L'Opéra de Paris au XXe siècle
Aux origines
Vieille maison que l'Opéra de Paris ! Fondée par Louis XIV en 1661 pour la danse et 1669 pour la musique, passant en 1672 au privilège de Jean-Baptiste Lully, l'Académie Royale de musique et de danse fut de tous les régimes : témoin des triomphes de genre français (Lully, puis Rameau), transformant à chaque fois l'innovation en classicisme en créant un style national, elle fut aussi le lieu des querelles théoriques (les bouffons, les Gluckistes contre les Puccinistes), et une fois Versailles tombé, le lieu d'ostentation d'un pouvoir redevenu parisien, révolutionnaire, impérial ou royal.
Les années fastes d'avant-guerre
Symptôme de son statut, l'Opéra déménage souvent, de la salle d'Issy à la salle des Machines des Tuileries, de la salle des Menus-Plaisirs à celle de la Porte Saint-Martin,du Théâtre National au Théâte Louvois, de la Salle Favart jusqu'à la Salle Le Peletier, phare de l'opéra européen pour les trois quarts du XIXe siècle, et matrice des spectacles de Rossini, Meyerbeer, Halevy, Donizetti, Auber, Wagner même et Verdi... qui font la gloire de la métropole parisienne. Provisoire, incommode, mal située, propice à l'attentat (Napoléon III y échappa de peu en 1858), cette 12ème implantation géographique part en fumée en 1873, rendant impératif l'achèvement du fameux Opéra conçu par Charles Garnier, impérial de projet, mais national à son inauguration le 5 janvier 1875, pour les fastes de la IIIe République.
Il atteint son ère de splendeur sous la direction de Jacques Rouché, polytechnicien, industriel richissime, et homme de théâtre dans la meilleure acception du terme, de la trempe d'un Max Reinhardt à Berlin, capable d'investir sa fortune personnelle pour que l'Opéra de Paris s'inscrive au rang des toutes premières salles du Monde. L'ère Rouché est, de 1918 à 1941, une période de splendeur, entre un répertoire ouvert, essentiellement donné en langue française, une troupe aux noms étincelants faisant partie de la légende dorée du monde lyrique (Germaine Lubin, George Thill), une qualité d'ensemble de la production, chefs, metteurs en scène, décorateurs au fait des avant-gardes d'une époque qui en fut débordante, un ballet réputé par ses créations, comme par la qualité de sa troupe et de son orchestre.
Germaine Lubin évoque sa carrière
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Agée de 75 ans, la soprano française Germaine Lubin évoque en 1965 son immense carrière qui, entre les deux guerres mondiales, fit d'elle une des stars de l'Opéra de Paris sous la direction fort brillante de Jacques Rouché, et la vit aussi paraître au Festival de Bayreuth en 1938 et 1939.
Georges Thill, le trac, et Werther
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Au cours d'un « plateau » réunissant Emmanuel Bondeville, ancien Président de la RTLN, le chorégraphe Serge Lifar, et le journaliste Pierre Petit, Georges Thill, âgé de 80 ans, évoque le trac que peut ressentir un artiste face au public, puis réinvestit peu à peu le rôle de Werther de Massenet en écoutant son enregistrement discographique de 1931, qui permet de retrouver la voix exceptionnelle de celui qui fut, de 1925 à 1940, LE ténor français par excellence.
En 1936, la fortune de Rouché semblant incapable de résorber la négligence publique, l'Etat entreprend une réforme de l'institution, et crée en 1939 la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux (RTLN), en associant à l'Opéra l'Opéra-comique, fondé en 1715, et installé lui Salle Favart depuis 1898, créant ainsi une entité double qui gardera son identité jusqu'en 1978.
Après-guerre, un lent déclin
L'occupation allemande, puis la Libération mettent fin à l'ère Rouché, tandis que le réalisme pragmatique des années d'après-guerre, caractérisé par l'idée de tabula rasa, signe le début d'une ère de lent déclin de l'Opéra, bientôt délaissé par le pouvoir politique comme par le monde artistique.
Certes la RTLN dispose encore d'une troupe de haut niveau où brillent quelques noms prestigieux : Régine Crespin, Rita Gorr, Tony Poncet, Mady Mesplé, Alain Vanzo.
