'hui le seul Théâtre National à financer une troupe de comédien permanent. Cette tâche fait partie de son cahier des charges. Il existe quatre statuts différents pour les comédiens de la troupe : les pensionnaires, les sociétaires, les sociétaires honoraires et le doyen [1].
[1] On peut trouver plus d'informations sur les différents statuts sur le site de la Comédie-Française .
Le Théâtre National de Strasbourg
Le troisième théâtre à obtenir le statut de Théâtre National est, encore aujourd'hui, le seul qui ne soit pas parisien : le Théâtre National de Strasbourg (TNS). Ce n'est sans doute pas un hasard s'il s'agit également du tout premier Centre Dramatique National (CDN) à avoir été créé, en 1946, lorsqu'il était encore à Colmar. C'est André Malraux qui décide de transformer le Centre Dramatique de l'Est (CDE) en Théâtre National de Strasbourg en 1968. La décision devient effective par un décret du 31 mai 1972. Le Centre Dramatique de l'Est était le seul CDN à posséder une école d'art dramatique reconnue par l'Etat. Le Théâtre National de Strasbourg conserve cette spécificité, qui est incluse dans son cahier des charges.
Jacques Fornier, directeur du Théâtre National de Strasbourg
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Jacques Fornier, alors directeur du Théâtre National de Strasbourg, après Hubert Gignoux, parle de la mission du théâtre et du succès rencontré auprès du public, avec un coefficient de remplissage de 90 à 103%.
Le CDE quitte Colmar pour des locaux neufs à Strasbourg en 1957. Symbole de la décentralisation des années 50, il a vu passer à sa direction les grandes figures théâtrales de l'époque comme André Clavé et Hubert Gignoux.
Le Centre Dramatique de l'Est devient Théâtre National de Strasbourg
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Hubert Gignoux, directeur du Centre Dramatique de l'Est, joue un extrait de sa dernière pièce Une très bonne soirée. Il répond ensuite aux questions de la journaliste sur les auteurs de théâtre et sur la transformation du Centre Dramatique de l'Est en Théâtre National de Strasbourg.
Le premier directeur du TNS, après sa transformation en Théâtre National, est Jacques Fornier. Il ne reste que deux années avant de démissionner, estimant que le budget alloué par l'Etat n'accompagne pas l'alourdissement des responsabilités dû au nouveau statut. Se succèdent alors les metteurs en scène André-Louis Perinetti (1972-1974), Jean-Pierre Vincent (1975-1983) et Jacques Lassalle (1983-1990) – ces derniers deviennent tous deux Administrateurs de la Comédie-Française par la suite –, Jean-Marie Villégier (1990-1993), Jean-Louis Martinelli (1993-2000) puis Stéphane Braunschweig (2000-2008).
Rétrospective sur le TNS et arrivée de Jean-Louis Martinelli à la direction
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Une petite rétrospective des directeurs du Théâtre National de Strasbourg de Hubert Gignoux jusqu'à Jean-Louis Martinelli permettent de saisir la situation du TNS au début du mandat de Martinelli. Ce dernier explique ensuite son projet pour le théâtre.
Stéphane Braunschweig, nouveau directeur du Théâtre National de Strasbourg
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Stéphane Braunschweig, nouvellement directeur du Théâtre National de Strasbourg, annonce ses ambitions. Il compte notamment s'appuyer sur une troupe permanente et ouvrir la programmation aux spectacles européens. Il a également conscience d'hériter d'un théâtre chargé d'histoire, à travers la décentralisation et les anciens directeurs.
Depuis 2008, Julie Brochen dirige le TNS, avec son école d'art dramatique. L'école du TNS et le Conservatoire National d'Art Dramatique de Paris sont les deux seules écoles d'art dramatique sous l'égide du Ministère de la Culture, reconnues par l'Etat. L'Ecole Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon est la troisième grande école de théâtre en France, elle dépend cependant du Ministère de l'Education Nationale.
L'école du Théâtre National de Strasbourg
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Hubert Gignoux, directeur du Théâtre National de Strasbourg et Pierre Lefevre, responsable pédagogique nous offre un tour des différentes enseignements donnés aux élèves à l'école du TNS : cours d'art dramatique bien sûr, mais aussi chant, judo ou encore gymnastique.
Le Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris
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En 1974, l'arrivée de Jacques Rosner à la tête du Conservatoire National d'Art Dramatique de Paris crée une polémique. Il souhaite moderniser les enseignements et supprimer le concours de sortie. Plusieurs élèves s'expriment sur la question, ainsi que les professeurs, dont Marcel Bluwal qui vient tout juste d'arriver au sein de l'institution.
