La précarité des étudiants
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Résumé
Le reportage révèle la situation financière des étudiants dans la région, et plus particulièrement à Reims. Certains vivent sous le seuil de pauvreté et doivent recourir à des aides alimentaires organisées par des associations caritatives. Vivre ainsi engendre un affaiblissement du lien social, qui n’est pas complètement rompu grâce aux associations.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
28 sept. 2017
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Selon l’Observatoire des inégalités, la pauvreté augmente en France depuis une dizaine d’années. En considérant le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, 14% des personnes sont considérées comme pauvres contre 13,8% en 1990. En France et au niveau européen, le seuil de pauvreté utilisé est le seuil à 60% du revenu médian. La pauvreté dépend de l’âge, et les jeunes sont plus touchés. En France, en 2015, 21,1% des femmes de 18 à 29 ans vivaient sous le seuil de pauvreté (60% du revenu médian) contre 14,5% des femmes de 30 à 49 ans, et 19,1% des jeunes hommes contre 12,2% pour les hommes de 30 à 49 ans.
L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) dénonce la hausse du coût de la vie étudiante depuis près de dix ans, à cause de la hausse des frais universitaires, la baisse des APL, et la hausse des loyers dans les grandes villes. En 2015, 19,1% des étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté. 46% des étudiants en 2017 étaient obligés de travailler pendant leurs études. Ils doivent donc parfois faire le choix entre les cours suivis et ceux qu'ils peuvent ne pas suivre pour travailler à la place.
Les difficultés financières sont en partie dues au logement. Les jeunes de 18 à 29 ans vivent davantage dans des zones urbaines que dans des zones rurales. Dans le Grand Est, cette sur représentation est très importante dans les villes étudiantes comme Strasbourg, Nancy et Reims. Les jeunes y vivant sont majoritairement des étudiants. Dans les zones rurales, les jeunes vivent davantage chez leurs parents. Dans le Grand Est, 52% des jeunes de 18-29 ans sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur. 22% jeunes qui ne vivent pas chez leurs parents ou dans des foyers dans les grands pôles urbains du Grand Est, vivent dans moins de 30m2 contre 10% dans toute la région. Le quart des jeunes vivant à Reims vivent dans un logement social. Ces différents éléments mettent l’accent sur la situation des plus jeunes et donc des étudiants dans trois grandes villes du Grand Est.
La situation sociale des parents affecte peu la pauvreté des étudiants. Selon une étude faite par l’Observatoire national de la vie étudiante en 2013 et 2016, si 19% des étudiants, enfants de cadres, vivent avec moins de 316€ en 2016, ils sont 15% issus de familles pauvres et 23% issus des classes populaires. C’est davantage l’âge qui explique la pauvreté des étudiants. Jusqu’à 19 ans le revenu moyen des étudiants est inférieur à 600€ alors qu’après 25 ans, il est au-dessus de 1000€.
La pauvreté des étudiants est néanmoins atténuée par les aides publiques qui jouent un rôle distributif. En 2014, 38% des jeunes de 18 à 24 ans ont perçu au moins un revenu de transfert, des bourses d’études et des aides au logement. Mais ce sont les enfants de familles populaires qui ont les revenus les plus faibles car ils sont peu aidés par les parents et ne bénéficient pas des mêmes aides que les enfants de familles précaires. La redistribution effectuée par les pouvoirs publics peut expliquer des différences de situation entre étudiants, d’autant plus qu’elle bénéficie aussi aux enfants issus de milieux plutôt favorisés.
La France a un système redistributif qui permet de réduire fortement les inégalités de revenus. Ainsi en 2018, les 10% des ménages les plus modestes avaient un niveau de vie inférieur à 3290€ par an avant redistribution, et à 10110€ par an après redistribution. Leur niveau de vie (revenu du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation) a été multiplié par trois grâce aux transferts sociaux (prestations familiales, des aides au logement, des primes d’activité et des minimas sociaux) et à l’impôt sur le revenu progressif. Les étudiants, comme les ménages les plus modestes bénéficient de ces aides.