Régine Crespin chante le rôle-titre d'Ariane à Naxos au Festival d'Aix
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Extrait de la captation d'Ariane à Naxos de Richard Strauss, production reprise au Festival d'Aix-en-Provence en 1966. L'air d'Ariane «Es gibt ein Reich» est interprété par la soprano française Régine Crespin.
Don Carlos de Verdi à l'Opéra de Paris en 1964
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Retour au répertoire à l'Opéra Garnier du Don Carlos de Giuseppe Verdi, créé à l'Opéra de Paris en 1867, dans une nouvelle production signée Margarita Wallmann. Ce spectacle restera comme une des réussites de l'époque, témoignant du renouveau de l'institution sous la direction de Georges Auric et Emmanuel Bondeville.
Mady Mesplé chante "L'air des clochettes" de Lakmé de Leo Delibes
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Extrait d'une production télévisuelle de studio de Lakmé de Leo Delibes, réalisée par Henri Spade. Le fameux « Air des clochettes » est interprété par la soprano légère colorature Mady Mesplé, l'une des gloires du chant français des années soixante.
Alain Vanzo et Andrée Esposito interprètent un extrait de La Traviata
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Extrait d'une production de studio de télévision de La Traviata de Giuseppe Verdi de 1965, chantée en français, qui permet de retrouver le ténor Alain Vanzo et la soprano Andrée Esposito, exemplaires témoins des qualités de l'école de chant français des années cinquante et soixante.
De même, certains spectacles gagnent largement les faveurs du grand public, comme Les Indes galantes produites par Maurice Lehmann ou Carmen mise en scène par Raymond Roulleau.
Les Indes Galantes de Rameau mises en scène par Maurice Lehmann à l'Opéra de Paris
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A l'occasion d'une interview, Maurice Lehmann tente d'analyser le succès durable qu'a connu sa production des Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau créée en 1962 à l'Opéra de Paris. Il explique ce succès par le fait qu'il s'agissait d'un grand divertissement adressé à un public populaire. Ses propos sont illustrés de croquis de décors et de costumes.
Entrée de Carmen au répertoire de l'Opéra de Paris en 1959
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Jusque là réservée à la scène de l'Opéra-Comique où elle a été créée, la Carmen de Bizet fait son entrée à l'Opéra Garnier dans une production de Raymond Roulleau, des décors de Lila de Nobili, sous la direction du jeune chef prodige Roberto Benzi, et avec Jane Rhodes dans le rôle de la cigarière.
Mais elle s'enlise dans le conformisme et la tradition sans oser la vraie modernité que des révolutions d'interprétations contemporaines comme le Neues Bayreuth de Wieland Wagner ou l'art de Maria Callas, ont lancé de par le monde lyrique sans que Paris en soit conscient ou témoin.
Grace Bumbry, une Vénus noire à Bayreuth
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Reportage au Festival de Bayreuth en 1961, pour la nouvelle production de Tannhäuser de Wieland Wagner, avec interviews de Grace Bumbry, l'interprète de Vénus, Jean Mistler et Friedelind Wagner, qui évoque les relations sulfureuses de la famille Wagner avec Adolf Hitler, et extrait du tableau final de la fameuse mise en scène des Maïtres chanteurs de Nuremberg de Wieland Wagner de 1957.
Même la création des Dialogues des Carmélites de Poulenc a lieu à La Scala avant d'atteindre Paris.
Denise Duval chante un extrait de Dialogues des Carmélites de Poulenc
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Interrogé par Bernard Gavoty, Francis Poulenc évoque brièvement la création de ses Mamelles de Tirésias, puis de Dialogues des Carmélites. Il laisse la place à Denise Duval, la créatrice de ses opéras en France, qui après que le présentateur ait résumé le début de l'œuvre de Georges Bernanos, chante un extrait du premier acte.
Les années 60, entre coups d'éclat et faiblesse structurelle
À la création de la Ve République, la mise en place d'un Ministère de la Culture par André Malraux tente un renouvellement de la position et du rôle social de l'Opéra, de plus en plus considéré comme une salle destinée au divertissement des bourgeois et des provinciaux : Emmanuel Bondeville et Georges Auric sont chargés de rendre un rang international à la RTLN.