L'ENSATT s'installe à Lyon
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En 1997, l'Ecole Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, mieux connue sous le nom d'école de la rue Blanche, s'installe à Lyon. Jusque-là logée à Paris, dans le 9e arrondissement, son déménagement lui permet d'accéder à des locaux mieux adaptés et plus vastes.
Le Théâtre National de Chaillot
Le Théâtre du Palais de Chaillot devient le Théâtre National de Chaillot en 1975, sous la direction d'André-Louis Perinetti. Ce théâtre a longtemps abrité le Théâtre National Populaire (TNP), créé par Firmin Gémier en 1920. Abandonné à la mort de celui-ci en 1933, il aura attendu que Jeanne Laurent, alors sous-directrice à la direction des spectacles au Ministère de l'Education Nationale, nomme Jean Vilar en 1951 pour connaître une deuxième vie.
Jean Vilar à propos du Palais de Chaillot
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Jean Vilar détaille les défauts et vertus de la scène du Palais de Chaillot. Elle a la particularité d'être beaucoup plus large que profonde, ce qui pose différents problèmes de mise en scène, et c'est un très grand plateau, qui, selon Jean Vilar, ne se prête pas à toutes les pièces.
En 1973, le TNP est séparé du Palais de Chaillot. Roger Planchon est nommé directeur du TNP et l'installe au Théâtre de la Cité de Villeurbanne qu'il a restauré en 1957, tandis que Jack Lang est nommé directeur du Théâtre de Chaillot.
Jacques Duhamel annonce le déménagement du TNP
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Jacques Duhamel annonce le déménagement du TNP à Villeurbanne et les nouveaux projets pour le Théâtre de Chaillot. Il a nommé Jack Lang à la tête de Chaillot. Ce dernier présente son projet pour le Théâtre de Chaillot, et Roger Planchon le sien pour le TNP à Villeurbanne.
En 1981, Antoine Vitez devient à son tour directeur du Théâtre National de Chaillot et y fonde une école d'art dramatique, qui forme entre autres Valérie Dréville ou Robert Cantarella. Vitez lance son mot d'ordre « Un théâtre élitaire pour tous » au sein de Chaillot, cherchant à créer un théâtre à la fois exigeant et accessible à tous les publics.
Antoine Vitez prend ses fonctions de directeur à Chaillot
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Antoine Vitez décrit ses ambitions pour son mandat à la direction du Théâtre National de Chaillot. Il aborde notamment le sujet de l'alternance des pièces, qu'il compte remettre en place. On assiste à des extraits d'une répétition de Britannicus.
Antoine Vitez à propos de son projet à Chaillot
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Antoine Vitez, directeur du Théâtre National de Chaillot, répond à Dominique Jamet au sujet de son projet théâtral. Il explicite notamment sa phrase « Un théâtre élitaire pour tous ». Un extrait d'Hippolyte de Robert Garnier, mis en scène par Antoine Vitez.
Après Jérôme Savary (1988-2000) et Ariel Goldenberg (2000-2008), la nomination comme co-directeurs de Dominique Hervieu et José Montalvo, tous deux chorégraphes, en 2008, accompagne le changement de mission du Théâtre National de Chaillot, qui s'oriente désormais vers la danse contemporaine.
Le Théâtre National de la Colline
Pour aborder la création du Théâtre National de la Colline, il faut remonter en 1963 lorsque Guy Rétoré et sa compagnie, appelée La Guilde, s'installe dans le XXe arrondissement, qui est à ce moment-là un quartier populaire de Paris, dans un ancien cinéma, le Zénith. Guy Rétoré est le premier à mener une politique de décentralisation à l'intérieur de Paris. Son travail de terrain est reconnu par André Malraux, qui lui donne le statut de Maison de la Culture en 1964, puis Centre Dramatique National en 1966.
Le TEP de Guy Rétoré
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Après une présentation par Guy Rétoré du TEP (Théâtre de l'Est Parisien), plusieurs spectateurs, principalement ouvriers, sont interviewés. Ils racontent comment ils en sont venus à prendre des abonnements collectifs au théâtre, notamment grâce au car mis en place par le théâtre depuis Montreuil. On voit également quelques extraits de On ne sait jamais tout de Pirandello.
En 1972, Jacques Duhamel, alors Ministre de la Culture, donne le statut de Théâtre National au TEP. Onze ans plus tard, c'est le nouveau Ministre de la Culture, Jack Lang, qui décide de la construction d'un nouveau bâtiment pour accueillir le Théâtre National, et c'est finalement un troisième Ministre, François Léotard, qui inaugure la nouvelle salle en 1988.
Entre-temps, Guy Rétoré s'est retiré du projet du Théâtre National de la Colline. Il laisse donc la direction du tout nouveau bâtiment à Jorge Lavelli en 1988, et conserve le TEP, qu'il installe quelques rues plus loin, dans l'ancienne salle de répétition rénovée.
