Rennes de l'an 2000

13 octobre 1967
08m 37s
Réf. 00378

Notice

Résumé :

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant dans l'évolution, la modernisation et l'expansion de Rennes. A cette date, la ville s'industrialise. Elle s'équipe d'un réseau d'assainissement, routier et ferroviaire, d'une université et de logements.

Date de diffusion :
13 octobre 1967
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

En 1967, la commune de Rennes - chef-lieu du département d'Ille-et-Vilaine et de la région Bretagne - reçoit le prix d'expansion de la ville française. L'octroi de cette récompense est l'occasion de revenir sur l'histoire de la capitale bretonne et sur les transformations récentes qu'elle a connues sur le plan économique, social, démographique et surtout architectural.

L'occupation du site de Rennes - d'abord appelé Condate comme le rappelle le reportage en raison de son emplacement géographique situé à la jonction de l'Ille et de la Vilaine, est très ancienne. Au IIe siècle après J-C, la ville est un important centre urbain de plus de quatre-vingt dix hectares. Suite aux invasions barbares, Rennes perd de son importance et diminue considérablement. Entre le IXe et le XVIe siècle, elle connaît une forte expansion. Deux nouvelles enceintes sont alors construites à la fin du XVe siècle afin d'accueillir une population de plus en plus nombreuse et d'assurer une protection plus efficace de la ville. En 1473, Rennes compte plus de 13000 habitants et s'étend sur une surface de soixante-deux hectares. Au cours des siècles suivants, l'extension de la ville se ralentit.

La capitale bretonne connaît surtout un développement important au cours du XIXe et du XXe siècle, sous l'effet combiné de la croissance démographique, de l'exode rural et de l'industrialisation. De nombreux projets d'aménagement du territoire voient le jour comme par exemple l'adoption par la commune, en 1925, d'un plan d'extension, d'aménagement et d'embellissement. Les constructions de la piscine Saint-Georges et de la halle centrale sont achevées en 1926, le premier projet rennais d'habitations à bon marché, entrepris au début des années 1920, s'achève quant à lui en 1933. Après la Seconde Guerre mondiale, la priorité est de reconstruire les habitations détruites lors des bombardements mais aussi d'aménager la ville. En 1953, l'élection d'Henri Fréville comme maire constitue une étape importante. Il entreprend une politique d'aménagement de grande ampleur qui allie assainissement et modernisation de la ville. Comme le montre ce reportage, les infrastructures de communication se multiplient (les travaux de la rocade débutent en 1968), l'habitat se densifie, une usine de traitements des eaux usées ouvre ses portes. Le campus de Beaulieu, dont la première pierre est posée en 1963, est aménagé vers 1966-1967 par l'architecte Louis Arretche. En quelques décennies, la morphologie de la capitale bretonne évolue de façon importante.

Les différentes personnes interrogées montrent l'impact de ces transformations sur le paysage mais aussi sur la façon d'appréhender et de parcourir l'espace.

Aujourd'hui les politiques d'aménagements sont orientées vers des opérations de renouvellement urbain avec pour objectif de réhabiliter des quartiers très anciens tout en incluant des problématiques de développement durable.