Quelques productions emblématiques, comme le Don Carlos mis en scène par Margarita Wallmann, La Damnation de Faust confiée à Maurice Béjart, la création parisienne du Wozzeck de Berg, les productions confiées à Wieland Wagner, ou la visite d'interprètes prestigieux comme Boris Christoff, Renata Tebaldi, Maria Callas, Franco Corelli, Birgit Nilsson, montrent par contraste une troupe incapable de se renouveler et d'offrir de nouvelles étoiles de niveau international, la problématique de l'Opéra de Paris masquant de fait celle de l'école de chant français, en plein déclin, faute d'attention des pouvoirs publics à son renouvellement et à son instruction.
Don Carlos de Verdi à l'Opéra de Paris en 1964
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Retour au répertoire à l'Opéra Garnier du Don Carlos de Giuseppe Verdi, créé à l'Opéra de Paris en 1867, dans une nouvelle production signée Margarita Wallmann. Ce spectacle restera comme une des réussites de l'époque, témoignant du renouveau de l'institution sous la direction de Georges Auric et Emmanuel Bondeville.
La Damnation de Faust de Berlioz mise en scène par Maurice Béjart
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Georges Auric, directeur de l'Opéra de Paris, présente la production de La Damnation de Faust d'Hector Berlioz mise en scène et chorégraphiée par Maurice Béjart en 1964, dont on voit un fragment de la Marche hongroise.
Création de Wozzeck à l'Opéra de Paris
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Au terme d'une saison 1963-1964 exceptionnelle, le compositeur Georges Auric évoque l'entrée de Wozzeck d'Alban Berg au répertoire de l'Opéra de Paris, illustrée par un court extrait montrant Pierre Boulez au pupitre de l'Orchestre de l'Opéra, et dirigeant l'interlude entre les deux dernières scènes de l'œuvre.
Tristan et Isolde mis en scène par Wieland Wagner
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Le reportage propose une interview de Wieland Wagner, petit fils de Richard Wagner, inventeur du Neues Bayreuth, et promoteur d'un style de mise en scène d'opéra qui domine la scène lyrique des années cinquante et soixante. On entend ensuite la cantatrice Birgit Nilsson interpréter un extrait de la Mort d'Isolde. Ce reportage illustre ainsi la reprise de Tristan et Isolde de Richard Wagner en 1966.
Renata Tebaldi interprète l'Air du Nil d'Aïda de Verdi à l'Opéra Garnier
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La soprano italienne Renata Tebaldi, longtemps considérée - à tort - comme la rivale de Maria Callas, fut l'une de plus belles voix du XXe siècle. Une captation réalisée à l'Opéra de Paris en 1959 permet d'en juger dans « l'Air du Nil » d'Aïda de Giuseppe Verdi.
Maria Callas interprète Norma à l'Opéra de Paris en 1964
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À l'occasion de la première apparition de Maria Callas en tant qu'artiste invitée à l'Opéra de Paris, pour huit représentations de la Norma de Bellini, à partir du 22 mai 1964, reportage sur les coulisses de la répétition générale, avec interviews de Georges Prêtre, Franco Zeffirelli, Emmanuel Bondeville et Georges Auric, et court extrait du 1er acte de l'opéra de Bellini.
Le renouveau de l'ère Liebermann
Mai 68 fait imploser le microcosme lyrique français. Tandis que Pierre Boulez clame depuis Baden-Baden qu' « il faut brûler les Maisons d'opéra », on transforme l'Opéra-Comique en école de chant indépendante, qui deviendra l'Opéra-Studio de 1974 à 1978, pour rentrer à nouveau dans le giron de l'Opéra.
L'histoire mouvementée du Théâtre de l'Opéra-Comique
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Après une courte évocation du passé prestigieux de l'Opéra-Comique par le son (Carmen) et l'image (gravures et promenade entre fresques et statuaire du lieu), des coupures de presse évoquent la fermeture du Théâtre, ce sur quoi Marcel Landowski, Directeur de la musique, de l'art lyrique et de la danse, explique que le destin de la seconde salle de la RTLN sera à partir de 1972 celui d'un Opéra Studio, dédié à la formation et à la création contemporaine, illustrée par un extrait du Syllabaire pour Phèdre de Maurice Ohana, jouée sur la scène de la Salle Favart.
