Conférence de presse du 31 janvier 1964
Notice
Au cours d'une conférence de presse donnée à l'Elysée le 31 janvier 1964, le général de Gaulle aborde plusieurs points importants : les institutions, l'Europe, la coopération de la France avec d'autres pays du monde, et l'ouverture de relations normalisées avec la Chine.
- Colonisation et décolonisation > Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
- Politique extérieure > Construction européenne > Communauté économique européenne
- Politique extérieure > Construction européenne > Politique Agricole Commune
- Politique extérieure > Tiers Monde > Coopération
- Politique intérieure > Vie politique > Institutions > Constitution > Constitution de 1958
- Politique intérieure > Vie politique > Pouvoirs > Rôle du chef de l'Etat
- Afrique > Algérie > Alger
- Afrique > République du Congo > Brazzaville
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- Amérique du Nord > Etats-Unis
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- Asie > Birmanie
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- URSS
Éclairage
Le 31 janvier 1964, le général de Gaulle tient sa dixième conférence de presse depuis qu'il est à la tête de la Cinquième République. C'est un exercice dont il a l'habitude : sorte de bilan prévisionnel effectué deux fois l'an, destiné à exposer les positions officielles de la France sur les grandes questions de l'heure, il s'agit aussi de s'adresser au peuple directement, sans intermédiaire, pour lui expliquer ce qui a été fait, et ce qui doit être encore accompli.
Quatre thèmes sont abordés dans cette conférence de presse, et c'est tout d'abord sur les institutions françaises que le président de la République est interrogé. Il y répond en développant amplement sa conception de la Constitution et du fonctionnement de l'État, ainsi que la perception qu'il a de son propre rôle, c'est-à-dire le " garant du destin de la France et de celui de la République ". En effet, depuis 1959, le général de Gaulle jouit d'un prestige considérable et d'une autorité peu discutée (il a fait plébisciter sa Constitution, conclu la paix en Algérie, échappé aux attentats, mis à mal les partis politiques et fait accepter quatre référendums aux Français : le nouveau régime a prouvé sa stabilité face aux turbulences).
Abordant le thème de l'Amérique latine, il souligne la nécessité de la coopération de la France avec les pays en voie de développement. En effet, en 1964, le général de Gaulle visitera un à un les États du Mexique, du Venezuela, de la Colombie, de l'Équateur, du Pérou, de la Bolivie, du Chili, de l'Argentine, du Paraguay, de l'Uruguay et enfin, du Brésil. Pour lui, il s'agit avant tout de créer des contacts avec cette autre Amérique, de lui prodiguer les mêmes encouragements d'indépendance qu'aux satellites de l'URSS, et d'inscrire ainsi la politique de la France comme une troisième alternative possible face au monde bipolaire.
Sur l'Europe, le Général évoque les perspectives du Marché commun : en effet, le 23 décembre 1963 - après des discussions extrêmement tendues entre les Six - les premiers règlements agricoles étaient adoptés. Il énonce également le danger d'une Europe dominée par les Etats-Unis, et refuse par conséquent l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun (le " cheval de Troie " des Américains en Europe selon lui). Il rappelle également la réconciliation franco-allemande - garantie de la paix - consacrée un an plus tôt par la signature du Traité de l'Élysée.
Enfin, et surtout, le général de Gaulle commente la décision prise trois jours plus tôt de reconnaître la Chine populaire, ce que les Etats-Unis refusent catégoriquement de faire. Le rétablissement des relations avec cette République populaire communiste marque le retour de la diplomatie française en Asie, tournant ainsi définitivement la page de la colonisation, et les souvenirs de la guerre d'Indochine. D'ailleurs, de Gaulle plaide en faveur de la neutralisation du Sud-Est asiatique, où l'affrontement entre le Viêt Nam du Nord (soutenu par les Vietcong) et le Sud-Vietnam (militairement appuyée par les Etats-Unis) mène irrémédiablement à la guerre.