Date de la vidéo: 07 déc. 1971
Durée de la vidéo: 04M 49S
Date de la vidéo: 07 déc. 1971
Durée de la vidéo: 04M 49S
Date de la vidéo: 07 nov. 2008
Durée de la vidéo: 02M 59S
Date de la vidéo: 14 févr. 2018
Durée de la vidéo: 05M 14S
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L'histoire de la gare de Metz est très liée à l'histoire de la région et à son contexte économique et politique. De l’idée de Siméon Worms en 1831 de créer un chemin de fer pour ramener le charbon de Sarrebruck en Lorraine à 1981, date du reportage, l’on explore les moments clefs de cette gare, élue deux fois de suite en 2017 et 2018 « Plus belle gare de France ».
08 déc. 2021
24 juil. 1981
L’actuelle gare de Metz-Ville, inaugurée le 17 août 1908, émane de la volonté de l’empereur allemand Guillaume II durant l'annexion. L’Alsace et la Moselle avaient été perdues par la France lors du Traité de Francfort, suite à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. La gare doit avoir un rôle à la fois utilitaire et de propagande, mais sa fonction première est militaire. Guillaume II pense à l’éventualité d’une guerre avec la France dont l’esprit de revanche est fort. Elle désire en effet récupérer ses territoires alsaciens et mosellans. L’Allemagne devrait alors pouvoir acheminer ses troupes sur la frontière occidentale en un minimum de temps. Les nouvelles installations doivent permettre de déplacer 25 000 hommes, 75 000 chevaux et canons en 24 heures, et le chargement et le déchargement rapide de toute la logistique de l’armée. Ainsi, toutes les techniques les plus modernes du début de XXe siècle sont utilisées, telles que l’électricité, le chauffage central, ou la ventilation. Les fondations renforcées permettent la mise en place de quais larges et longs, avec des voies nombreuses.
La gare est un immense édifice, qui s'étend sur plus de trois cents mètres et se découpe en plusieurs parties. Tout à gauche, se situe le château d’eau, une tour isolée d’une hauteur de 38,85 mètres, de style néo-roman rhénan, qui se dresse à proximité de la gare. Avec une contenance de 300 m3, il servait à l'approvisionnement en eau des locomotives à vapeur de la gare. Mais cette tour était aussi une tour d'octroi et un établissement de bains pour les employés. Au centre, l’on trouve le bâtiment de départ des voyageurs, le plus en avant, dont le plan et la tour haute de 42 m rappellent une nef d'église. Il dispose d’une horloge évoquant puissance, rapidité, et ponctualité. Elle est le symbole des gares de la fin du XIXe siècle. Mais elle est relativement massive et possède un chemin de ronde, faisant alors penser aux tours médiévales. Les décors extérieurs, et notamment les nombreuses sculptures, évoquent le Saint Empire romain germanique, mais également Charlemagne et les peuples germains. Leur but est avant tout d'inscrire l'empire de Guillaume II dans la continuité de cette histoire. Sur les côtés du hall des départs se trouvent deux allégories de l'Alsace et de la Lorraine, rappelant leur récente réunion au IIe Reich.
A la droite du départ des voyageurs se trouvent des couloirs et des buffets, le reliant au hall des arrivées. Cette deuxième structure, qui se détache vers l’arrière, ressemble à un palais, avec son balcon, son salon d'honneur et sa galerie ajourée ornée de colonnes. L’on y retrouve diverses allégories sculptées, comme celle de la Force armée et de la Force pacifique de l’Empire allemand. Elles sont représentées respectivement par un homme armé et par une femme tissant de la laine, adossées au blason de la ville. A l’intérieur de la gare, le hall des départs est couvert d'une immense voûte en berceau décorée. Les murs sont pourvus d'arcades et de baies. Le plan de ce hall suit un objectif fonctionnel avec une grande travée centrale regroupant tous les services proposés comme des salles d'attente, différenciées selon les classes des voyageurs.
La gare dispose également d’un salon impérial. Il s’agit d’une vaste salle, éclairée par de larges baies. Au fond, un vitrail représente Charlemagne assis en majesté. Le vitrail qui lui fait face comportait à l'origine l'aigle impériale. La salle possède un plafond de bois en bateau renversé ainsi qu'une cheminée de style médiéval. Une petite antichambre jouxte le salon, dans une ambiance plus intimiste. Son balcon donne sur la place du général de Gaulle et permet une vue sur ce que l’on appelle « le triangle impérial », un espace délimité entre le château d’eau de la gare, l’église Sainte-Thérèse et la porte Serpenoise.