Jennifer Gassine

Transcription

(Musique)
Employée de mairie
Vous avez votre livret de famille, monsieur ?
Inconnu
Voilà, madame.
Employée de mairie
Votre enfant est né le 13 octobre 1967 ?
Inconnu
Exact.
Employée de mairie
Quel prénom lui donnez-vous ?
Inconnu
Delphine Claire Marie.
Journaliste
Scène d'état civil classique en somme qui se répète 500 fois par mois à la mairie. Mais le père heureux au sourire satisfait a-t-il pensé que la petite Delphine serait une jeune femme en l'an 2000, et qu'à l'époque, Rennes compterait 500 000 habitants ? Rennes s'appelait, jadis, Condate, c'est-à-dire confluent. Et au Xe siècle déjà, la position géographique conférait à la ville une suprématie régionale indiscutable. En 1544, le parlement de Bretagne s'y installe. En 1720, un terrible incendie détruit la cité prospère. Mais le sinistre porte en lui le germe de l'exemple. Sous l'impulsion de Louis XV, l'architecte Gabriel et l'ingénieur Robelin tentent et réussissent l'un des premiers remembrements de l'histoire et réalisent avant la date les premières opérations de co-propriétés.
(Musique)
Journaliste
Il faudrait bien des heures pour conter l'histoire de Rennes, s'attarder sur des pages tour à tour sombres et glorieuses pour en arriver à 39-45, aux bombardements, à l'Occupation, à la Libération, au renouveau et à l'extraordinaire animation d'une grande cité moderne en pleine expansion. Une rapide promenade dans la périphérie de la ville est une véritable découverte. Celle de gigantesques îlots de constructions neuves, de building aux lignes futuristes, de tracés d'avenue rectilignes là où, quelques mois ou semaines auparavant, l'oeil ne s'attardait que sur le paysage de la campagne d'Ille-et-Vilaine. Une poussée subite, soudaine, venue de cent côtés à la fois avec même - pourquoi ne pas le dire - le sentiment d'une certaine incohérence au regard du visiteur non averti.
(Musique)
Responsable
Ce n'est pas du tout incohérent. C'est le résultat d'un plan qui a mis plusieurs années à être élaboré et dont on ne voit pas encore toutes les conséquences. Mais il faut bien penser que la construction d'une route ou la construction des réseaux qui sont indispensables pour l'expansion d'une ville sont des travaux qui ne peuvent se réaliser qu'avec beaucoup de temps et des investissements importants. C'est la raison pour laquelle la ville a commencé par étudier le problème du ravitaillement en eau de la population et réalisé, pour ce faire, 35 millions d'équipement, et que nous avons investi environ 20 millions pour établir un réseau d'assainissement et cette usine d'épuration qui est une des plus importantes de France.
Journaliste
Capital, en effet, était le problème de l'eau et la pose de 233 kilomètres de tuyauterie. Et capital celui de l'assainissement avec ses 140 kilomètres de canalisation.
(Musique)
Journaliste
Capital celui des 38 kilomètres de rues nouvelles réalisées. Capital le problème des grandes voies de communication et des grands axes de dégagement sans lesquels nulle expansion d'une grande ville n'est possible.
(Musique)
Journaliste
Capital l'avion, les transports aériens et les aménagements qu'ils comportent, tout comme ceux des voies de chemin de fer. En un mot, toute une infrastructure indispensable, difficile à imaginer et que soupçonne à peine l'homme de la rue.
Inconnu
Maintenant, on tente de rattraper le retard, quand même. En fait, je pense que...
Journaliste
Et ce retard serait rattrapé rapidement ? Ou est-il rattrapé ?
Inconnu
Moi, je crois qu'il n'est pas rattrapé.
Inconnu 2
Je pense que depuis plusieurs années, déjà, il y a eu un certain progrès, assez net d'ailleurs.
Inconnue
Je trouve, en effet, que c'est une ville qui prend de l'importance. Moi qui suis dans le commerce, je suis quand même bien placée pour le voir. J'habite en dehors de la ville. La route que je prenais habituellement, c'étaient que des prairies il y a une dizaine d'années. Maintenant, il y a des maisons tout du long.
Inconnu 3
J'ai trouvé, depuis 1958, une grande différence en ce qui concerne surtout la périphérie de Rennes où il est créé plusieurs quartiers.
Inconnue 2
Oh oui, il y a énormément de constructions qui se font et ça marche bien, je crois, dans l'ensemble. Au point de vue commerce, c'est formidable aussi.
Inconnu 4
En proportion, je préfère Saint-Brieuc comme expansion, comme bâtiments. Rennes ne me satisfait pas tellement.
Inconnu 5
La ville de Rennes s'étend tellement qu'on est un petit peu submergé. En tous les cas, je peux dire que par rapport aux grandes villes de France comme Grenoble, je trouve que la ville de Rennes s'étend aussi bien que les autres villes.
Journaliste
90 000 habitants en 39, 180 000 à l'heure actuelle. Une population dont 35% environ a, aujourd'hui, moins de 30 ans. La tâche était lourde et rude. Les problèmes étaient nombreux. Il leur fallait des solutions. Les Rennais les ont trouvées, en ont, du moins, trouvé un certain nombre avec, bien entendu, l'efficace participation des pouvoirs publics sans lesquels rien n'était possible. Plus de 24 000 logements ont été construits. Près de 700 classes ont été ouvertes ou sont en voie de l'être. Le nombre des étudiants est passé de 7500 à près de 15 000. Les facultés étaient reconstruites ou rajeunies. L'université changeait de visage et se voyait couronnée du complexe scientifique de Rennes, Baulieu.
(Musique)
Journaliste
Parallèle indispensable : la nécessité de trouver un équilibre sur le plan du travail, d'autant plus difficile à établir que la situation géographique situe la ville au centre d'une région éminemment agricole. Pourtant, sans industrialisation, pas d'expansion possible. Choix difficile facilité pourtant par la présence de l'université et de sa prédisposition à la recherche. Et c'est ce qui devait influencer l'action des responsables vers certaines implantations industrielles dites de pointe. Après Citroën, c'était Fairchild, c'était Antar, puis le Centre Electronique d'Armement de Bruz, les zones industrielles de la route de Lorient et de Saint Grégoire.
Responsable
Tous ces travaux feront que les Rennais s'apercevront très rapidement que ce qui leur semble encore peut-être, aujourd'hui, incohérent est, en résumé, le résultat d'une étude patiente et de travaux considérables que nous réalisons systématiquement en sachant, avant de les entreprendre, où nous voulons arriver. Car notre but, c'est d'organiser une agglomération, non pas l'agglomération rennaise d'aujourd'hui mais celle de demain.
Journaliste
Il y avait, il y aura encore bien des problèmes à résoudre dans une civilisation qui est celle du travail et du bien-être qui s'ensuit mais qui sera, demain, celle des loisirs. Les espaces verts sont nécessaires en même temps que les stades ou les centres culturels. La tâche est immense. Et pour les Rennais qui ont voulu leur Rennes, il ne semble pas que le grand prix d'expansion de la ville française, cette distinction enviée qu'ils recevront demain, soit un point final.
(Musique)
Responsable 2
Et le lieu même où nous sommes et ces nombreux enfants que vous voyez vous marquent que nous sommes seulement à une étape. Ce sont ces enfants qui sont notre préoccupation, notre souci et notre espoir. Tous nos efforts, actuellement, tendent à leur assurer l'avenir, à permettre la création d'emplois et, disons, si vous voulez bien, que Rennes, le Rennes que nous concevons actuellement est, pour nous, un instrument. Nous pensons que le moment est venu de nous associer avec ceux qui les parrainent tout en étant quelque peu... Nous allons tendre la main aux autres communes et nous souhaitons que nous puissions aboutir à une agglomération fonctionnelle et nouvelle à la mesure de notre temps. Et ainsi, nous travaillerons à l'avenir de nos enfants et à l'avenir de la Bretagne tout entière.
Journaliste
Un Rennes de l'an 2000 ?
Responsable 2
Un Rennes de l'an 2000, un Rennes moderne, un Rennes travailleur et un Rennes humain à la fois.