L'Opéra, après une période de transition confiée à Jean Yves Daniel-Lesur et Bernard Lefort, renait sous l'impulsion de Jacques Duhamel, qui sur les conseils de Hugues Gall, parvient à convaincre Rolf Liebermann, à l'époque considéré comme le plus grand directeur d'opéra au monde avec Rudolf Bing, de prendre en main les destinées de la maison.
Début du mandat de Rolf Liebermann à L'Opéra de Paris en 1973
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A l'occasion de le réouverture de l'Opéra de Paris en mars avril 1973 sous la nouvelle direction de Rolf Liebermann, extraits de l'Orphée de Gluck dans la production de René Clair, avec Nicolaï Gedda, et interviews de Rolf Liebermann et d'André Courby, porte parole des personnels, à propos du prix des places.
L'ère Liebermann, de 1973 à 1980, demeure comme l'une des plus brillantes de l'histoire du Palais Garnier, comme en témoignent des productions restées fameuses (Les Noces de Figaro signées Strehler, le Faust de Lavelli et son Pelléas, Les Contes d'Hoffmann de Chéreau).
Les Noces de Figaro de Mozart mis en scène par Giorgio Strehler
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Extrait de la captation des Noces de Figaro mises en scène par Giorgio Strehler, réalisée en 1980 lors de la dernière reprise du spectacle sous le mandat de son initiateur Rolf Liebermann. La scène et duetto du IIIe acte permet de retrouver deux interprètes des premières représentations de 1973, Gundula Janowitz en Comtesse, et Lucia Popp en Suzanne, sous la direction de Sir Georg Solti.
Le Faust de Gounod vu par Jorge Lavelli
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Extrait de la captation intégrale, le 30 mars 1976, du Faust de Charles Gounod mis en scène par Jorge Lavelli, et dirigé par Sir Charles Mackerras, une des productions les plus révolutionnaires de l'ère Liebermann à l'Opéra de Paris. La scène de la Kermesse permet de retrouver le Faust de Nicolaï Gedda, la Marguerite de Mirella Freni, le Méphistophélès de Roger Soyer, le Siebel de Renée Auphan, et surtout la fameuse production de Lavelli.
Entrée au répertoire de l'Opéra Garnier de Pelléas et Mélisande
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Trois courts extraits de la production de Jorge Lavelli (la scène de la fontaine, la scène Golaud et Yniold, le duo final Pelléas et Mélisande) où l'on voit apparaître Richard Stilwell, Frederica von Stade et Gabriel Bacquier, encadrent une brève intervention du metteur en scène argentin à propos du caractère particulier de l'œuvre de Debussy.
Modernité d'un propos scénique sans excès, prestige des distributions internationales faisant disparaître la troupe, modification du système de production (la stagione au lieu du répertoire), l'Opéra de Paris devient un Festival permanent, où la création reste rare, mais, avec l'achèvement de la Lulu de Berg, et la commande de Saint-François d'Assise à Olivier Messiaen, exceptionnelle. Mais il devient aussi l'arène des joutes politiques, où les syndicats sont les premiers acteurs d'une contestation toujours très visible.
Création mondiale de Lulu d'Alban Berg, version en 3 actes
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Interview de Pierre Boulez à propos d'Alban Berg, l'auteur de Lulu, entrecoupée d'extraits de la production de Patrice Chéreau. La scène du peintre et le meurtre du Dr. Schön permettent de retrouver la Lulu de Teresa Stratas, le peintre de Robert Tear, et le Dr. Schön de Franz Mazura.
Olivier Messiaen présente son opéra Saint François d'Assise
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Interrogé par Mildred Clary, Olivier Messiaen expose les principes mêmes de son opéra Saint François d'Assise, quelques minutes avant la retransmission intégrale télévisée de l'œuvre, quelques jours après sa création à l'Opéra de Paris le 28 novembre 1983.
Les turbulences des années 80
En 1978, les nouveaux fondamentaux sont désormais en place, la RTLN cédant la place au Théâtre National de l'Opéra, qui comporte à nouveau deux salles, l'Opéra Garnier, et l'Opéra-Comique.
