Le référendum en Algérie

11 janvier 1961
02m 53s
Réf. 00174

Notice

Résumé :

Les électeurs de métropole et d'Algérie sont invités à approuver par référendum le principe de l'autodétermination ainsi qu'un projet d'organisation provisoire des pouvoirs publics en Algérie.

Date de diffusion :
11 janvier 1961
Source :

Éclairage

Ce référendum donne l'occasion au chef de l'Etat de renouveler sa légitimité à la source où il la puise depuis 1958, celle du suffrage universel. De Gaulle demande aux Français de ratifier les orientations de sa politique algérienne, en particulier le principe de la "République algérienne" qu'il a évoquée dans son allocution radiotélévisée du 4 novembre 1960. Le Général reçoit le soutien de l'UNR, des socialistes et du MRP. Les indépendants se divisent.

En revanche, le "non" est recommandé par les communistes, les radicaux, l'extrême droite et les partisans de l'Algérie française derrière Jacques Soustelle. 75% des électeurs donnent au Général l'autorité dont il a besoin pour négocier face au FLN, à l'armée et aux activistes. Mais la proportion des "non" atteint 72% à Alger-Ville (contre 30% dans le reste du pays) : il est clair que de Gaulle devra imposer sa solution à la population algérienne d'origine européenne. Les réactions des partisans de l'Algérie française ne se font pas attendre. En février 1961, l'Organisation Armée secrète (OAS) publie ses premiers tracts et commence une campagne d'attentats.

Dans une premier partie (équivalant aux 2/3 de la durée), le sujet présente d'abord la sécurité encadrant le scrutin en Algérie même, avant de détailler les résultats en ne cachant pas les résultats négatifs au sein de la population européenne ("Oran comme Alger voteraient "non""). C'est le calme du vote qui est mis en avant, avec d'une part l'absention à Alger et d'autre part la participation dans le bled à travers le pays, "moins soumis aux manoeuvres et aux menaces du FLN" d'après le commentateur: "Il faut constater que les campagnes algériennes votèrent, et qu'elles votèrent oui". Comme souvent, les images de vote sont accompagnées d'une musique positive et dynamique.

Dans une seconde partie traitant de la situation en France, le commentateur reconnaît bien une moindre participation par rapport au précédent référendum ("le corps électoral a fait son devoir, moins largement sans doute qu'au dernier référendum") mais en relativise aussitôt l'importance ("mais plus massivement que ne le prévoyaient les augures") : il s'agit à l'évidence de donner une version positive de la participation. Les têtes de file des grandes familles politiques ne sont pas choisies par hasard, ni présentées dans un ordre indifférent : Paul Reynaud et Guy Mollet, partisans du "oui", encadrent Jacques Duclos et Jacques Soustelle que tout oppose sinon leur commun rejet de la politique gaulliste, ce pour des raisons diamétralement opposées.

Le vote du général, traité à part, donne lieu à une note d'humour : "Détail : à Colombey, il y a un "non". Le commentaire final des résultats minimise le "non". A la fin, le commentaire tourne quasiment à la propagande : "le "oui" franc et massif demandé par le général de Gaulle pour construire l'avenir".

Eve Bonnivard