Ce reportage est issu d’un journal télévisé diffusé en 1981, pour les 150 ans de l’existence d’une gare de Metz. Le journaliste annonce d’entrée que pour les nouveaux visiteurs, Metz est « une ville germanique ». Il cite Maurice Barrès qui, dans son roman Colette Baudoche paru en 1909, en disait que : « La gare neuve où l'on débarque affiche la ferme volonté de créer un style de l'empire, le style "kolossâl" comme ils disent en s'attardant sur la dernière syllabe. Elle nous étonne par son style roman et par un clocher, qu'a dessiné, dit-on, Guillaume Il, mais rien ne s'élance, tout est retenu, accroupi, tassé sous un couvercle d'un prodigieux vert épinard. On y salue une ambition digne d'une cathédrale, et ce n'est qu'une tourte, un immense pâté de viande. » Élu député de Nancy en 1889, Barrès a vécu l’Affaire Dreyfus comme une menace de désintégration de la communauté nationale. Sa pensée orientée vers un nationalisme traditionaliste, il est devenu le grand écrivain de la revanche contre l'Allemagne victorieuse en 1871. C’est à des fins de « service national » qu’il a rédigé les trois volumes des Bastions de l'Est, et notamment Colette Baudoche.
S’ensuit une entrevue avec André Schontz, ancien cheminot et historien de la région de Metz. Il évoque l'idée en 1831 d’un chemin de fer pour amener le charbon de Sarrebruck en Lorraine où la sidérurgie commençait à utiliser le coke dans ses hauts fourneaux. Ce projet a été repris et amélioré par les ingénieurs des ponts et chaussées. La nouvelle gare de Metz a pour origine principale la volonté de Guillaume II d’imposer son pouvoir à des Mosellans hostiles à la germanisation. En parallèle, des images de la gare défilent : des wagons de marchandises, sans doute du charbon, une vue sur le hall des départs et sa tour d’horloge. Des plans rapprochés sont effectués sur les ornements de la porte fenêtre et du balcon du salon impérial comme le blason de la Lorraine qui remplace l’ancien aigle impérial. La caméra filme également le grand vitrail du salon d’honneur représentant Charlemagne en majesté sur son trône d’Aix-la-Chapelle. Ce fort symbole politique permettait au Kaiser de légitimer son pouvoir sur les Mosellans, leur rappelant leur histoire commune avec les Allemands au Moyen Âge. En effet, Charlemagne était descendant d’Arnould, évêque de Metz. C’est dans cette ville qu’il a enterré Hildegarde, l’une de ses épouses.
En 1908, la gare de Metz n’était pas tout à fait ce qu’elle est aujourd'hui puisqu'en 1918 les Messins ont eu à cœur d'enlever quelques images qui représentaient des symboles germaniques. Ce fut, le cas, par exemple, des aigles impériaux transformés en écussons lorrains ou messins. Pour finir, le journaliste demande à André Schontz son avis quant au futur de la gare pour faire un parallèle entre 1831 et 1981. Ce dernier répond en listant les changements. En 1831 : on pensait « chemin de fer » ; en 1851 : pour aller de Metz à Paris, il fallait partir très tôt pour arriver très tard ; un peu plus tard, il suffisait d’une demie-journée pour le même trajet. Et maintenant (donc en 1981), avec les trains corail moins de 3h suffisent. Il met ainsi en avant les avancées effectuées depuis l’installation de la gare et notamment les progrès liés aux transports. Depuis, de nombreux travaux ont été effectués afin de faire basculer la gare dans le XXIè siècle avec une restauration globale accompagnée de l'ouverture de deux nouveaux quais, mais également, la modernisation des voies. Il ne faut pas oublier la mise en place de la ligne à grande vitesse Est-Européenne ou bien l’ouverture d’un deuxième accès piétonnier au sud.
En 2018, la gare de Metz a remporté pour la deuxième année consécutive le titre de plus belle gare de France du concours « Gares et Connexions », une branche de la SNCF chargée de gérer et développer les gares voyageurs du réseau ferré national français. Elle est dans l’attente d’un éventuel classement UNESCO avec le projet « Metz royale et impériale ».