Quand Rolf Liebermann quitte la place, mission parfaitement accomplie, il apparaît qu'il est difficile de garder le niveau, d'autant que les joutes politiques prennent facilement le dessus dans la période qui s'ouvre en 1981. Bernard Lefort, Massimo Bogianckino, Jean-Louis Martinoty se succèdent trop vite pour marquer autant que leur prédécesseur, référence de plus en plus mythifiée.
La Femme sans ombre de Richard Strauss programmée par Bernard Lefort
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L'inauguration du second mandat de Bernard Lefort à la direction de l'Opéra de Paris en 1980 est une reprise d'un spectacle glorieux, La femme sans ombre de Richard Strauss. Bernard Lefort s'en explique en annonçant ses projets pour l'opéra, tandis que des extraits de la répétition générale permettent d'entendre Gwyneth Jones dans le rôle de la Teinturière.
Le Grand Macabre à l'Opéra de Paris
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À l'occasion de la première à l'Opéra de Paris du Grand Macabre de György Ligeti en 1981, courts extraits de l'opéra et interviews de l'auteur qui s'explique sur le type d'opéra qu'il a voulu créer, et du metteur en scène Daniel Mesguish.
Massimo Bogianckino arrive à la tête de l'Opéra de Paris avec Moïse de Rossini
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Inauguration du mandat de Massimo Bogianckino, administrateur de l'Opéra de Paris de 1983 à 1985, avec une nouvelle production de Moïse de Rossini. Les quelques extraits présentés, avec entre autres Magali Damonte et Cecilia Gasdia, entourent un portrait du nouvel administrateur.
Et la construction de l'Opéra Bastille, acte politique fort de l'arrivée de la gauche au pouvoir, un temps remis en question par les alternances de cohabitation, rebat encore les cartes : après l'inauguration le 13 juillet 1989 de la nouvelle salle, l'Opéra-Comique retrouve son indépendance, sinon de vrais moyens, et l'Opéra Garnier ferme pour laisser à l'Opéra Bastille un premier rang imposé, puis est consacré au seul ballet, tandis que la Ville de Paris suscite au Châtelet une concurrence marquée à la politique artistique de la première scène gouvernementale, et que le Théâtre des Champs-Elysées s'engage à son tour dans une ambitieuse politique lyrique. La présidence de Pierre Bergé, et les directions de Georges-François Hirsch, Jean-Albert Cartier et Jean-Marie Blanchard sont ainsi marquées par cette période de turbulences politiques et artistiques.
Inauguration de l'Opéra Bastille le 13 juillet 1989
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Pour l'inauguration de l'Opéra Bastille, entrée des grands du monde d'alors (Helmut Kohl, Brian Mulroney, Margaret Thatcher, George Busch), accueillis par Michel Rocard, et invités de François Mitterrand. Extraits du spectacle de Robert Wilson, La nuit avant le jour, dirigé par Georges Prêtre, avec parmi les vedettes Ruggero Raimondi et Manuel Legris.
Ouverture de l'Opéra Bastille avec Les Troyens d'Hector Berlioz
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Extrait du premier acte des Troyens de Berlioz, avec l'entrée du Cheval dans Troie, dans la production de Pier Luigi Pizzi, et dirigés par Myung-Whun Chung, montés pour l'ouverture de la première saison de l'Opéra-Bastille, avec la mezzo soprano américaine Grace Bumbry dans le rôle de Cassandre.
Wozzeck d'Alban Berg au Châtelet par Chéreau et Barenboïm
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Des extraits du Wozzeck d'Alban Berg mis en scène au Châtelet par Patrice Chéreau et dirigé par Daniel Barenboïm, avec Franz Grundheber en Wozzeck et Waltraud Meier en Marie, ponctuent des interviews de la cantatrice, du metteur en scène et du chef d'orchestre.
Création Française d'Outis de Luciano Berio au Théâtre du Châtelet
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Entre trois courts extraits d'Outis, présenté en création française sur la scène du Théâtre du Châtelet sous la direction de David Robertson, Yannis Kokkos, le metteur en scène, donne quelques clés du contenu de l'œuvre de Luciano Berio, qui s'exprime sur la façon dont sa musique explore son théâtre.