Éclairage média
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Le reportage fait un gros plan sur la situation d’étudiants précaires à Reims. La personne la plus présente dans la vidéo est une jeune femme qui a repris ses études après quatre années en activité professionnelle. Elle explique sa reprise d'études par des difficultés rencontrées sur le marché du travail, comme l’insertion, avoir un emploi stable, la faible rémunération, et le manque de perspectives. Cette jeune femme met l’accent sur sa difficulté à avoir une activité professionnelle en même temps que de poursuivre ses études, situation qui met ses chances de réussite en péril. Les deux autres jeunes femmes insistent sur le niveau faible de revenus dont elles disposent pour satisfaire leurs besoins ainsi que les frais qui incombent aux études.
Le focus sur l’épicerie solidaire sur le campus de Reims, présente aussi dans d’autres villes universitaires, insiste sur la nécessité d’un accompagnement associatif. Ce sont 15 épiceries solidaires Agorae, qui se sont ouvertes en 2017, et 7 autres en 2018. Les aides du monde associatif, permettent de ne pas rompre totalement le lien social. Sur le campus de Reims, cette épicerie dédiée aux étudiants dont le reste à vivre doit être inférieur à 10€ par jour, accueille près de 500 étudiants en difficulté. Ces épiceries sont une nécessité pour les étudiants. Elles permettent de vivre avec un minimum de décence en limitant les situations d’extrême précarité.
Le reportage met en avant l’insuffisance des aides apportées aux étudiants pour leur permettre de mener à bien leurs études. En France, en 2017-2018, 37% des étudiants bénéficiaient d’une bourse. Dans le Grand Est, en 2017, il y a des inégalités entre les « anciennes » régions. En Lorraine, entre 40 et 45% des étudiants étaient boursiers, entre 35 et 40% en Champagne Ardennes et entre 25 et 35 % en Alsace. Cependant, des aides sont apportées par des organismes comme le Crous notamment à Strasbourg, qui propose 4500 logements aux étudiants de la ville. Avec la crise du Covid-19, les aides s’y sont multipliées, comme la vente à emporter dans les restaurants universitaires, la mise à disposition de kits menstruels aux jeunes femmes en difficulté, et la fourniture de plus de 10 000 masques aux étudiants précaires.
En France, de fortes inégalités de situation existent entre les étudiants aidés par leur famille et ceux d’origine plus modestes. Raymond Boudon dans les années 1970, montrait l’importance du capital économique dans les choix d’orientation, les ménages les plus modestes supportent un poids financier plus important que les plus aisés quand il s’agit de financer les études. Et quand les enfants choisissent la poursuite d'études, ils subissent des difficultés liées à l’insuffisance de revenus.
Le reportage met l’accent sur trois étudiantes en situation de pauvreté qui peut être qualifiée de pauvreté subjective. En effet, il s’agit de la manière dont chacune perçoit sa propre situation et la diversité des cas, comme des études qui ont des coûts différents selon les filières. Le seul critère quantitatif est donné par le responsable de l’épicerie en donnant un seuil de revenu permettant l’accès à l’épicerie. La vision dans le reportage est limitée par la référence à trois exemples sans donner d’information quantitative sur la situation des étudiants, différentes selon l’âge, selon le fait qu’ils vivent chez leurs parents ou non.
Le reportage ne cite pas l’ensemble des aides dont peuvent bénéficier les étudiants. Elles existent pourtant, comme les aides sur critères sociaux, les bourses au mérite, les fonds d’aide d’urgence, les allocations d’études, les prêts d’honneur, les aides à la mobilité, les allocations logement. Depuis 1955, le Crous à Strasbourg, Reims, Nancy notamment, a pour objectif d’aider les étudiants dans leur quotidien, améliorer leurs conditions de vie et de travail. Ce sont des établissements publics qui ont une mission de service public ciblée pour les étudiants.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Isabelle Forboteaux
C’est l’heure du déménagement pour Anastasia.Pourtant, elle s’est battue pour avoir son chez elle.Mais aujourd’hui, elle ne peut plus en payer le loyer car son contrat de travail n’a pas été renouvelé.Etudiante à l’Université de Reims, la jeune femme touche 385 euros de bourse par mois et une aide au logement.Elle ne peut donc se passer d’un emploi pour financer ses études et subvenir à ses besoins.
