Eureka ! François Mitterrand a trouvé l'Europe de la technologie

17 juillet 1985
02m 37s
Réf. 00151

Notice

Résumé :
Le 17 juillet 1985 s'ouvrent les Assises européennes de la Technologie à Paris. 17 pays ainsi que la CEE sont représentés pour donner naissance à EUREKA, organisation internationale dédiée à la coopération technologique.
Date de diffusion :
17 juillet 1985
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )
Lieux :

Éclairage

Longtemps cherchée, enfin trouvée : l’Europe de la technologie n’existait pas jusqu’aux Assises européenne de la Technologie tenues à Paris le 17 juillet 1985. Du moins il n’existait pas de mécanisme incitatif, ouvrant à l’octroi de subventions publiques aux porteurs privés et publics de projets transfrontaliers visant la mise au point et la commercialisation d’innovations rapidement commercialisables, et ce dans l’ensemble des domaines des hautes technologies.

En concluant à la nécessité de combler ce vide, les Assises donnent naissance à l’organisation intergouvernementale, EUREKA. Sa naissance à l'Élysée reflète le rôle primordial de la France. Le Président Mitterrand, avec notamment son ancien Conseiller technique aux affaires européennes Pierre Morel et son Conseiller spécial Jacques Attali, ainsi que le Premier ministre, précédemment ministre de l’Industrie, Laurent Fabius, sont directement mobilisés. L’idée est de profiter d’une situation politique internationale inconfortable – la division des Européens face à la proposition que leur fait le président des États-Unis Ronald Reagan, de participer à l’Initiative de défense stratégique - pour avancer une proposition alternative, mûrie depuis longtemps, au sujet de l’Europe industrielle.

La proposition est la suivante : coordonner les efforts de recherche et de développement industriels européens pour créer et renforcer des entreprises à la pointe de la technologie, face aux concurrences américaine et japonaise sur le marché mondial. La paix plutôt que la guerre (froide), le renforcement de l’Europe plutôt que la dépendance atlantique : tel est ce que propose la France, qui annonce pour sa part qu’elle répondra par la négative à l’allié américain et qu’elle concentrera ses moyens sur le projet EUREKA.

Après quelques hésitations parfois, les partenaires européens se laissent finalement assez vite convaincre. Ils apprécient l’idée d’une structure légère, d’une démarche décentralisée confiant aux acteurs de l’innovation le montage des dossiers et aux États leur sélection et leur financement, indépendamment de la Commission européenne.

L’Europe de la technologie est plus large que la Communauté économique européenne (CEE). Lors des Assises, 17 pays sont représentés ainsi que la Commission européenne au nom de la CEE. En 2016, EUREKA existe toujours, comptant 41 membres et trois États associés hors de l’Europe.
Léonard Laborie

Transcription

Jean-Jacques Peyraud
Le projet français EUREKA est maintenant officiellement sur les rails. Dix-sept pays européens étaient représentés aujourd’hui à l’Élysée pour une première séance de travail. EUREKA, c’est un projet commun pour l’Europe destiné à unir les efforts des industries technologiques de pointe. L’idée avait été lancée il y a trois mois par François Mitterrand au cours du sommet de Milan. Richard Tripault.
Richard Tripault
EUREKA est donc né ici à Milan, le 28 juin dernier. L’idée avait été avancée deux mois auparavant par François Mitterrand, mais entre-temps, la France avait dû envoyer des émissaires dans tous les pays concernés afin d’expliquer et de convaincre. Campagne indispensable pour vaincre les réticences de quelques-uns. Par exemple, la Grande-Bretagne, qui accueille d’abord l’idée avec beaucoup de scepticisme, puis annonce qu’elle s’engage à fond dans le projet. Une réserve, le programme doit être pragmatique et ouvrir sur des perspectives commerciales. L’Allemagne qui semble un temps plus séduite par le projet américain de guerre des étoiles mais revient sur sa position et adhère aujourd’hui complètement au projet. En revanche, certains pays comme l’Italie ont tout de suite réagi positivement au projet français, l’accord de Milan a été une victoire pour le Premier ministre Bettino Craxi. Le Portugal, l’un des deux nouveaux de la Communauté, s’est aussi déclaré résolument favorable à EUREKA, il l’a fait en mai dernier, en répondant à la France qui lui demandait de se prononcer. Aujourd’hui à l’Élysée, le consensus semblait complet. La présence de cinq pays n’appartenant pas à la Communauté européenne, la Finlande, la Suède, la Norvège, l’Autriche et la Suisse, apparaissait même aux yeux du président Français comme le gage d’un enrichissement de son projet EUREKA.
François Mitterrand
… venu de seize autres pays d’Europe. Le fait que vous soyez là, représentants de 17 pays, est la preuve d’une prise de conscience qui n’a pas attendu ce jour, qui est éprouvée par nombreux d’entre vous qui, depuis des années, recherchent les occasions de réussir une certaine conception de l’Europe ; sans que pour cela, aucun d’entre vous soit contraint d’adopter telle ou telle institution.
(Bruit)
Richard Tripault
Voilà donc évoquée une nouvelle fois une possible Europe à plusieurs vitesses. Le Premier ministre, Laurent Fabius, en sortant de la conférence, préférait parler d’Europe de la souplesse.