Ouverture du Théâtre National de la Colline dirigé par Jorge Lavelli
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Le nouvel établissement qui accueille le Théâtre National de la Colline vient d'ouvrir. Il est dirigé par Jorge Lavelli qui présente Le Public de Federico Garcìa Lorca pour l'inauguration. Jorge Lavelli, interviewé, parle du TEP et de l'avenir du Théâtre National de la Colline, notamment au niveau financier.
La mission du Théâtre National de la Colline est de promouvoir l'écriture contemporaine. Jorge Lavelli, metteur en scène argentin, s'engage à accueillir et mettre en scène principalement des pièces contemporaines, idéalement d'auteurs vivants. En 1996, Alain Françon remplace Jorge Lavelli, en conservant la même mission. Même si plusieurs pièces modernes sont montées (Tchekhov, Büchner, etc.), le Théâtre National de la Colline accueille plusieurs auteurs contemporains : Philippe Minyana, Jean-Claude Grumberg, Serge Valletti, Edward Bond, Eugène Durif, etc.
Depuis 2008, Stéphane Braunschweig dirige le Théâtre National de la Colline. Il continue à promouvoir un théâtre moderne et contemporain dans le bâtiment équipé de deux salles (une grande de 750 places et une petite, modulable, de 200 places).
L'Opéra Comique
Le dernier nommé est l'Opéra Comique, qui a accédé au statut de Théâtre National récemment, en 2005. La troupe de l'Opéra Comique est née sous le règne de Louis XIV, en 1714. La Salle Favart, qui est l'actuel Opéra Comique, est construite pour la troupe en 1783. La salle telle qu'elle existe aujourd'hui a cependant été reconstruite par l'architecte Louis Bernier en 1898. Le répertoire de l'Opéra Comique est particulier puisqu'il est à l'intersection de la musique et du théâtre. C'est la raison de sa transformation en Théâtre National : il se doit de faire connaître ce répertoire et les productions lyriques ou théâtrales qui l'exploitent.
L'opéra comique est un genre particulier qui mêle du théâtre (parlé) et des moments lyriques (chansons, opérette, etc.). Comme dans le cas du Théâtre de l'Odéon et la Comédie-Française, l'Opéra Comique a une histoire commune avec l'Opéra National de Paris, auquel il a été plusieurs fois rattaché, notamment pour des questions financières. Il devient définitivement autonome en 1990, sous la direction de Thierry Fouquet. Il a ensuite été dirigé par Pierre Médecin (1994-1999) et Jérôme Savary (2000-2007). Depuis juin 2007, Jérôme Deschamps est directeur de l'Opéra Comique.
Les Centres Dramatiques Nationaux
Un autre réseau très important de théâtres publics est celui des Centres Dramatiques Nationaux (CDN). Son histoire est liée à celle de la décentralisation théâtrale [Voir le parcours sur la décentralisation théâtrale ] : le premier CDN est créé à Colmar en 1946. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de CDN a largement augmenté. De cinq en 1952, ils sont plus de trente aujourd'hui. Leur statut et leurs missions ont évolué avec le temps. Ils sont aujourd'hui encadrés par deux arrêtés, l'un datant de 1972 et le second de 1995. Les directeurs des CDN sont nommés par le Ministère de la Culture, parfois en concertation avec les collectivités locales. Contrairement aux Théâtres Nationaux qui sont entièrement subventionnés par le Ministère de la Culture, les financements des CDN dépendent de plusieurs acteurs publics : Etat, région, département, ville.
Le Théâtre de la Criée à Marseille
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Le Nouveau Théâtre National de Marseille s'installe dans le tout nouveau Théâtre de la Criée, conçu par l'architecte Bernard Guillaumot, sur le Vieux-Port de Marseille. C'est Marcel Maréchal, directeur du théâtre, qui l'inaugure, en présence de Gaston Defferre, maire de Marseille.
Le Théâtre Nanterre-Amandiers dirigé par Patrice Chéreau
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Patrice Chéreau, nouveau directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, explique son projet ; une école dans l'enceinte du théâtre, deux salles, l'une classique, et l'autre entièrement adaptable, une librairie, un restaurant, un studio d'expérimentation de production de films.
Il est stipulé que le directeur doit être « un artiste directement concerné par la scène ». [1] Dans la réalité, la plupart sont metteurs en scène. Leur mission principale rejoint les objectifs des premières troupes de la décentralisation théâtrale : « Dans la zone définie par le contrat, il doit faire de son centre un lieu de référence nationale et régionale pour la création et l'exploitation des spectacles créés par son équipe ; il s'efforcera également de diffuser des œuvres théâtrales de haut niveau. Il recherchera l'audience d'un vaste public et la conquête de nouveaux spectateurs. » [2]
[1] Arrêté du 23 février 1995.
[2] Ibid.