Anastasia Giboudeau
A moins de travailler pendant, de faire un contrat de 25 heures et de louper des cours à la fac et de s’en sortir comme ça, mais honnêtement, ma priorité, c’est les études.Donc, non, je n’ai pas envie de rater des cours.Je ne veux qu’un contrat de 10 heures ou 15 heures, même si je dois faire des sacrifices, je les ferai.
Isabelle Forboteaux
Pour Anastasia, faire des études relève de la chance.Elle n’a pas eu son bac, l’a repassé en candidate libre, puis a obtenu une équivalence pour pouvoir rentrer à l’université.Quatre années où elle a travaillé à temps plein pour qu’enfin, cette chance s’offre à elle.
(Bruit)
Anastasia Giboudeau
Je ne lâcherai pas le morceau, même si c’est dur, même si j’ai dû redoubler ma première année parce que c’était compliqué de reprendre les études après quatre années où on a bossé et on a...Et on fait toujours semblant que tout va bien devant les copains, tout va bien, on s’habille bien, on se maquille, on se fait belle et tout, enfin...Il ne faut pas voir l’apparence parce qu’après, derrière, les gens ne savent pas ce qui se passe.
Isabelle Forboteaux
Ce monde de l’apparence et du silence concerne des centaines de jeunes universitaires.Des étudiants que l’on retrouve dans ce lieu mis en place par la Fédération inter-campus.L’Agoraé, une épicerie sociale, est achalandée chaque jour par la Banque alimentaire.Elle permet de faire ses courses à moindre coût, 10 à 15 fois moins cher qu’en supermarché.
Josué Masson
On est malheureusement la plus grosse Agoraé de France avec plus de 500 bénéficiaires.Il faut savoir qu’on a un des plus gros taux d’étudiants boursiers aussi dans la région, donc on est vraiment une région en difficulté par rapport à la vie étudiante.Le coût de la rentrée de cette année est en augmentation de 60 euros par rapport à l’année dernière.C’est quand même important.On a beaucoup d’augmentation notamment sur les aliments, et c’est pour ça qu’on essaie de développer des projets à côté.
Isabelle Forboteaux
Ils ne sont pas nombreux, ceux qui ont voulu se confier sur leurs difficultés.Certains cachent à leur famille leur situation et même ne demandent pas cette aide, car pour accéder à l’épicerie sociale du campus, les étudiants doivent justifier d’un reste à vivre de moins de 10 euros par jour.
Yasemin Lamia
J'ai un loyer de 400 euros et après, on a à peu près 100 euros pour tout ce qui est matériel dentaire, et puis je me garde 50 euros à peu près pour…
Okten Abbas
Les études coûtent plus ou moins cher selon les domaines, mais on ne s’attendait pas à ce que ça nous prenne autant de notre budget, à ce qu’il faille travailler à côté, etc.Donc, voilà.Après, voilà, ça responsabilise, ça nous prépare en quelque sorte à notre future vie, finalement.
Isabelle Forboteaux
C’est le pas léger qu’Anastasia se rend à son cours de psychopathologie, une discipline qui la passionne et qui lui permet de se projeter dans son avenir professionnel.
Anastasia Giboudeau
Mon rêve, ce serait de travailler dans la criminologie, et si je n’y arrive pas, je me dirigerai peut-être en psychiatrie.
Isabelle Forboteaux
Anastasia devra valider cinq années d’études pour aller au bout de son rêve.Comme elle, près de 25 000 étudiants à Reims ont entre leurs mains leur vie et leur avenir à porter.
(Bruit)
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