Le putsch des généraux : les débuts
Notice
Le samedi 22 avril 1961, les généraux Challe, Salan, Zeller et Jouhaud s'emparent d'Alger avec l'appui du 1er régiment de parachutistes. La résistance se met en place en métropole.
Éclairage
Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le 1er régiment étranger de parachutistes s'empare d'Alger, arrête le général en chef Gambiez et le délégué général Morin. Le plan initial comportait des coups de force simultanés à Alger et à Paris. Mais le général Challe ordonne au général Faure de ne rien entreprendre à Paris sans son ordre. A Alger, Challe, Zeller et Jouhaud, rejoints par Salan le 23, proclament un "Conseil supérieur de l'Algérie" pour tenir leur serment de garder l'Algérie française. Cette tentative de putsch échoue en quatre jours. A Paris, l'arrestation du général Faure décapite le complot dès le matin du 22 avril.
De Gaulle attend le soir du 23 pour improviser une allocution qui rappelle en termes énergiques les soldats du contingent à leur devoir d'obéissance. Peu après, le Premier ministre Michel Debré dramatise la situation en appelant les Parisiens à se rendre vers les aéroports, "à pied ou en voiture", pour empêcher le débarquement des parachutistes. Le 25, Challe se rend. Il sera condamné par le Haut Tribunal militaire à quinze ans de détention, comme le général Zeller qui se rendra plus tard. Salan et Jouhaud rejoignent l'OAS dans la clandestinité.
Pour l'historien G. Pervillé, "le putsch n'avait guère de chances de réussite, étant donné la forte personnalité du général de Gaulle et le soutien massif de l'opinion métropolitaine. De plus, il n'avait pas de perspective politique claire. Au plan initial consistant en la prise du pouvoir à Paris, Challe avait naïvement préféré utiliser l'armée française pour gagner la guerre en trois mois et remettre l'Algérie à la France sur un plateau d'argent" ["Le putsch des généraux", in Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle, J-F Sirinelli (dir.), PUF, 1995].
Ce document est diffusé le lendemain de la reddition de Challe. Le putsch a échoué, tout danger est écarté. Pourtant, tout se passe comme si les esprits n'étaient pas encore remis de leur frayeur. C'est du moins l'impression qui se dégage du commentaire. Loin de dissiper l'angoisse des Français, il la réactive en évoquant, heure par heure, le "drame qui agite aujourd'hui la France", le "gouffre où risquait de s'enliser le pays". Les mots "drame" et "dramatique" sont répétés respectivement trois et deux fois. Portée par la musique, la dramatisation, atteint son comble avec l'appel à l'aide du général de Gaulle : "Françaises, Français, aidez-moi !". Puis, le commentateur fait revivre l'angoisse suscitée par la rumeur d'un débarquement des "paras" : "Pour compléter leurs chances, les rebelles tenteraient-ils un raid sur Paris ?"
Tout en jouant sur la peur, le commentateur rend hommage au civisme du "peuple de Paris" ("C'est par milliers qu'on put compter les engagements réclamés pour seconder les forces de l'ordre"), salue l'action efficace du gouvernement et le soutien apporté par les syndicats. Les Actualités Françaises vibrent à l'unisson des Français, comme le montre le commentaire final, exalté : "la France toute entière, en ces heures lourdes, a marqué qu'elle était d'accord avec son chef".
Œuvre de propagande destinée à ressouder la nation derrière le Général, en jouant sur la peur et la fibre patriotique, ce document témoigne de la fidélité des Actualités Françaises à la ligne gaullienne. Si la télévision a tenu un rôle, l'épisode du putsch d'Alger reste comme la "victoire du transistor" : l'échec du putsch est attribué à la radio, qui a assuré au général de Gaulle la fidélité du contingent. D'où un gros plan sur un poste à transistor, grâce auquel les soldats du contingent ont pu prendre connaissance de l'appel du Général.