L'identité estonienne
Notice
Successivement envahi durant son histoire par les Danois, les Suédois, les Russes, les Soviétiques et par les Allemands, les Estoniens craignent avec l'entrée dans l'Union européenne d'être noyés dans la masse et de perdre leur identité culturelle. Rencontres à Tallinn avec Marek Tamm, historien, convaincu que l'adhésion préservera au contraire l'identité du pays et avec Arnold Ruutel, président de la République d'Estonie, à propos de l'idée de quelques intellectuels d'un changement radical d'identité.
Éclairage
L'Estonie, pays nordique ou pays balte ? Depuis la fin de la tutelle soviétique et l'apprentissage de l'indépendance en 1991, la question de l'identité est au coeur du débat national et alimente quelques vives controverses. Traditionnellement associés à leurs voisins du sud lettons et lituaniens pour former le groupe des "pays baltes", certains Estoniens revendiquent plutôt une attache avec la Finlande et la Suède, qui bordent respectivement le pays au nord et à l'est.
L'analyse linguistique tendrait à leur donner raison car l'estonien appartient comme le finnois à la famille des langues dites "fenniques" et n'est donc pas de ce point de vue une langue balte. En revanche, la géographie rapproche naturellement l'Estonie d'une "culture continentale" plus qu'"insulaire".
La question de l'identité nationale a ressurgi au moment de l'entrée de l'Estonie dans l'Union Européenne, le 1er mai 2004, et ne manquera pas de nourrir de nouvelles crispations à l'occasion de l'adoption de l'euro : l'échéance prévue au 1er janvier 2008 a été repoussée à une date indéterminée. La couronne estonienne n'a donc pas encore fini de souder l'identité de la jeune nation.