Les mandats d'Hugues Gall et de Gérard Mortier
En 1995, la nomination de Hugues Gall, qui a su de 1980 à 1995 faire de Genève un tremplin pour ses ambitions parisiennes, est accueillie comme un sauvetage nécessaire. Et la Maison, rebaptisée Opéra National de Paris en 1994, repart enfin pour une période de direction stable. Dix ans permettent de reprogrammer l'opéra à Garnier, d'équilibrer les répertoires entre les deux salles, de reconstituer un semblant de troupe, de donner une cohérence à la programmation, et d'imposer un style.
Quand à son tour Hugues Gall est frappé par la règle d'âge qui impose à tout fonctionnaire de quitter ses responsabilités à 65 ans, c'est à son opposé absolu que l'on fait appel : Gérard Mortier, célèbre pour avoir fait de la Monnaie de Bruxelles un des premiers Opéras européens, et pour avoir sorti le Festival de Salzbourg de son conformisme culturel. Il reprend en 2005 les recettes de ses succès antérieurs (modernité du répertoire, basé avant tout sur celui du XXe siècle et la création locale de nombreuses chefs-d'œuvre ignorés de Paris, renouvellement de l'interprétation mozartienne, et des concepts de mise en scène...) pour susciter un véritable bouillonnement culturel et tenter de changer en profondeur l'esprit maison et surtout la perception que le public a du phénomène opéra, mais sans obtenir vraiment l'assentiment du public et de la critique, qui restent divisés sur le bilan de son mandat.
Gérard Mortier programme le Don Giovanni de Mozart
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Invité du journal télévisé de France 3, Gérard Mortier, directeur de l'Opéra national de Paris, parle de Mozart et de la nouvelle production de son Don Giovanni qu'il a programmée à l'Opéra en cette année du 250e anniversaire de la naissance du compositeur. Quelques images du spectacle, mis en scène par le cinéaste Michael Haneke, accompagnent ses propos.
Tristan et Isolde à l'Opéra-Bastille par Peter Sellars et Bill Viola
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Des images de la nouvelle production de Tristan et Isolde mise en scène par Peter Sellars dans les vidéos de Bill Viola confirment l'irruption définitive de cette technologie nouvelle sur la scène de l'opéra, ce que commentent les deux artisans du spectacle et Waltraud Meier, l'interprète d'Isolde.
Depuis 2010
Une fois encore, c'est en parfaite opposition qu'on choisit son successeur en 2010 : Nicolas Joël, qui depuis 1990 a fait du Capitole de Toulouse l'une des premières salles de province, joue la tradition sage, le retour à un répertoire plus classique, avec la promotion du répertoire vériste, la réalisation du premier Ring wagnérien joué à l'Opéra depuis 1957, sans convaincre vraiment.
Création mondiale de Montségur de Marcel Landowski
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Michel Plasson et Nicolas Joël, respectivement directeur musical et directeur général du Capitole de Toulouse, évoquent la création de Montségur, grand opéra historique de Marcel Landowski créé en 1985 à Toulouse. Les protagonistes du spectacle décrivent leurs rôles. Des extraits du spectacle ponctuent leurs propos.
Roberto Alagna dans Roméo et Juliette de Gounod
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Ce sujet d'actualité dévoile des images d'une mise en scène de Roméo et Juliette de Gounod par Nicolas Joël, directeur du Théâtre du Capitole de Toulouse qui coproduit le spectacle avec le Covent Garden de Londres. La focale est dirigée sur le couple central interprété par deux jeunes chanteurs : la soprano Leontina Vaduva et le ténor Roberto Alagna, qui dit quelques mots sur son rôle.
Et en 2015, c'est à Stéphane Lissner, qui avait fait du Châtelet un bastion d'opposition à l'Opéra de Paris avant de prendre les rênes du Festival d'Aix en Provence, puis de la Scala de Milan que reviendront les rênes de l'Opéra de Paris.
Stéphane Lissner prend la direction du Festival d'Aix-en-Provence
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Dans un reportage en direct d'Aix-en-Provence, en juillet 1998, Bruno Albin s'entretient avec Stéphane Lissner, nouveau directeur du Festival d'Aix. Ce dernier évoque les réformes qu'il met en œuvre dès ce premier été, notamment la création de l'Académie européenne de musique. De courts extraits de deux productions, Curlew River et Didon et Enée, ponctuent ses propos.